• Le doyen de la presse Européenne

Les petits artisans redécouverts grace au virus

Toute l’année ils sillonnent les routes par n’importe quel temps et ont bien conscience qu’en ces périodes de confinement les commerces de proximité sont les bienvenus.
La viande ne se « trimballe » pas même dans une glacière en plein été et l’hiver quand il fait très froid les gens sont bien contents d’entendre la corne du camion boucher.

Pietralba village, la Maison Garsi boucherie-charcuterie-traiteur-crèmerie, les bouchers entament une journée qui se termine parfois entre 20 h et 21 h surtout l’été. Violette Garsi nous explique, la tournée c’est quarante villages et hameaux depuis 42 ans, Ponte Novu, Bisinchi, Campile, Castellu di Rostinu, Valle di Rostinu, Novella, Lama pour n’en citer que quelques uns. Autrefois il y avait deux tournées par jour c’était épuisant mais les temps ont changé et la population aussi. Actuellement, les tournées se font en 4 jours ouvrés mardi, mercredi, jeudi et vendredi. Nous sommes des bouchers ancrés dans la pure tradition gastronomique corse. François-Xavier Garsi est éleveur-bovin, il a créée voilà 40 ans l’entreprise boucherie-élevage. Tous deux réalisent une excellente charcuterie travaillant les cochons en entier, coppa, lonzu, figatellu et leur fameux fromage de tête, sous peu, leurs enfants prendront le relais.

Niolu, nous retrouvons Jean-Baptiste Maestracci sur sa tournée au village de Sidossi. Une pluie glaciale tombe, un peu plus haut en montagne il neige même si l’on est fin avril. Il est là dans son camion, ses commandes prêtes à être livrées. Avec le confinement, beaucoup sont « remontés ». 30 ans qu’il « navigue » dans tout le Niolu, Calacuccia, Sidossi, Casamaccioli, Albertacce, Zitamboli, Lozzi et il termine à Corscia qui est son fief. Il est éleveur bovin et vend sa production, tripettes de veau, rôtis, milanais que du bonheur. Il propose également de la très bonne charcuterie, dans une région comme le Niolu ça s’impose et divers produits crémiers. Il apporte avec lui, gentillesse, convivialité, réconfort en ces moments difficiles, tous sont heureux de voir qu’il est présent et n’a pas « jeté l’éponge ». Il pense que malheureusement la situation sanitaire ne va pas aller en s’améliorant. Peu importe il continuera tous les mardi, vendredi et samedi en période hivernale, le mercredi en plus l’été.

Calenzana,
Sébastien avant tout éleveur bovin et ovin a eu l’idée de s’équiper d’un camion-frigo il y a 8 ans, pour effectuer la tournée des villages et vendre sa production. Deux ans plus tard, il ouvrait la boucherie, voisine des excellents canistrelli « E Fritelle » et créait un emploi de boucher. Sur son étal, boucherie-charcuterie sans plus. Sa viande bœuf, veau, agneaux de lait, la charcuterie habituelle coppa, lonzu, figatellu, les merguez, saucisses de Toulouse… fabriquées à la boucherie. Il ne veut pas faire de tort aux petites épiceries des villages qu’il visite. Les tournées se font uniquement le samedi mais toute l’année, avec 200 brebis et 60 vaches à s’occuper, il ne peut faire plus. Départ 8h30 de Calenzana, direction Zilia, Montemaggiore, Lunghinano, Cassano et s’il rencontre sur la route des personnes lui font signe, il s’arrête. Depuis le confinement, les clients l’appellent, il les livre le samedi. Car, Ô Miracle ! Ce virus a fait découvrir sa boucherie artisanale aux calenzanais. Calenzana étant devenu un village-dortoir les gens du crû ne connaissaient pas la boucherie. Comme quoi quelque fois un mal fait un bien comme on dit. Les gens font leurs achats dans les grandes surfaces anonymes qui vendent tout de bout en bout, c’est la solution de la facilité. Ils pensent économiser sans faire attention aux quantités et promos qu’ils achètent et finissent par se périmer, alors qu’il est plus simple d’acheter 4 yaourts à l’épicerie plutôt que 24 ou 30 qu’on ne mangera pas. Comme ils ont eu peur de la promiscuité, ils sont revenus aux fondamentaux, les petits commerçants qui sont bien pratiques en ces périodes d’épidémie. Il pense aussi que le virus est particulièrement dangereux et qu’il faut respecter les gestes barrières.
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