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Festival les "Nuits Med"

Courts métrages et insularité !
Festival les « Nuits Med » Courts-métrages et insularité !

La 14 è édition des courts-métrages les « Nuits Med » débutée avril avec les écoliers de Furiani doit s’achever en automne à Ajaccio et Paris.
Des prémices du printemps aux premiers frimas, le festival va encore jeter l’ancre à Bastia, Porto Vecchio, Biguglia.
Les films primés seront accueillis en final au cinéma parisien « Grand Action ». Le « Max Linder » doit également être une autre escale de la manifestation corse dans la capitale.



Mots phare des « Nuits Med » : coopération ;
Méditerranée ; projections publiques ; itinérance ; Corse. Devise : résister-exister.

« Cette édition en temps de pandémie c’est du sport de haut niveau », remarque son organisateur, Alix Ferraris. Du sport et de l’art en matière d’équilibrisme, pourrait-on ajouter tant pèse la crise sanitaire et ses inconnues. Originalité : les « Nuits Med » est la seule manifestation dédiée au 7 è art à afficher haut et fort à son programme et à ses objectifs la création insulaire et méditerranéenne ainsi que l’accompagnement des talents émergents.

Si la première partie
des « Nuits Med » est consacrée aux enfants de deux écoles de Furiani, bien équipés en tablettes pour suivre individuellement la diffusion de films d’animation, qu’ils auront à récompenser, la seconde partie sera, elle, en présentiel. Autrement dit elle aura lieu dans les salles ou den plein air. Sur ce point Alix Ferraris a déjà fait l’acquisition d’un projecteur spécial et a demandé les autorisations indispensables auprès des communes et autres collectivités, aux exploitants, aux associations concernées.
En effet le bonheur d’être ensemble, réunis devant un grand écran – plutôt qu’affalé seul sur un canapé à regarder une petite lucarne – mérite de redoubler d’efforts quoi qu’il en coûte en patience et en énergie. Banale, il y a peu, la séance de cinoche prend maintenant les allures d’un rêve… à retrouver au plus vite.

En lice pour cette 14 è édition, une quarantaine de courts-métrages tournés en Corse et en Méditerranée. Concevoir l’organisation d’une telle manifestation, en des endroits différents, a exigé du directeur une adaptabilité pour surmonter quelques véritables quadratures du cercle. Exemple : le gouvernement donne son aval à des représentations théâtrales et à des projections de films exclusivement réservées aux professionnels, alors que les collectivités ne dispensent de subventions que s’il y a des spectateurs lambdas pour assister aux spectacles. Equation ardue à résoudre !... Il n’y a plus qu’à se rappeler qu’avec le Covid on vit sous le règne d’Ubu. Tant que dure le confinement le festival va se replier ou en classe, ou à l’air libre, enfin où il pourra… Reste à se convaincre que demain est un autre jour et que l’heure de la toile magique reviendra.

Point trop inquiet Alix Ferraris sur l’avenir à terme des salles de cinéma car les exploitants ont été soutenus par la puissance publique. Mais que va-t-il advenir des distributeurs qui ploient sous le nombre de films qui n’ont pu être vus par les spectateurs ? Les exploitants vont-ils toujours recourir à eux pour bâtir leur programmation ou se rabattre sur les nouvelles possibilités qu’offrent le numérique ?

Malgré les aléas et les souffrances provoqués par la pandémie le festival corse de courts-métrages joue la carte de l’espoir à l’avers et du dynamisme au revers.



                       « Je tiens à souligner que les « Nuits Med » ne sont absolument pas en concurrence avec les autres festivals dédiés ici au 7 è art… »
Alix Ferraris



Pourquoi avoir choisi le thème de l’insularité pour cette 14 è édition ?

Être insulaire c’est une façon d’être ensemble. Pour moi, l’insularité me fait immédiatement penser à uni, à unificateur. Notre fait insulaire repose sur des valeurs, sur le respect – et égos remisés au vestiaire – sur le désir de partager malgré les difficultés. Je tiens à souligner que les Nuits Med » ne sont absolument pas en concurrence avec les autres festivals dédiés au 7 è art, car nous avons chacun nos spécificités.


Vous avez créé une association, la COOPMED. Comment est-elle née ? Qui la constitue ?

