• Le doyen de la presse Européenne

Dossier Déchets : en finir avec le dogmatisme ?

Quand il me vient la pensée que les déchets enfouis dans ma terre le seront pour des siècles ou que des déchets seront transportée à prix d’or en Sardaigne ou ailleurs, j’ai envie de crier ma préférence qu’ils servent à chauffer certains quartiers ...
Dossier Déchets : en finir avec le dogmatisme

Quand il me vient la pensée que les déchets enfouis dans ma terre le seront pour des siècles ou que des déchets seront transportée à prix d’or en Sardaigne ou ailleurs, j’ai envie de crier ma préférence qu’ils servent à chauffer certains quartiers de Bastia ou Aiacciu.

L’Assemblée de Corse devait dernièrement examiner le projet de Plan territorial de prévention et de gestion des déchets et de l’économie circulaire.
Ce texte étant appelé à être opposable à toutes et tous durant douze ans, le porter à l’ordre du jour et en débattre étaient bien entendu d’une importance majeure. De plus, les épisodes de la crise des déchets ayant gravement porté préjudice à l’image de notre île et leur traitement affectant significativement notre niveau de vie (taxe d'enlèvement des ordures ménagères étant chez nous en moyenne de 184€ / habitant, soit 56% supérieure à la moyenne nationale), il apparaissait que ce débat venait fort à propos. Rien ne semblait donc s’opposer à ce qu’il ait lieu.

A la surprise générale, les groupes politiques de la majorité nationaliste (Femu a Corsica, Corsica Libera, Partitu di a Nazione Corsa) ont sollicité et obtenu qu’il soit reporté à la session de janvier prochain. A la suite de ce report, contrairement aux élus des groupe d’opposition, je ne crois pas opportun de stigmatiser une impréparation de la majorité nationaliste concernant la gestion du dossier Déchets. Je ne fais pas non plus mienne l’hypothèse qu’elle soit en manque d'orientations stratégiques et de compréhension des enjeux.
Enfin, je ne pense pas qu’elle ignore que, dans quelques mois, il n'y aura plus d'exutoire pour traiter les déchets.

En revanche, tout comme la CGT, j’estime qu’il est urgent que le traitement du dossier Déchets par l’Assemblée de Corse soit opéré « sans dogmatisme ni pressions» et soutiens le pragmatisme de François Sargentini, président de l’Office de l’Environnement, qui a osé rompre un tabou en évoquant la valorisation thermique.

Envie de m’insurger

Les trois groupes nationalistes ont par ailleurs annoncé qu’en janvier prochain, ils porteraient au débat des amendements réaffirmant les principes politiques suivants : refus de l’incinération, maîtrise publique de la gestion des infrastructures stratégiques, politique volontariste de tri à la source. L’énoncé de ces principes a mieux fait comprendre qu’un long discours ce qui avait conduit ces groupes à demander un report.
Il semble bien que le groupe de pression vert, très actif et influent chez nous, ait agi de toutes ses forces pour inciter à recadrer un Conseil exécutif qui avait la tentation de passer du dogmatisme au pragmatisme. J’en reste assise et suis dépitée que ce groupe de pression soit écouté et entendu quand il exige que la valorisation thermique soit écartée du débat ou quand certains de ses partisans dénoncent un « revirement - doit-on dire un reniement ? - incompréhensible et dangereux » du Conseil exécutif.

Au risque de choquer une partie de mon lectorat, j’affirme que la piste de la valorisation thermique doit au moins être examinée. Je crois en effet, toute comme la CGT, que « refuser les incinérateurs et dans le même temps exporter nos déchets vers ceux situés en Sardaigne avec des trajets en camion de 300 kilomètres et retour à vide» et ce « sans parler du coût du transport par bateau », fera très mal au budget des moins favorisés d’entre nous. Je pense également que, par dogmatisme, certains écologistes ne tiennent pas compte que les centres de stockage de Viggianellu et Prunelli di Fium’Orbu arrivent en fin de vie et qu’aucune solution validée n'existe encore pour les remplacer.

Quand il me vient la pensée que les déchets enfouis dans ma terre le seront pour des siècles ou que des déchets seront transportée à prix d’or en Sardaigne ou ailleurs, j’ai envie de m’insurger et crier ma préférence qu’ils servent à chauffer certains quartiers de Bastia ou Aiacciu à partir de la création d’une unité de valorisation énergétique (UVE).



Alexandra Sereni
Partager :