Francis Pomponi l'incontournable historien de la Corse
Au moment où ces lignes me furent demandées, sa famille, le village de Verdese et ses amis disaient adieu à Francis Pomponi qui laissera sa marque sur la vie intellectuelle et l'histoire de la Corse contemporaine. Il avait 82 ans.
Francis Pomponi l’incontournable historien de la Corse
Au moment où ces lignes me furent demandées, sa famille, le village de Verdese et ses amis disaient adieu à Francis Pomponi qui laissera sa marque sur la vie intellectuelle et l'histoire de la Corse contemporaine. Il avait 82 ans.
Le professeur d'histoire
Me reviennent en mémoire les cours d'histoire à la faculté d'Aix-en-Provence, au centre d'Etudes corses qu'il animait avec F. Ettori, G. Ravis Giordani, Max Caisson, Renée Luciani... Les étudiants, dont j'étais, passionnés d'histoire multipliaient mémoires et thèses. La formidable capacité de travail et l'energie que Francis Pomponi déploya dans l'enseignement, l'accompagnement de leurs travaux fut une source d'ouverture et d'encouragement pour beaucoup.
Ceux qui ont eu la chance d'assister à ses cours n'oublieront jamais sa rigueur intellectuelle, son exigence de transmission du savoir et la nécessité du questionnement de l'histoire. Problématique qu'il développait avec la fréquentation et l'exploration des fonds d'archives (Corse, Continent, Italie...).
Bien au delà du monde universitaire ses capacitéś d'analyse et de synthèse, ses dons d'orateur, l'ampleur de ses connaissances ont captivé bien des publics.
Le chercheur
C'est celui de la revue Etudes Corses qu'il créa en 1973, avec A. Casanova, F. Ettori, G. Ravis Giordani... ouvrant ainsi un tournant historiographique et l'affirmation d'une recherche renouvellée, qu'il avait initié avec son livre Essai sur les notables ruraux en Corse au XVIIe siècle publié en 1962. Il contribua à la populariser dans les années 19781981 avec le succès éditorial du Mémorial des Corses, révélateur de la soif d'histoire qui traverse la société insulaire de l'époque.
Le numéro 80-81 d'Etudes Corses qui récemment lui rendit hommage éclaire l'ampleur des travaux de "l'historien des îles". Il n'épuise pas la diversité des centres d’intérêts qu'il a développé, au delà de l'espace insulaire : la Méditerranée, l'Italie (18-et 19e siècles) la Révolution française... et les problématiques ouvertes.
La bibliographie qui l'accompagne, impressionante par son ampleur, a été une source de surprise par le nombre et la diversité des articles et contributions publiés et par la certitude que restent encore quelques inédits à repérer notamment en Italie.
Son parcours d'universitaire d'Aix à Corte puis Nice, fut marqué par le dynamisme de ses activités d'administrateur et de chercheur. Le "Centre d'Etudes corses" d'Aix-en-Provence, "l'Institut d'Etudes Corses" de Corte... le département d'histoire de la faculté de Lettres de Nice le Centre méditerra témoignent de ses capacités d'organisateur, d'animateur d'équipes. Il y développa la mise en chantier de projets de recherches collectives, le lancement d'initiatives de collectes d'archives et de données, l'organisation de colloques qui jalonnent son itinéraire, en Corse et à travers l'Europe.
Le citoyen
Exigeant, chaleureux, jovial, homme d'engagement on ne saurait oublier son combat au service d'un idéal républicain, militant syndical avec le Snesup portant l'exigence d'une université ouverte..., plus politique avec la CFR (Corse française et républicaine). Il a toujours défendu ses valeurs avec conviction et un rare courage, reconnu par ses adversaires.
Verdese perd un enfant, son maire dévoué jusqu'à la fin. La Corse perd une figure intellectuelle... et l'histoire un de ses meilleurs artisans. Son enseignement et ses travaux resteront vivants dans la mémoire de générations d'étudiants, de collègues et d'amis.
Christian Peri, Conservateur en chef honoraire des bibliothèques (Bastia)
Légende photo :
Francis Pomponi, 21 mars 1980. Ce jour-là, il participait à l’émission télévisée « Apostrophes » présentée par Bernard Pivot. L’émission était consacrée à la situation politique en Corse. Étaient aussi présents sur le plateau Dominique Alfonsi éditeur journaliste et nationaliste engagé, Alexandre Sanguinetti alors secrétaire général du RPR, et Xavier Versini magistrat et écrivain. Le débat fut très animé entres les invités, ce qui avait fait dire à Bernard Pivot qu’il n’était pas prêt à renouveler une émission sur la situation en Corse. Francis Pomponi n’avait pas tenu de propos polémiques. Ce n’est que quelques années plus tard, en 1984, qu’il s’était engagé en politique en soutenant la création de la Corse française et Républicaine (CFR) avec laquelle il entama son combat contre l’idée nationaliste corse.
