L'île en marche douce
La question des mobilités du quotidien occupe une place croissante dans le débat social.
L’Île en marche douce
La question des mobilités du quotidien occupe une place croissante dans le débat social. La marche et le vélo gagnent du terrain dans les déplacements du quotidien. Ce mouvement, porté par la transition écologique et les tensions sur le pouvoir d’achat, se traduit par un essor des voies vertes, pistes cyclables et cheminements piétons. Entre ambition politique, contraintes géographiques et attentes sociales, la mobilité douce redessine progressivement les usages de la route.
Vers les mobilités actives
Depuis 2020, un schéma régional vélo structure la politique cyclable autour de trois axes majeurs : la GT20, l’itinéraire Spassi Verde et le réseau Intense, pour un linéaire théorique d’environ 1 344 km de véloroutes. Un peu moins de la moitié de ce réseau est aujourd’hui réalisée, ce qui laisse une importante marge de progression. La Collectivité de Corse mobilise en parallèle le fonds national « mobilités actives — aménagements cyclables » afin de cofinancer, avec les intercommunalités et les communes, des infrastructures dédiées aux cyclistes et piétons. Plus de 5 millions d’euros sont annoncés sur la période récente pour soutenir ces projets, avec une priorité donnée aux zones urbaines et périurbaines. Autour d’Ajaccio, plusieurs tronçons forment déjà près de 16 km d’itinéraires doux : voie verte des Sanguinaires, piste de l’Amirauté, aménagements de Saint‑Joseph et d’Aspretto, liaison Ricanto–Bastelicaccia. Un nouveau projet prévoit un axe cyclopiéton entre Bastelicaccia et Porticcio, avec passerelle sur le Prunelli et voie verte le long de l’ancienne RD 55. Dans le bassin bastiais, le programme Spassimare vise à créer un continuum piéton‑vélo en front de mer, prolongé par un réseau cyclable d’environ 100 km entre Bastia et Vescovato via la Marana. Ces chantiers s’inscrivent dans des contrats de transition écologique et doivent servir de colonne vertébrale aux déplacements du quotidien.
Territoires engagés
La communauté d’agglomération du pays ajaccien affiche un objectif d’environ 130 km d’aménagements cyclables à l’horizon 2030, en lien avec un plan global de mobilité combinant navettes, transport guidé et rabattement à vélo. À l’échelle régionale, près de 624 km de véloroutes sont déjà identifiés, mais seuls 16 km environ correspondent à de véritables voies vertes en site propre, séparées du trafic motorisé. Le bilan 2023 de la mobilité mentionne par ailleurs 67 km d’infrastructures dédiées aux déplacements non motorisés, dont 49 km d’aménagements séparés (pistes, voies vertes, itinéraires mixtes). Cette progression reste régulière, mais lente, avec des ajouts souvent inférieurs à 1 km par an hors années exceptionnelles. Sur une île d’un peu plus de 330 000 habitants, qui accueille plus de 2 millions de touristes chaque année, le développement des pistes cyclables et des voies vertes est identifié comme un levier pour diversifier l’offre touristique et sécuriser les trajets du quotidien. Les itinéraires littoraux, les accès aux plages et aux centres urbains sont particulièrement concernés, dans un contexte de congestion routière estivale. Mais les obstacles restent nombreux : forte dépendance à la voiture, relief marqué, urbanisation linéaire le long du littoral et discontinuités du réseau limitent les reports massifs vers la marche et le vélo. Les enquêtes sur les habitudes de déplacement montrent d’ailleurs une prédominance persistante de l’automobile dans les trajets domicile‑travail.
Accélération des modes actifs
Les prochains enjeux portent sur la sécurisation des grands axes, la connexion des villages aux pôles urbains et la continuité des itinéraires littoraux. L’articulation avec les transports publics — parkings relais, covoiturage, intermodalité vélo‑bus ou train — apparaît comme une condition pour élargir l’usage des modes actifs. Au‑delà des infrastructures (voies vertes, passerelles, bandes cyclables), le développement de la mobilité douce repose aussi sur les services et les comportements : stationnement vélo, sensibilisation, régulation du partage de la voirie et accompagnement des publics fragiles. Dans un contexte de transition écologique et de pression sur le réseau routier, ces choix pèseront sur la qualité de vie urbaine et l’attractivité touristique de l’île dans les prochaines années. L’essor des mobilités douces se confirme comme un enjeu structurant, nécessitant coordination locale et investissements durables.
Maria Mariana
Crédits photographiques
• 11,501_2025-12-05_véloroute_MAP BOX-OPeN STREET map.png: © Open Street Map ©Street Box
• 11501_2025-12-05_pikisuperstar_Car Free Day Background: © pikisuperstar
• 11,501_2025-12-05_Mobilité active_AUE CORSICA_50052056-38740865.jpg: aue corsica
• 11501_2025-12-05_FUB Baromètre Vélo 2025.jpg: © FUB