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Gros et alors ?

Pour certains le summer body n'est pas un sujet .
Gros et alors ?

Pour certains le summer body n’est pas un sujet. Une enquête de l'Inserm révèle que 1 français sur 2 est en surpoids. Et la crise sanitaire n’a pas arrangé les mauvaises habitudes alimentaires puisque les différents épisodes de confinement ont fait gagner, en moyenne, entre deux et quatre kilos sur la balance. Faut-il pour autant s’en inquiéter et céder à la tyrannie du corps sans gras ?

Taille XXL

Il y a une différence entre afficher une taille hors des normes et être obèse. D’après les normes internationales, une personne est en surpoids lorsque son Indice de masse corporelle (IMC) établi par l’OMS, est compris entre 25 et 30, et obèse lorsque son IMC est supérieur à 30. Mais avec la révision de ces critères en 1997, le seuil du poids normal a été fixé à 27,5. Donc certaines personnes sont passées chez les « gros », alors que ces critères ne tiennent compte ni de la masse musculaire ni de la masse osseuse, ni de l’âge ou du sexe de la personne. Il n’y a donc pas une seule façon médicale d’être gros. Et être gros n’est pas nécessairement lié à une pathologie.
Certes, l’obésité morbide est une maladie chronique et en tant que telle, il n’y a pas débat. Elle est tenue pour responsable de 41 % des cancers, et de 42 % des cas de diabète, et a représenté un facteur aggravant pour la Covid-19.
En revanche, là où le débat apparaît, c’est qu’un surpoids léger n’est pas à aussi dangereux. Comme le rappelle le Gros (Groupe de Réflexion sur l’Obésité et le Surpoids), « un surpoids léger peut a contrario réduire les risques de certaines maladies cardiovasculaires, gynécologiques ou respiratoires : on peut être mince et en mauvaise santé, comme être gros et en pleine forme ». Tout le monde sait, aujourd’hui que le physique de Barbie est de la science-fiction. Pourtant, dans les représentations des corps, telles que diffusées dans la publicité et les médias, il y a une normalisation des corps athlétiques versus les corps dans toute leur diversité et leur difformité.

Fat phobia

La grossophobie est un néologisme désignant l'ensemble des attitudes et des comportements hostiles qui stigmatisent et discriminent les personnes grosses, en surpoids ou obèses. C’est un terme qui est apparu aux États-Unis dès la fin des années 1960 et qui est entré dans le dictionnaire en 2019. Aux États-Unis, le poids est depuis une cinquantaine d’années un argument politique, et l’objet d’un militantisme de plus en plus virulent. Car la culpabilisation des gros vient des autres et les messages culpabilisants sont bien présents.
La société valorise la minceur. Les gros n’ont qu’à se mettre au régime. Une injonction qui fait bondir le corps médical. Malgré l’échec des plans nationaux nutrition santé (PNNS), dont l’objectif était de faire baisser le taux d’obésité de 20 %, alors qu’il a augmenté de 8 %, le message reste inchangé « mangez moins, bougez plus ».
L’Inserm définit l’obésité comme une maladie multifactorielle irréversible quand elle est installée. Il y a bien sûr les facteurs génétiques, mais aussi des éléments psychologiques, les troubles alimentaires et autres traumatismes. Plutôt que de les pointer du doigt, on pourrait les laisser tranquilles et se soigner en paix. Car la prise en charge est spécifique et longue. Il est d’ailleurs recommandé au médecin d’éviter tout discours culpabilisant.

Fat activisme

Depuis quelque temps, la lutte pour l’inclusion a modifié la lutte contre la stigmatisation des gros en passant du fat phobia (grossophobie) au fat activisme. Ce mouvement ne vise pas à glorifier les corps gros, mais à faire accepter les personnes en surpoids et à faire cesser la dictature de la minceur. L’objectif est de faire comprendre que, en dehors des critères de santé qui ne sont pas discutés, les canons de la beauté varient d’une culture à une autre.  L’obésité se caractérise par un excès de masse grasse « entraînant un risque pour la santé ». Tout ce qui relève d’une gêne esthétique intervient en raison du poids social pas de celui sur la balance. La cellulite est combattue comme le diable au corps. Les poignées ne sont d’amour qu’absentes.
Le Graal est d’être filiforme. Mais pas depuis toujours si l’on regarde dans l’Histoire de l’Art. Les Trois Grâces de Raphaël étaient loin de ressembler à Twiggy, cette mannequin anglaise filiforme qui lança la mode de la minceur dans les années 60. Depuis, la société veut des cintres comme femmes et des abdos chocolat pour les hommes. Alors que le chocolat, on préfère le manger.

Maria Mariana
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