Au moment où ces lignes me furent demandées, sa famille, le village de Verdese et ses amis disaient adieu à Francis Pomponi qui laissera sa marque sur la vie intellectuelle et l'histoire de la Corse contemporaine. Il avait 82 ans.
Le professeur d'histoire
Me reviennent en mémoire les cours d'histoire à la faculté d'Aix-en-Provence, au centre d'Etudes corses qu'il animait avec F. Ettori, G. Ravis Giordani, Max Caisson, Renée Luciani... Les étudiants, dont j'étais, passionnés d'histoire multipliaient mémoires et thèses. La formidable capacité de travail et l'energie que Francis Pomponi déploya dans l'enseignement, l'accompagnement de leurs travaux fut une source d'ouverture et d'encouragement pour beaucoup.
Ceux qui ont eu la chance d'assister à ses cours n'oublieront jamais sa rigueur intellectuelle, son exigence de transmission du savoir et la nécessité du questionnement de l'histoire. Problématique qu'il développait avec la fréquentation et l'exploration des fonds d'archives (Corse, Continent, Italie...).
Bien au delà du monde universitaire ses capacitéś d'analyse et de synthèse, ses dons d'orateur, l'ampleur de ses connaissances ont captivé bien des publics.
Le chercheur
C'est celui de la revue Etudes Corses qu'il créa en 1973, avec A. Casanova, F. Ettori, G. Ravis Giordani... ouvrant ainsi un tournant historiographique et l'affirmation d'une recherche renouvellée, qu'il avait initié avec son livre Essai sur les notables ruraux en Corse au XVIIe siècle publié en 1962. Il contribua à la populariser dans les années 19781981 avec le succès éditorial du Mémorial des Corses, révélateur de la soif d'histoire qui traverse la société insulaire de l'époque.
Le numéro 80-81 d'Etudes Corses qui récemment lui rendit hommage éclaire l'ampleur des travaux de "l'historien des îles". Il n'épuise pas la diversité des centres d’intérêts qu'il a développé, au delà de l'espace insulaire : la Méditerranée, l'Italie (18-et 19e siècles) la Révolution française... et les problématiques ouvertes.
La bibliographie qui l'accompagne, impressionante par son ampleur, a été une source de surprise par le nombre et la diversité des articles et contributions publiés et par la certitude que restent encore quelques inédits à repérer notamment en Italie.
Son parcours d'universitaire d'Aix à Corte puis Nice, fut marqué par le dynamisme de ses activités d'administrateur et de chercheur. Le "Centre d'Etudes corses" d'Aix-en-Provence, "l'Institut d'Etudes Corses" de Corte... le département d'histoire de la faculté de Lettres de Nice le Centre méditerra témoignent de ses capacités d'organisateur, d'animateur d'équipes. Il y développa la mise en chantier de projets de recherches collectives, le lancement d'initiatives de collectes d'archives et de données, l'organisation de colloques qui jalonnent son itinéraire, en Corse et à travers l'Europe.
Le citoyen
Exigeant, chaleureux, jovial, homme d'engagement on ne saurait oublier son combat au service d'un idéal républicain, militant syndical avec le Snesup portant l'exigence d'une université ouverte..., plus politique avec la CFR (Corse française et républicaine). Il a toujours défendu ses valeurs avec conviction et un rare courage, reconnu par ses adversaires.
Verdese perd un enfant, son maire dévoué jusqu'à la fin. La Corse perd une figure intellectuelle... et l'histoire un de ses meilleurs artisans. Son enseignement et ses travaux resteront vivants dans la mémoire de générations d'étudiants, de collègues et d'amis.
Christian Peri, Conservateur en chef honoraire des bibliothèques (Bastia)
Légende photo :
Francis Pomponi, 21 mars 1980. Ce jour-là, il participait à l’émission télévisée « Apostrophes » présentée par Bernard Pivot. L’émission était consacrée à la situation politique en Corse. Étaient aussi présents sur le plateau Dominique Alfonsi éditeur journaliste et nationaliste engagé, Alexandre Sanguinetti alors secrétaire général du RPR, et Xavier Versini magistrat et écrivain. Le débat fut très animé entres les invités, ce qui avait fait dire à Bernard Pivot qu’il n’était pas prêt à renouveler une émission sur la situation en Corse. Francis Pomponi n’avait pas tenu de propos polémiques. Ce n’est que quelques années plus tard, en 1984, qu’il s’était engagé en politique en soutenant la création de la Corse française et Républicaine (CFR) avec laquelle il entama son combat contre l’idée nationaliste corse.