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15 Août ? Per mè, hè è sera sempre Santa Maria !

Dans les années futures, gardons et donnons une seconde vie à la << Santa Maria >> de nos ancêtres et faisons oublier le << 15 août >> de la grande distribution
5 Août ? Per mè, hè è sera sempre Santa Maria !

Dans les années futures, gardons et donnons un seconde vie à la « Santa Maria » de nos ancêtres et faisons oublier le « 15 août » de la grande distribution, de la « teuf » et des autoroutes.

L’Assomption est la commémoration que Dieu a enlevé Marie pour qu’elle rejoigne son fils Jésus sans attendre la Résurrection d’entre les morts (l’étymologie renvoie au mot latin « assumere » qui signifie enlever). Il est communément admis que célébrer l’Assomption est apparu à Jérusalem et doit se faire le 15 août. Il est avéré qu’au VIème siècle, la célébration de l’Assomption a été imposée dans l’ensemble de l’Empire byzantin et qu’en 813, elle a été rendue obligatoire dans l’Empire de Charlemagne.
Enfin, c’est en 1950 que le pape Pie XII a intégré au dogme la signification et la célébration de l’Assomption. Cette célébration a naturellement une grande importance chez nous où la Vierge Marie a été, en 1735, proclamée « Madre universale » du Royaume de Corse, où l’hymne est le « Dio salve Regina » et où le culte marial est encore particulièrement développé.

Mais les choses évoluent. Mal selon moi… En effet, même chez nous, il est aujourd’hui deux façons de dénommer, définir et célébrer l’Assomption. Certains n’y voient plus qu’un « 15 août », jour chômé-payé. Qui peut donner matière à un « pont ». Qui permet de faire la fête « au bal » ou ailleurs. Qui représente la veille du début des « grands retours » de vacances. Cette conception de l’Assomption explique en grande partie que le monde économique puisse de plus en plus la considérer comme un jour ordinaire. Grandes surfaces et bien d’autres commerces n‘hésitent plus à afficher « 15 août, ouvert toute la journée ». Pour ma part, comme heureusement encore beaucoup d’autres (pour combien de temps encore ?), je reste attachée à un vécu familial, communautaire et religieux de l’Assomption.

Perpétuer la tradition

Pour moi, l’Assomption est encore cette fête que mes grands-parents, mes parents, toute ma famille et les habitants du village appelaient « Santa Maria ». Bien que beaucoup d’anciens aient disparu, il me semble essentiel que la maison du village continue de recevoir ce jour-là le plus grand nombre possible de membres de la famille et que tout soit fait pour perpétuer une belle tradition ou au moins l’esprit de celle-ci. Je me souviens… On se levait tôt. Les femmes préparaient le repas d’une bonne vingtaine de convives. Les hommes aussi s’activaient. Il fallait mettre en place des rallonges, des tréteaux et des planchons car les adultes seraient attablés à l’étage et les enfants au rez-de-chaussée. Les hommes s’employaient également à l’installation de la scène, du comptoir, des tables et des chaises du bal qui aurait lieu le soir. Les enfants étaient « bien habillés » et devaient « rester propres pour aller à la messe ». Quand sonnaient les cloches, tout le monde se hâtait pour ne pas entrer à l’église après le troisième carillon. Après la messe, il y avait le repas.
Les adultes étant à l’étage, les enfants pouvaient jacasser, rire et chahuter entre sœurs et frères, cousines et cousins, puis s’échapper dans les ruelles du village. Et le soir, après la procession et une légère collation, tout le monde allait au bal et les enfants avaient la permission de minuit. Vous l’avez compris, j’aime la célébration traditionnelle de l’Assomption.
Elle est partie intégrante de notre culture et de notre spiritualité d’Orient et d’Occident. Elle est familiale. Elle est populaire. Elle est conviviale. Elle est festive. Dans les années futures, gardons et donnons un seconde vie au « Santa Maria » de nos ancêtres et faisons oublier le « 15 août » de la grande distribution, de la « teuf » et des autoroutes.


Alexandra Sereni



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