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Le bio garde la cote

La pandémie a aussi bouleversé notre rapport à l’alimentation. Nous voulons du bon, et tant que faire se peut, du bio.
Le bio garde la cote


La pandémie a aussi bouleversé notre rapport à l’alimentation. Nous voulons du bon, et tant que faire se peut, du bio. Une ambition domestique qui va dans le sens de la politique européenne. Pour une fois, tout le monde est sur la même longueur d’onde. Reste à ce que les agriculteurs et les réseaux de distribution puissent satisfaire la demande.


Nouveau règlement bio

Le nouveau règlement européen sur l’agriculture biologique est reporté d’un an, il entrera en vigueur le 1er janvier 2022. La faute au coronavirus qui a contrarié les travaux préparatoires du droit dérivé de tous les États membres. Il faut dire que l’Europe, dans sa stratégie « de la ferme à la fourchette », ambitionne d'atteindre 25 % de terres cultivées en bio d'ici 2030 contre 8 % aujourd'hui. Les nouvelles règles européennes s’appliqueront à toutes la chaine du bio, des producteurs aux distributeurs, en passant par les transformeurs.

L’objectif est d’assurer plus de traçabilité et de qualité. La Commission européenne entend stimuler la demande et l’offre et renforcer la durabilité de l’agriculture biologique. Elle veillera à ce que les Programmes stratégiques nationaux s’inscrivent dans cette trajectoire, en réservant à l’AB entre 10 % et 15 % du budget de la PAC (politique agricole commune), via les écorégimes. Pour pousser à la conversion, la Commission veut stimuler la demande des consommateurs, en communicant sur les avantages environnementaux, économiques et sociaux de l'agriculture biologique.


Des courses à l’assiette

Selon le 18e baromètre de la consommation et de perception des produits biologiques en France réalisé par Spirit Insight pour l’Agence bio, la popularité du bio n’a pas faibli malgré la crise sanitaire, bien au contraire. L’appétence pour le « manger sain » en plein essor depuis 2019 semble s’installer durablement dans les préoccupations alimentaires des Français. Le nombre de nouveaux consommateurs de produits bio en France a continué à progresser. La famille des consommateurs bio s’est étoffée de 15 % de nouveaux venus. En effet, près de 3/4 des Français en consomment au moins une fois par mois dont 13 % tous les jours : manger bio est désormais ancré dans le mode de vie de la majorité des Français. D’après ce baromètre, on voit aussi émerger un nouveau consommateur plus « locavore », découvrant de nouveaux points de vente physiques ou en ligne pour ses courses, privilégiant les circuits courts, à l’image des associations pour le maintien d’une agriculture de proximité (AMAP), des magasins de producteurs et des exploitations agricoles elles-mêmes. Plus encore, en 2020, pour près de 6 Français sur 10, la consommation de produits locaux et de saison est devenue un « acte militant ».


Positivement bio

La politique agricole commune met le paquet pour inciter les agriculteurs à franchir le cap. Les incitations à la transition reposent sur trois financements principaux : l’aide à la conversion pour permettre aux producteurs de compenser les manques à gagner pendant la phase de conversion, l’aide au maintien pour soutenir les producteurs en place et un crédit d’impôt. Grâce à ces aides, en 20 ans la Corse a multiplié par 35 ses surfaces en filière bio.

Aujourd’hui 15 % des surfaces agricoles utilisées (SAU) de l’île sont bio. Le bio représente 15 % de la production agricole en Corse. Depuis 20 ans, le nombre d’hectares cultivés en agriculture biologique a été multiplié par 35 sur l’île.
Pour approvisionner l’ensemble des commerces insulaires vendant des produits bio locaux, le nombre de producteurs a été multiplié par 2,65 en dix ans pour atteindre aujourd’hui 396.

Malgré cette accélération, la Corse reste dépendante en approvisionnement alimentaire. Le premier baromètre de la résilience alimentaire des territoires présenté le 8 avril pointe que l’île a moins de deux points de vente pour 10 000 habitants pour l'accès aux circuits courts. La production agricole est également insuffisante pour couvrir les besoins du territoire. La première pépinière d’entreprises agricoles installée à Ajaccio pourrait faire des émules et stimuler les porteurs de projets à sortir du bois. D’autant que le ministère de l’Agriculture a une enveloppe de deux milliards, concédée par la PAC, pour des programmes « verts ». Reste à voir quels programmes agroécologiques auront droit à cette manne financière. Suspens jusqu’à la publication d’ici l’été du plan stratégique nationale (PSN).
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