Apprendre la véritable histoire de la Corse à nos enfants
Le 8 décembre fête de la Nation .......
Apprendre la véritable histoire de la Corse à nos enfants
Lorsque le 8 décembre fut imposé par les nationalistes comme fête de la Nation, on a pu constater à quel point la plupart des Corses étaient ignorants de l’histoire de leur propre pays. Cette escroquerie historique qui consista à édicter une fête nationale à une date supposée avoir été choisie au XVIIIe siècle et qui célébrait un évènement survenu un siècle plus tard (le dogme de l’Immaculée Conception) était en soi atterrante. Mais il est plus dramatique nos excellents historiens insulaires ne parviennent pas à imposer un ouvrage de notre histoire réelle non fantasmée et néanmoins valorisante destinée à nos scolaires.
La fabrication d’un roman historique
Le travestissement de l’histoire a été de tout temps et partout un enjeu idéologique. Jules Michelet fabriqua le roman national français bâti avec pour point d’orgue la Révolution française. Il édulcora les évènements qui pouvaient le gêner (par exemple le génocide vendéen) et donna une importance démesurée à d’autres telle que les années radicales de septembre 1792 à juillet 1794. À cette vision impétueuse d’une révolution qui n’était en fait que la prise de pouvoir de la bourgeoisie française perçue sous l’angle populaire s’opposaient les écrits d’un Thiers ou des monarchistes.
Pour la Corse, il ne fait aucun doute que la vision franco-française dominée par le personnage de Sampiero Corso et qui resta longtemps la thèse officielle, était une imposture historique. Mais la magnifique aventure paoline, tiraillée entre les interprétations de la famille républicaine (qui permit le retour de ses cendres le 4 septembre 1889) de l’irrédentisme fasciste et enfin des nationalistes corses aujourd’hui consensuelle, n’exprime rien de très clair. On a que Paoli, contre toute évidence, avait été un républicain avant l’heure.
Les fascistes le transformèrent en un pionnier de l’irrédentisme italien. Les nationalistes voulurent le comprendre comme une sorte de visionnaire européen. Il serait temps grand temps de balayer les inventions, les interprétations anachroniques, lui redonner la dimension qu’il avait acquise à son époque, comprendre les raisons de son échec et enfin taquiner la vérité. Tout cela a d’ailleurs été accompli par des historiens comme Antoine-Marie Graziani ou encore Jean-Marie Arrighi qui en compagnie d’Olivier Jehasse ont écrit la meilleure histoire de la Corse présente sur le marché. Et une telle règle devrait être appliquée à toutes les périodes de notre histoire.
La question de l’enseignement
L’histoire n’est pas une science et les idéologues sont toujours tentés de la manipuler pour faire passer leurs idées. Le problème est qu’un peuple qui ne connaît pas son histoire, au moins dans ses grandes lignes, se heurte un jour ou l’autre aux limites de son propre récit. Ainsi la Corse présente-t-elle des signes caractéristiques de la bipolarité. Un jour, elle s’estime au-dessus du lot commun souffrant de n’être pas reconnue pour son génie. Un autre jour, elle bat sa coulpe et se pense habitée de crétins prétentieux. « Un peuple pauvre peuplé de pauvres types » me confiait un jour un nationaliste désespéré de l’écart qu’il constatait entre le peuple imaginaire qu’il pensait paré de toutes les vertus et ce qu’il constatait au quotidien. Or une histoire tissée au plus près de la réalité donne des pistes pour comprendre les erreurs, les bégaiements de l’histoire. Elle évite les périodes de contrition comme celle d’hubris démesurée.
C’est pourquoi il serait bon qu’un cénacle d’historiens parvienne à se réunir (on se heurte déjà à la guerre des ego), s’entende sur un cheminement intellectuel (là on entre dans le dur, le très dur) et accouche d’un manuel d’histoire de la Corse inattaquable qui deviendrait un outil à réflexion.
L’histoire, le ciment d’un peuple
Nous savons que les enfants d’aujourd’hui ne sont pas nécessairement les descendants des insurgés du XVIIIe siècle. D’abord parce que le brassage des populations a fait qu’une minorité seulement de familles descendent de cette période ; ensuite parce qu’il faut accepter le fait qu’une majorité de Corses étaient contre la révolution de Paoli et que ce fut même un des facteurs qui contribua à sa perte. Mais qu’importe : la force d’un peuple et d’agréger tous ses membres autour d’un passé, d’un présent et d’un avenir. Voilà pourquoi apprendre la véritable histoire de la Corse avec ses forces et ses faiblesses serait faire œuvre d’union.
