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Il n'existe pas de sociétés ou de cause idéales

La révolution française a inventé nle concept de causes idéales et universelles.
Il n’existe pas de sociétés ou de cause idéales

La Révolution française a inventé le concept de causes idéales et universelles. Au nom de la raison, on défendait une idée de l’homme façonnée à partir des Lumières, en contrepoint de l’idéalisme religieux. L’église affirmait l’existence d’un bien parfait, le royaume de Dieu, sans toutefois parvenir à le démontrer. Les Lumières prétendaient créer le bien sur terre grâce aux techniques qui, améliorant les conditions de vie de l’homme, le pousseraient vers la sagesse. La gauche française a été l’héritière de cette vision universelle que la France a cherché à imposer au monde entier y compris par la colonisation. C’est ainsi qu’ont été inventées les causes justes dont la nécessaire application au nom du bonheur humain autorisait tous les moyens jusqu’à ceux qualifiés de barbares quand l’ennemi les utilisait.

La colonisation comme point de repère


La colonisation est un fait tardif dans les sociétés modernes. Mis à part la conquête de l’Algérie débutée sous Charles X pour des raisons de politique interne, elle ne prend réellement son envol en France qu’avec la IIIe république alors que l’Empire britannique a déjà étendu son empire sur un tiers de la planète dès le 17e siècle. L’argument officiel en France est la mission civilisatrice. La véritable cause est la recherche de matières premières destinées à nourrir une industrie en plein développement notamment celle de l’automobile qui exige du talex pour les pneus.
Les colonisateurs usèrent de méthodes qui aujourd’hui vaudraient à leurs auteurs une mise en examen pour crimes contre l’humanité. La conquête française de l’Algérie coûta la vie à un tiers des « indigènes ». Remarquons simplement que l’armée française appliqua aux Kabyles et aux Arabes les mêmes méthodes que celles qui prévalurent durant les guerres de Vendée et qui peuvent se résumer par un terme « l’extermination ». Néanmoins, la colonisation permit par ruissellement l’émergence d’un embryon de bourgeoisie autochtone qui fournira plus tard les cadres des guerres d’émancipation.
Ces mouvements décolonisateurs usèrent à leur tour de méthodes, dénoncées en métropole par les bonnes âmes anticolonialistes quand elles s’exerçaient sur les révoltés. Au nom d’une « juste cause », les massacres et les tortures pratiqués par les fellaghas du FLN n’avaient pas la même valeur que ceux de l’armée française.

Victimes ou bourreaux


Léon Trotsky écrivit en 1938 un opuscule en défense des exactions commises par l’Armée rouge dont il avait été le dirigeant et qu’il intitula sobrement Leur morale et la nôtre. Le révolutionnaire déchu (qui allait être assassiné deux années plus tard par les tenants d’un pouvoir qu’il avait contribué à mettre en place) justifiait les exécutions d’otages, la censure de la presse, l’ouverture des premiers camps, les crimes de la police politique, la Tcheka — qui allait devenir la Guépéou puis le NKVD — au nom d’une cause évidemment qualifiée de juste. Selon lui, le régime de terreur qu’il avait largement contribué à mettre sur pied avait moralement le droit de se servir de tous les moyens y compris les plus atroces pour imposer la révolution. Mais dès lors que sa tendance dite opposition de gauche avait été battue par Staline, ces moyens de terreur devenaient des outils d’une domination illégitime. La conclusion serait donc qu’il n’existerait pas objectivement des victimes pas plus que de bourreaux. Ça serait la nature de la cause qui détermine le bon ou le mauvais usage des moyens puisque l’histoire est écrite par les vainqueurs. La Shoah fut un évènement atroce dont on parle encore. Qui se soucie de la quasi-disparition des Amérindiens massacrés par les colons britanniques devenus de bons Américains ?

Un bon exemple : la Palestine


La gauche et plus encore l’extrême gauche se sont spécialisés dans la définition des bonnes et des mauvaises causes. Dans l’affaire palestinienne, les méthodes israéliennes sont dénoncées sans exclusive par une gauche européenne qui ne juge jamais une société palestinienne entièrement abandonnée à des islamistes (le Hamas), à de véritables mafias (au vrai sens du terme) ou à des clans tribaux. Avec un regard très colonialiste, nos décoloniaux ne voient dans le Palestinien qu’une sorte de bon sauvage porteur naturel de la vérité et de la bont. Or la complexité du monde nous saute au visage et il devient de plus en plus difficile de discerner le juste de l’injuste. Vouloir en revenir au manichéisme des années 70 est non seulement une puérilité, mais une erreur. Soyons conscients d’un fait incontournable : seuls les peuples en cause ont la capacité de trouver leur voie sans l’intervention des bonnes âmes extérieures qui ne font que brouiller le paysage. Tout le reste se résume à des attitudes destinées à combattre le vide de son existence ou à une mauvaise conscience qui ne regarde que soi.

GXC
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