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Pierre Alessandri : avà basta cusi !

Ce qui est imposé à Pierre Alessandri, et aussi d'ailleurs à Alain Ferrandi , ne relève plus ni de la justice, ni même de la punition.

Pierre Alessandri : avà basta cusi !



Ce qui est imposé à Pierre Alessandri, et aussi d’ailleurs à Alain Ferrandi, ne relève plus ni de la justice, ni même de la punition. Cela est assimilable à une vengeance d’Etat dont les motivations avouées ou cachées ne sont pas plus honorables les unes que les autres.


La « Justice » a une fois encore refusé la liberté conditionnelle à Pierre Alessandri. La décision du juge d'application des peines qui lui avait, en juillet dernier, accordé une semi-liberté probatoire, a finalement été rejetée par la Chambre d'Application des Peines de Paris après que le Parquet national antiterroriste a fait appel. Ainsi, après plus de 22 ans d’emprisonnement, Pierre Alessandri ne peut même pas bénéficier d’une mesure de rapprochement. Il reste incarcéré en région parisienne et ses proches demeurent condamnés à s’épuiser moralement, physiquement et financièrement pour entretenir le lien affectif. La seule mesure teintée d’humanité dont a pu à ce jour bénéficier l’intéressé est d’avoir été, un triste jour de septembre 2015, autorisé à se recueillir devant la sépulture de son fils de 31 ans décédé accidentellement. Et ce sans avoir été autorisé, au nom de la sécurité, à assister à l'enterrement ou à se rendre quelques instants dans la maison familiale.
Je l’ai déjà écrit : « L’assassinat de Claude Erignac m’a profondément bouleversée et révoltée. J’ai éprouvé de la compassion pour cet homme et sa famille. Je suis descendue dans la rue pour exprimer mon horreur et mon indignation. » Mà avà basta cusi ! Ce qui est imposé à Pierre Alessandri, et aussi d’ailleurs à Alain Ferrandi, ne relève plus ni de la justice, ni même de la punition. Cela ressemble à une vengeance d’Etat dont les motivations avouées ou cachées ne sont pas plus honorables les unes que les autres.
L’État revient quasiment à l’ère du masque de fer et des oubliettes car condamner ces deux hommes à rester enfermés seuls entre quatre murs loin de leur région et de leurs familles, suggère que l’on souhaite les déraciner et les faire oublier de tous.


La volonté électoraliste d’Emmanuel Macron

Et que l’on ne vienne pas me dire - comme le suggèrent certains et ne le dément jamais un pouvoir politique trop content que cela le dédouane en partie de son esprit de vengeance inspiré par la haute idée et la crainte qu’il a de sa haute administration - que tout cela est initié par Mme Claude Erignac. Que l’on ne vienne pas non plus m’expliquer, comme l’ont invoqué les magistrats de la Chambre d'Application des Peines de Paris, que tout cela s’inscrit dans une légitime préoccupation de ne pas nuire à la lutte anti-islamiste ou à la sérénité du procès en cours des protagonistes du massacre du Bataclan.
Je considère que la responsabilité de la situation incombe d’une part à la volonté électoraliste d’Emmanuel Macron et de son gouvernement de se positionner en champions de la lutte contre le terrorisme y compris en sombrant dans l’inhumanité, et d’autre part à la servilité complice des hautes sphères de l’appareil judiciaire.
Et j’ajoute, deux exemples à l’appui, qu’il fut un temps où la raison d’Etat était encore courageuse et raisonnable et où la Justice, en usant à la fois de la loi, du glaive et de la balance, était à la hauteur de ce qu’elle doit être. Le Conseil exécutif a pertinemment souligné : « De la guerre d’Algérie aux évènements en Kanaky, pour ne parler que de ceux-là, l’histoire contemporaine de la France est jalonnée de lois d’amnistie ou de décisions pénales intégrant directement la volonté politique de tourner la page du conflit ou de laisser sa chance à la paix ». Une plongée dans les archives rappelle que la Justice a osé accorder, après qu’il a purgé 25 ans de prison, une liberté conditionnelle au tueur d’enfant Patrick Henry malgré le traumatisme qu’avait suscité son crime - un présentateur de journal télévisé avait ouvert son journal par la phrase « La France a peur » - et aussi malgré que Robert Badinter avait sauvé ce criminel de la guillotine et qu’un tribunal populaire l’avait condamné à la prison à perpétuité.

Alexandra Sereni
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