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Napoléon invité de la futur Assemblée de Corse ?

Le Bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte fêté ou Pas ?

Napo l’invité de la future assemblée de Corse


L’ogre corse pour la caricature le danger corse pour certains de ses anciens ministres, je pense ici à Talleyrand, Napoléon Bonaparte devenu Napoléon 1er
aurait dit à sainte Helene les corses n’aiment pas les traites … ici le bicentenaire de sa mort sous exécutif nationaliste célèbre cette date par une exposition photographique montrant Sté Helene sur l’hôtel de région. Clin d’œil ou pied de nez ou ironie de l’histoire pour un bâtiment né de l’Albion fatale à Napoléon 1er et protectrice de Pascal Paoli et de Napoléon III, et moment unique ou l’empereur sembla mourant proche enfin de son île natale

Un post justement publié par le leader de « Core in fronte » Paul-Felix Benedetti rappelait son opposition à une célébration que l’oppose le massacre d’Isulaccia di Fiumubo ordonné par le général Morand l’homme nommé par Napoléon et qui avait réuni une commission militaire où 167 prisonniers corses, regroupés dans l'église d'Isulacciu di Fium'Orbu, furent condamnés le 6 juin 1808.

Neuf d'entre eux furent exécutés sur place et tous les autres déportés et incarcérés dans des prisons continentales. Quelques mois plus tard, on dénombra 84 décès supplémentaires. Aucun des déportés ne revit plus jamais la Corse. Cela s’inscrit au tout début du XIXe siècle, la Corse d’alors n'est pas jugée capable d'une administration régulière. Les deux départements, celui du Golo, chef-lieu Bastia, et celui du Liamone, chef-lieu Ajaccio, subissent en commun la dictature d'un envoyé extraordinaire du Premier Consul. En 1801, l'île est hors Constitution : préfets et chefs militaires obéissent au conseiller d'Etat Miot investi de pouvoirs sans limites. A ce gouvernement succède un autre régime d'exception. Le 12 janvier 1803, un arrêté règle les attributions du général Morand, commandant la 23e région militaire, et lui donne tous les pouvoirs juridictionnels (1).

Avec Miot et Morand, c'est un régime de terreur qui s'installe en Corse. Les deux hommes exécutent avec rigueur les ordres du Premier Consul... et en rajoutent. La censure est instaurée. Les tribunaux criminels sont supprimés. Une juridiction d'exception, dont les Corses sont exclus, juge sans recours. Elle punit indifféremment de la peine de mort les assassinats consommés et les crimes de la pensée. Les troupes de ligne, les corps de gendarmerie et les colonnes mobiles de gardes nationales parcourent le pays pour des expéditions punitives, brûlent les maisons, pratiquent les exécutions sommaires et emportent des otages. Si l'on ajoute, en 1802, le spectre de la famine et, en 1804, celui de la peste que peuvent introduire les bateaux venant de Livourne, sans compter les brigandages, on a de la Corse de ce début de siècle un sombre tableau qu'éclairent à peine des avantages fiscaux, quelques plans de gros travaux et de vagues mesures d'amnistie.

Si Bonaparte avait exigé pour ses compatriotes une police sévère et qui fut en réalité "abusive", comme il la qualifiera lui-même en 1809, c'est que les Corses n'étaient pas définitivement acquis à la France et, moins encore, au gouvernement consulaire. D'ailleurs, le parti anglais restait puissant. Parti qu’avait cherché à discréditer le même Morand avec une autre sombre affaire de complot du parti anglais jugée alors par le sénateur Raphael de Casabianca de pure invention. Vrai ou pas la position de Morand après dix ans extrêmes est intenable, il quitte la Corse mais baron et avec une rente de 2000 livres. Il est nommé à la tête de l’armée du Rhin et sera justement tué par un boulet

« Chellu tu vinga Morandi » est devenu proverbial recevoir Morand comme la malédiction d’une calamité extrême.

