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Production audiovisuelle corse: quel avenir après la "diff"?

Depuis 1982 et la naissance de l'antenne régionale France 3 Corse, la production corse s'est très largement développée.
Production audiovisuelle corse : quel avenir après la « diff’ » ?

Depuis 1982 et la naissance de l’antenne régionale France 3 Corse, la production corse s’est très largement développée. Outre les réalisations de ViaStella et RCFM, les deux secteurs insulaires de l’audiovisuel de Service public, de nombreuses sociétés de productions, des télévisions et des radios privées sont apparues, qui ont réalisé quantité de films, émissions et documentaires. Que deviennent ces productions après leur diffusion ? Une seconde vie serait sans doute possible pour ce patrimoine délaissé.

Le Service public et ses archives

Une problématique majeure quant à la gestion et la diffusion en Corse des archives audiovisuelles publiques, réside dans la question de leur propriété intellectuelle effective. Après leur diffusion sur ViaStella ou RCFM, ces contenus rentrent dans le giron de FranceTélévisions et Radiofrance, puis deviennent propriétés de l’INA (Institut national de l'audiovisuel) qui était en charge, avant le développement du Numérique, de leur centralisation.

Avec l’avènement du Numérique, la mission de l’INA a changé. Dans un premier temps, il était nécessaire de numériser ces archives, puis de gérer leur éditorialisation et leur diffusion. C’est là que le bât blesse : dans une série de vidéos réalisées par l’Ina, on apprend l’étonnante gestion de ces archives corses. Une « délégation régionale » de l’INA, installée à Marseille et composée de quatre personnes, a en charge de mettre en lumière l’ensemble du patrimoine audiovisuel de l’immense territoire de la région « Grand Sud » … et de la Corse ! Et c’est ainsi que ce patrimoine insulaire se retrouve enfermé, sur les étagères poussiéreuses et les serveurs de l’INA.

Comment changer la donne ?

En Corse, pour ceux qui veulent récupérer, utiliser et diffuser ces archives, « l’affari sò in francesi » ! Pour une utilisation par le Service public, une demande peut être faite à l’INA afin d’obtenir des droits de diffusion, qui seront circonscrits à quelques mois, et ce même dans le cadre d’archives provenant du même média. En ce qui concerne le Privé, ces droits peuvent être achetés, mais ils coûtent extrêmement cher. Pour donner un exemple précis, ALLINDI SVOD, plateforme financée par la CDC et lancée en 2020, a pour objectif de centraliser les contenus audiovisuels insulaires. Pour obtenir les droits de diffusion de ces archives, et même pour les productions propres de Via Stella – comme la collection Ghjenti, produite en interne – il faudrait investir des moyens financiers colossaux. Paradoxalement, Allindi ne peut donc pas donner à ces productions une seconde vie, à l’ère du Numérique. La plateforme doit donc se limiter pour l’heure aux réalisations privées et aux coproductions.

La M3C : médiathèque culturelle de la Corse et des Corses

La M3C centralise des contenus audiovisuels divers : 42.843 documents, 33 collections et 13 expositions. En partenariat avec l’INA et l’Université de Corse, une archive de l’histoire audiovisuelle insulaire a récemment été créée par une équipe du laboratoire universitaire Lisa. Intitulée « Médias et mobilisations en Corse de 1945 à nos jours », un site dédié y est consacré. On y trouve une chronologie d’archives de l’Ina qui pose la question générique de la représentation médiatique de la Corse sur plus d’un demi-siècle. Il est malheureux néanmoins, que certains événements majeurs de l’histoire contemporaine de la corse n’y soient pas représentés. C’est le cas notamment des victoires électorales nationalistes, des premières manifestations contre la Mafia au début des années 1990, mais aussi de bien d’autres mobilisations. Autant de « blancs » de l’Histoire qui obligent à s’interroger sur les raisons, paraissant très subjectives, de ces oblitérations.
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