GXC
Lorsque le 8 décembre fut imposé par les nationalistes comme fête de la Nation, on a pu constater à quel point la plupart des Corses étaient ignorants de l’histoire de leur propre pays. Cette escroquerie historique qui consista à édicter une fête nationale à une date supposée avoir été choisie au XVIIIe siècle et qui célébrait un évènement survenu un siècle plus tard (le dogme de l’Immaculée Conception) était en soi atterrante. Mais il est plus dramatique nos excellents historiens insulaires ne parviennent pas à imposer un ouvrage de notre histoire réelle non fantasmée et néanmoins valorisante destinée à nos scolaires.
La fabrication d’un roman historique
Le travestissement de l’histoire a été de tout temps et partout un enjeu idéologique. Jules Michelet fabriqua le roman national français bâti avec pour point d’orgue la Révolution française. Il édulcora les évènements qui pouvaient le gêner (par exemple le génocide vendéen) et donna une importance démesurée à d’autres telle que les années radicales de septembre 1792 à juillet 1794. À cette vision impétueuse d’une révolution qui n’était en fait que la prise de pouvoir de la bourgeoisie française perçue sous l’angle populaire s’opposaient les écrits d’un Thiers ou des monarchistes.
Pour la Corse, il ne fait aucun doute que la vision franco-française dominée par le personnage de Sampiero Corso et qui resta longtemps la thèse officielle, était une imposture historique. Mais la magnifique aventure paoline, tiraillée entre les interprétations de la famille républicaine (qui permit le retour de ses cendres le 4 septembre 1889) de l’irrédentisme fasciste et enfin des nationalistes corses aujourd’hui consensuelle, n’exprime rien de très clair. On a que Paoli, contre toute évidence, avait été un républicain avant l’heure.
Les fascistes le transformèrent en un pionnier de l’irrédentisme italien. Les nationalistes voulurent le comprendre comme une sorte de visionnaire européen. Il serait temps grand temps de balayer les inventions, les interprétations anachroniques, lui redonner la dimension qu’il avait acquise à son époque, comprendre les raisons de son échec et enfin taquiner la vérité. Tout cela a d’ailleurs été accompli par des historiens comme Antoine-Marie Graziani ou encore Jean-Marie Arrighi qui en compagnie d’Olivier Jehasse ont écrit la meilleure histoire de la Corse présente sur le marché. Et une telle règle devrait être appliquée à toutes les périodes de notre histoire.
La question de l’enseignement
L’histoire n’est pas une science et les idéologues sont toujours tentés de la manipuler pour faire passer leurs idées. Le problème est qu’un peuple qui ne connaît pas son histoire, au moins dans ses grandes lignes, se heurte un jour ou l’autre aux limites de son propre récit. Ainsi la Corse présente-t-elle des signes caractéristiques de la bipolarité. Un jour, elle s’estime au-dessus du lot commun souffrant de n’être pas reconnue pour son génie. Un autre jour, elle bat sa coulpe et se pense habitée de crétins prétentieux. « Un peuple pauvre peuplé de pauvres types » me confiait un jour un nationaliste désespéré de l’écart qu’il constatait entre le peuple imaginaire qu’il pensait paré de toutes les vertus et ce qu’il constatait au quotidien. Or une histoire tissée au plus près de la réalité donne des pistes pour comprendre les erreurs, les bégaiements de l’histoire. Elle évite les périodes de contrition comme celle d’hubris démesurée.
C’est pourquoi il serait bon qu’un cénacle d’historiens parvienne à se réunir (on se heurte déjà à la guerre des ego), s’entende sur un cheminement intellectuel (là on entre dans le dur, le très dur) et accouche d’un manuel d’histoire de la Corse inattaquable qui deviendrait un outil à réflexion.
L’histoire, le ciment d’un peuple
Nous savons que les enfants d’aujourd’hui ne sont pas nécessairement les descendants des insurgés du XVIIIe siècle. D’abord parce que le brassage des populations a fait qu’une minorité seulement de familles descendent de cette période ; ensuite parce qu’il faut accepter le fait qu’une majorité de Corses étaient contre la révolution de Paoli et que ce fut même un des facteurs qui contribua à sa perte. Mais qu’importe : la force d’un peuple et d’agréger tous ses membres autour d’un passé, d’un présent et d’un avenir. Voilà pourquoi apprendre la véritable histoire de la Corse avec ses forces et ses faiblesses serait faire œuvre d’union.
GXC
