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Palais Fesch : << Des forêts , des esprits et des hommes >> Bae Bien-U en Corse, quand la Méditerranéen répond à la Corée

Une rencontre au sommet entre deux terres de montagnes et de mer

« Des forêts, des esprits et des hommes »,
Bae Bien-U en Corse, quand la Méditerranée répond à la Corée
Palais Fesch-Musée des Beaux-Arts, Ajaccio, du 11 juillet 2025 au 1er février 2026



Une rencontre au sommet entre deux terres de montagnes et de mer


Il est rare qu’un artiste venu de si loin trouve dans une île méditerranéenne un écho si profond à sa propre terre natale. Pourtant, c’est bien ce qui se produit lorsque Bae Bien-U, maître incontesté de la photographie coréenne, pose son regard sur la Corse. Cette rencontre, au croisement de deux mondes séparés par des milliers de kilomètres, prend aujourd’hui la forme d’une exposition magistrale au Palais Fesch-musée des Beaux-Arts d’Ajaccio, intitulée « Des forêts, des esprits et des hommes ».
Du 11 juillet 2025 au 1er février 2026, le visiteur est invité à pénétrer dans un univers où les pins se dressent comme des sentinelles, les troncs s’inclinent sous le vent comme des corps en marche, et la mer se déploie tantôt opaque et lourde, tantôt éclatante et abyssale. Une expérience visuelle immersive, où la nature devient un miroir de l’humain, et où l’horizon corse dialogue avec les forêts sacrées de Corée.
L’exposition déploie plusieurs axes : Les forêts mystérieuses, dominées par les pins, où le noir et blanc renforce l’impression d’irréalité. Grain de mer, où les surfaces liquides rappellent la peau, les cheveux, ou des draps froissés, dans un jeu sensuel et onirique. Ambigu animal, où les troncs deviennent tentacules ou coraux, et où le ciel s’efface au profit d’une profondeur sous-marine imaginaire.
Dans toutes ces approches, la nature devient un langage, par lequel l’artiste projette des résonances spirituelles, parfois animales.

Bae Bien-U, le photographe qui parle aux arbres


Né en 1950 à Yeosu, au sud-ouest de la péninsule coréenne, en pleine guerre qui scellera la division du pays, Bae Bien-U grandit dans la région du grand Jolla. Sa ville natale, presqu’île montagneuse entourée de plus de 300 îles, baigne dans une nature d’une densité rare. D’abord formé à la peinture traditionnelle à l’encre, discipline où le geste se mêle à la méditation, il choisit contre toute attente la photographie, à contre-courant de ses pairs.
Après des études à l’Université Hong-ik de Séoul, il complète sa formation en Allemagne, à l’Université de Bielefeld, et dès 1981, il enseigne la photographie à l’Institut des Arts de Séoul, transmettant son approche à plusieurs générations d’étudiants.
Si la photographie coréenne contemporaine s’est souvent orientée vers l’urbain et le social, Bae Bien-U, lui, choisit la nature comme terrain exclusif. Une nature sans présence humaine ni animale, mais profondément anthropomorphe. Les pins deviennent des corps, les herbes des chevelures, les eaux des épidermes. Ce jeu de correspondances est sa signature.

Le sonamu, âme du peuple coréen


Pour comprendre Bae Bien-U, il faut connaître le sonamu, ou pin rouge coréen, arbre suprême dans la symbolique du pays. Présent dans les palais royaux, les jardins lettrés, les temples bouddhiques et même les sanctuaires chamaniques, le sonamu est à la fois symbole de longévité, de persévérance, de fidélité et de constance. Sa silhouette tourmentée et son écorce rugueuse, dite « en écaille de tortue », évoquent les sages d’autrefois.
Cette figure végétale, profondément ancrée dans l’imaginaire coréen, trouve un écho inattendu dans le paysage corse, où le pin maritime, tout aussi endurant, partage le territoire avec un autre arbre totem, l’olivier.
Bae Bien-U voit dans ce duo méditerranéen une rencontre symbolique entre deux cultures, comme deux amis lettrés qui se seraient donné rendez-vous.

La Corse comme révélation


Invité par le Centre méditerranéen de la photographie de Bastia, puis par le musée Fesch à Ajaccio, Bae Bien-U effectue plusieurs résidences sur l’île, d’abord en Haute-Corse, puis dans le pays ajaccien.
Très vite, il y retrouve des sensations de sa Corée natale, comme les montagnes boisées, les pins mêlés aux feuillus, les horizons maritimes, et le granit omniprésent.
À travers ses photographies, la Corse apparaît comme une terre de lumière écrasante, de végétation tenace, de roches découpées, dans une atmosphère sombre et dense, comme si elle imposait sa présence dans un miroir d’argent impénétrable.

Un regard hérité de la peinture à l’encre


Bae Bien-U travaille exclusivement en argentique, développe lui-même ses tirages, et limite au maximum la retouche numérique. Cette rigueur technique, combinée à une esthétique héritée de la peinture asiatique à l’encre, confère à ses images une matérialité rare.
Ses formats panoramiques monumentaux invitent littéralement le spectateur à entrer dans l’image. Les troncs sombres forment un peuple en marche, serré ou dispersé dans la brume, tandis que l’absence de perspective traditionnelle enferme le regard dans un espace clos et mystérieux.

Une résonance avec les collections du Palais Fesch


Le musée ajaccien a choisi de mettre en dialogue les photographies de Bae Bien-U avec des œuvres de sa collection représentant la nature insulaire. Les salles des « peintres corses » ont été repensées pour l’occasion, et une salle d’art graphique présentera, de manière tournante, des pièces rarement montrées de ce fonds fragile et méconnu des collections de la ville.
La Nature est un objet d’imaginaire littéraire et artistique puissant tant en Corée qu’en Corse, elle est omniprésente, tout au long de l’exposition.
Bae Bien-U, est aujourd’hui considéré comme le plus grand photographe coréen.
Artiste mondialement reconnu, il a parcouru tous les continents et a été invité à de prestigieuses résidences, de Chambord à l’Alhambra de Grenade. Il a été couronné par plusieurs distinctions et prix éminents.
L’artiste est exposé dans les plus grands musées internationaux, comme le Victoria and Albert Museum de Londres, ou le National Museum of Modern Art de Tokyo.
Pour autant, son travail reste profondément lié à une quête de l’intime, celle de témoigner de la coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature, héritée de la culture chamanique coréenne où chaque montagne, chaque rivière est habitée d’esprits, et qui trouve, en Corse, un écho bien particulier.
Un film sur la résidence de Bae Bien-U en Corse est en cours de réalisation, et une sélection d’extraits est présentée pendant l’exposition.

INFORMATIONS PRATIQUES
Exposition : « Des forêts, des esprits et des hommes, photographies de Bae Bien-U en Corse »
Palais Fesch-Musée des Beaux-Arts, 50-52 rue Cardinal Fesch, 20 000, Ajaccio
Du 11 juillet 2025 au 1er février 2026.
Horaires : Du 1er novembre au 30 avril, tous les jours de 9 h à 17 h, et du 1er mai au 31 octobre, tous les jours de 9 h 15 à 18 h
Tarifs : Plein tarif 9 €/Tarif réduit et groupes 6 €/Carte de fidélité annuelle 30 €
Billetterie : sur place ou en ligne (visites sans réservation préalable)
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