J’ai eu cette idée au cours d’un déplacement au marché du film d’Olbia en Sardaigne où, avec les organisateurs sardes nous avons signé un accord pour coproduire des courts-métrages. Le projet s’est précisé lors de rencontres cinématographiques à Béjaïa en Algérie, à Tétouan et Tanger au Maroc, et dans la région de Molice en Italie. Il a pris corps à Furiani où tous les intéressés se sont réunis à Furiani, il y a deux ans. Le but de la COOPMED est de développer et d’accompagner la création de courts-métrages en Méditerranée, grâce à des résidences de scénaristes et de réalisateurs tout en faisant de la Corse une sorte de « hub » cinématographique.


Concrètement comment se déroule la section « Talents en court ». Quel est son objectif ?

C’est un dispositif à l’intention des porteurs de projets de courts-métrages qui n’ont pas suivi un cursus classique. On les accompagne dans le processus d’élaboration de leur film. On leur donne des connexions dans le métier. « Talents en court » existe depuis une dizaine d’années en collaboration avec la CDC et le CNC (Centre national du cinéma). Ce dispositif a été, par exemple, profitable à Alexandre Oppecini, Valécien Bonnot-Gallucci, Julie Perréard. Il établit également des liens avec le GREC (Groupe de recherches et d’essais) de la cinémathèque de Porto Vecchio, qui œuvre à la réalisation de premiers courts-métrages.


Avec « Med in Scenario » vous proposez des résidences d’écriture de scenarii. Cette section a-t-elle vu éclore de nouveaux talents ?

Cette année, Sofia Alaoui a reçu un César pour son court, « Qu’importe si les bêtes meurent ». On a vu aussi émerger le talent de Francesco Artili.


Votre manifestation attache de plus en plus d’intérêt à Porto Vecchio. Parce que c’est un lieu rare ?

Siège de la cinémathèque corse la ville est un bel endroit pour un festival tel que le nôtre. C’est là qu’on organise « Talents en Court », « Med in Scénario » et notre compétition méditerranéenne. Et puis, hors saison, Porto Vecchio a conservé un côté village convivial.


Accorder une place privilégiée aux enfants ainsi que vous le faites. Une évidence pour vous ?

Dans notre « Convention pluriannuelle d’objectifs et de moyens du cinéma sur le territoire corse » passée avec la CDC, il y a un axe jeune public. Or, à Furiani, là où le festival a démarré, nous avons deux écoles très dynamiques, U Principellu et U Rustincu. Dans ces établissements, au sein des CP, Florence Franceschi des « Nuits Med » intervient chaque mois et organise une compétition de courts-métrages d’animation dont les prix sont décernés par les élèves. Florence, au long de l’année scolaire, apprend également aux petits comment organiser une séance de cinéma.


De quelle manière alliez-vous littérature et cinéma ?

Nous montons une section, «De écrit à l’écran et de l’écran à l’écrit ». Cette initiative est partie d’une rencontre entre Jérôme Ferrari et Frédéric Farrucci, occasion d’une lecture d’un texte de l’écrivain par Christian Ruspini avant un projection d’une réalisation du cinéaste. Maintenant nous inversons ce processus.


Nouveauté 2021 vous mettez l’accent sur les séries faites pour les plateformes de diffusion. Pourquoi ?

C’est une piste qu’on veut explorer car elle est prometteuse. Grâce à des résidences itinérantes autour du bassin méditerranéen nous voulons promouvoir l’écriture de scenrii de séries. Cette année nous proposons à cet effet un focus sur Ange Basterga, acteur-réalisateur-auteur de la série, « Caïd », sur Netflix, qui a un vif succès.


Le Covid a touché de plein fouet les manifestations culturelles. Quelles solutions pour durer malgré tout ?

On va tenir, à Porto Vecchio, le 31 mai, une rencontre sur « Les festivals en temps de pandémie ». Des responsables de manifestations de cinéma vont venir débattre du sujet et sur les alternatives à inventer au cas où…


Les exploitants de salles ont également souffert des conséquences du Covid. Le festival va-t-il faire entendre leurs voix ?

Michel Simongiovanni, fondateur de « L’Ellipse » à Ajaccio, a créé l’ASSECC (association des exploitants corses de cinéma. Elle doit réunir ses membres pour échanger sur les problématiques de leur filière. En hommage à René Viale cette réunion aura pour cadre « Le Studio ».

Propos recueillis par M.A-P




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