Football : Il faut sauver le GFCA !
Malmené suite à. une affaire étroitementliée au grand banditisme dans lequel l'aspect purement sportif n'a rien à voir,le GFCA est menacé de disparaître...
Il faut sauver le GFCA !
Malmené suite à une affaire étroitement liée au grand banditisme dans lequel l’aspect purement sportif n’a rien à voir, le GFCA est tout simplement menacé de disparaître du paysage footballistique. Une perspective inconcevable pour tout ce que ce club représente...
Le GFCA est, on le sait, un club à part dans le paysage footballistique insulaire et même bien au-delà. Qu’on l’aime ou non, il est l’un des rares clubs de l’Hexagone et de Corse où le parfum d’une âme légendaire subsiste encore. Celle d’une époque révolue où les chaussettes et maillots étaient tricotées par les grands-mères, où l’on marchait plus d’une heure pour aller voir un match, où les joueurs eux-mêmes participaient à la construction des stades, où des milliers de supporters attendaient sur le tarmac de l’aéroport au lendemain des quatre glorieuses. Une légende façonnée, match après match, année après année, quels que soient les joueurs et dirigeants pour maintenir, contre vents et marées, le même fil conducteur initié il y a plus d’un siècle par le Bistro et le FCA. C’est aujourd’hui un peu-beaucoup même- de cette âme qui est menacée.
Tel le phénix
Dans son histoire sportive et extra-sportive, le Gaz a traversé bien des intempéries. Personne n’a oublié, en effet, les multiples incidents survenus à Mezzavia en championnat ou en coupe de France. Encore moins le célèbre article 131 qui lui coûta l’accession en deuxième division en 1998. Ni, il faut bien le souligner dans cette propension qu’il a malheureusement à donner le bâton pour se faire battre, une mauvaise gestion lui coûtant, outre de l’argent, de multiples rétrogradations dont il fait encore les frais cette année. À chaque fois, par la passion de ses dirigeants, joueurs, supporters, et cette capacité qu’il a, à renaître de ses cendres, le club s’en est remis…
Mais la situation est autrement plus compliquée aujourd’hui. D’un aspect sportif aux accents truculents voire pagnolesques, d’une situation financière souvent compliquée mais sans véritable souhait d’en tirer un profit personnel, on a basculé, en quelques années, dans un contexte plus complexe et depuis peu dans le domaine judiciaire. Nous ne sommes donc plus dans la même catégorie...Et les conséquences non plus. Depuis que la JIRS a mis le nez dans les affaires liées au Grand Banditisme et par voie de fait, à la bande dite du Petit Bar, elle s’est nécessairement rapprochée du GFCA.
Vers une union sacrée pour sauver le club ?
Reste à savoir dans quelle mesure le Gaz est lié à cet aspect judiciaire. Il pourrait s’agir de travail dissimulé ou d’abus de biens sociaux, des termes forts pour ce qui pourrait simplement concerner l’usage d’un téléphone portable ou le salaire d’un éducateur. Bref, une pratique courante dans le football amateur. Difficile, en tout cas, de répondre avec précision. Toujours est-il que la JIRS mêle sans doute le sportif à ce volet avec ce que cela implique pour le club, qui compte, outre son passé prestigieux en tant que représentant du patrimoine sportif corse, 40 salariés parmi lesquels des éducateurs et 400 licenciés. La situation reste bloquée en l’état en attendant l’appel de la décision de la JIRS. Une attente plutôt longue qui permet de gagner du temps. L’occasion, pour tous, dirigeants d’hier et d’aujourd’hui, d’anciens joueurs et supporters de se mobiliser en coulisses plus que de manière officielle. Si la démission du président et des actionnaires principaux a été actée, l’union sacrée pour sauver le GFCA s’organise même si elle reste encore informelle. De nouveaux actionnaires seraient prêts à mettre la main à la poche aidés par un consensus d’anciens dirigeants. De leur côté, les supporters ont déployé une banderole, samedi dernier face à Corte « GFCA, patrimoine de la Corse » et « Vince pà ùn mora », une façon d’interpeller la classe politique. À cet effet, les dirigeants ont été reçu la semaine dernière par Laurent Marcangeli, maire d’Ajaccio afin de trouver une solution qui passerait inéluctablement par cette sphère. Le premier magistrat de la Cité Impériale aurait même sollicité Gilles Simeoni, président de l’Exécutif pour évoquer avec d’autres intervenants politiques ou sportifs, les différentes pistes possibles. Si la question du GFCA n’a pas été mentionnée lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse, « c’est parce que l’ordre du jour a été rédigé avant la décision de la JIRS, annonce-t-on du côté de l’Hôtel de Région, et qu’il n’est guère possible d’y déroger...Elle sera, en revanche évoquée lors de la session de novembre... ». S’il n’est pas trop tard car le temps presse...
Core in Fronte seul soutien politique officiel
Pour l’heure, seul Core in Fronte a officiellement apporté son soutien au club « rouge et bleu ». Alors que dans les rangs sportifs, l’ACA par la voix de son président Christian Leca en a fait de même tout comme bien sûr les sections volley et handball du GFCA. Ce qui est peu au regard de la gravité de la situation même si l’on peut comprendre que tant que le volet judiciaire prédominera, il sera difficile de prendre position et de faire des propositions. Car le GFCA est en effet menacé de disparition. Rappelons tout de même qu’en 2010 sous la mandature de Paul Giacobbi, le SCB dont l’avenir professionnel était fortement compromis, avait reçu une aide de 800000 euros de la Collectivité lui permettant de repartir en Ligue 1.
Pour le Gaz, la situation est certes plus complexe avec un volet judiciaire qui prend les rênes et annihile pour l’instant toute perspective évolutive dans le bon sens. Dans cette configuration, le déblocage des fonds permettrait, moindre mal, de terminer la saison en N3. Mais derrière, l’affaire risque encore de se compliquer avec une situation financière qui, elle aussi, cause des dégâts. Le rachat du stade Ange Casanova à la CCAS en 2016, époque de la Ligue 1, n’a pas été soldé, le club misant sur le statut pro et les droits TV pour s’en acquitter sur dix ans. Un statut pro qui, entre-temps a été perdu. À cela s’ajoute également un déficit qui s’accumule et a déjà coûté cher au club, contraint, cette saison de repartir en N3. Il s’agit, en clair, d’un véritable tsunami judiciaire et financier auquel le Gaz doit faire face aujourd’hui. Aura-t-il les reins suffisamment solides pour, une fois encore, s’en extirper. « Impossible n’est pas GFCA ! » clamait en son temps et à qui voulait l’entendre, le regretté Fanfan Tagliaglioli. L’avenir nous le dira. Quoiqu’il en soit, le GFCA, véritable patrimoine insulaire ne peut pas, ne doit pas, eu égard à tout qu’il a apporté au football corse, disparaître.
Philippe Peraut
Légende photo : "GFCA patrimoine de la Corse", une banderole déployée par les supporters ajacciens samedi face à Corte