Paul Félix Benedetti a posé en somme le questionnement de l’épisode de la guerre de Fium’Orbu perdue par les tenants paolistes vaincus par le commandant Poli et les bonapartistes.

Si Emmanuel Macron a fait le déplacement d’Ajaccio pour Claude Erignac il ne l’a pas fait contrairement à son brillant prédécesseur Georges Pompidou pour célébrer en sa ville natale dans la liesse populaire Napoléon 1er. Il s’est contenté d’une visite à Paris en l’hôtel des invalides au temple napoléonien élevé par la monarchie de juillet. Au fond si je me laissais aller a une lecture Psychanalytique Pompidou se situait au moment de la naissance du mythe, comme Abel Ganz pour son chef d’œuvre Napoléon, il choisit de célébrer la naissance, les ingrédients du mythe l’actuel président moins servit par la date quitte un instant le palais des Murât et de l’impératrice Marie-Louise pour le cénotaphe impérial. La partition tient de l’oraison funèbre plus que de l’épopée et que l’histoire du journal de la corse doyen de la presse française peut légitimement rapporter car le débat post électoral qui s’ouvrira entre la corse, son exécutif nationaliste et l’Etat trouvera ou non une fois encore l’occasion ou pas de régler une impasse insulaire commencée à ponte novo et amplifiée à son paroxysme jacobin par Napoléon.

L’état face à l’exécutif de corse jugé inamical sous la précédente mandature est dans son architecture dans la filiation de l’état modelé par le premier empereur Corse. Celui qui ne se voulait pas traître espérait y compris par la force pour l’estime de lui-même et de son empire gagner la Corse à la France. Il ne pouvait en être autrement malgré le passé de charles Bonaparte. Le fils devenu monarque ne peut que tuer ses amours de jeunesse. Napoléon sera roi d’Italie ! il aurait pu être, comme nombre de doge de Gênes, Roi de Corse, il a choisi de tuer et de n’être qu’empereur des français. Son modèle est Romain il a lu les antiques et ne peut être élu à Rome qu’un Romain.

Voir sur France 3, Gilles Simeoni fêté en l’ancienne mairie de Bastia et sur le mur se détacher un tableau de Bonaparte héroïque posait l’âpre débat qui semble vouloir s’ouvrir.

L’ élection a paru à de nombreux commentateurs et journalistes un fait nouveau et inédit, or pour qui connait l’histoire de notre ile, elle apparait plutôt comme la possibilité retrouvée encore d’un rendez-vous entre la Corse et la République, qui peine à l’honorer depuis plus deux siècles, soit depuis la volonté d’indépendance d’un peuple incarnée par Pascal Paoli et la Révolution française représentée par le lieutenant-colonel des gardes nationales corses, Napoléon Bonaparte et après que la révolution est brouillée le jeu d’une annexion déguisée.

Paoli est aujourd’hui mal connu car son destin fut moins national qu’insulaire et sa renommée affirmée aux Amériques a été amoindrie au niveau national. Le jeune Bonaparte, dont le père Charles et le frère joseph étaient proche de Paoli et lui vouait la plus grande admiration, sera pourtant chassé de l’ile par ce dernier en 1793. Sont en cause deux conceptions de la liberté aux visées universalistes qui encore aujourd’hui s’opposent. Si le rapport est favorable aux idées de Paoli au niveau international, le rapport fut et reste, plus encore au regard du poids de la démographie corse dans la République, toujours défavorable en interne surtout quand les locuteurs de sa langue se replient comme leurs ancêtres loin des rivages dans l’intérieur qui se meure.

En somme, Paoli-Napoléon est un sujet d’une brulante actualité, d’une constante modernité et pour les corses plus encore, une clé de compréhension de la situation politique de l’ile


(1) "Etude historique sur l'administration de la justice en Corse depuis les temps anciens jusqu'à nos jours", discours prononcé par M. le Premier Président CALMETES à l'audience solennelle d'inauguration du nouveau Palais de Justice de Bastia, le 12 mai 1858, 2e éd., Bastia, imp. Fabiani, 1859.
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