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Un chasseur sachant chasser....

La proposition d'interdire la chasse le week-end et les vacances scolaires lancées par Yannick Jadot ,replace la question de ce loisir....

Un chasseur sachant chasser

La proposition d’interdire la chasse le week-end et les vacances scolaires lancée par Yannick Jadot, candidat écologiste à la présidentielle de 2022, replace la question de ce loisir sujet de bien des polémiques et de modifications législatives, aux niveaux national et européen. Les chasseurs sont à l’index, alors qu’ils se disent écolos.

Hobby à permis

La chasse est le troisième loisir préféré des Français. 5 millions de personnes ont un jour passé l'examen du permis de chasser en France. Sur ces 5 millions, en 2019, on comptait 1,173 million de chasseurs « actifs », c’est-à-dire en possession d’un permis de chasse valide. Ils sont 17 000 chasseurs en Corse. Selon le dernier recensement en France métropolitaine, les chasseurs sont 84 % à tir (munis d'une carabine ou d'un fusil), 7 % pour les chasses traditionnelles (tendelles…), 5 % pour la vénerie (grande, petite, sous terre), 3 % de chasse à l'arc et 1 % pour la chasse au vol (fauconnerie). La pratique de la chasse est très masculine : moins de 25 000 chasseuses, soit 2,2 % des licenciés (elles sont 99 chasseuses en Haute-Corse et 64 en Corse-du-Sud). C'est aussi un hobby qui plaît à une population vieillissante, puisque 53 % des chasseurs sont âgés de 55 ans ou plus, et 29 % ont même plus de 65 ans. Le nombre de personnes qui se présentent au permis de chasse est en hausse de 18 % depuis l'année dernière.

Loisir très réglementé

En France métropolitaine, la période de chasse commence généralement un des dimanches de septembre pour se terminer le dernier jour de février. La chasse est autorisée de jour, c'est-à-dire 1 h avant l'heure légale de lever du soleil au chef-lieu du département et 1 h après son coucher. Le gibier d'eau peut également être chassé à la passée à partir de 2 h avant l'heure légale de lever du soleil et jusqu'à 2 h après son coucher.
Seules les personnes munies d’un permis de chasse et appartenant à une société de chasse peuvent chasser. Le droit de chasse et le droit de chasser sur le terrain d’autrui sont strictement réglementés. Les associations communales de chasse agréées (Acca) sont issues de la loi Verdeille de 1962.
Il existe deux Acca en Corse, à Murato et Rutali. Pour pratiquer cette activité, un arrêté ministériel du 5 octobre 2020 a instauré le recyclage sécurité décennal, qui est obligatoire : tous les chasseurs de France doivent suivre cette formation avant le 5 octobre 2030. Face au nombre important d’accidents de chasse, les consignes de sécurité sont répétées par les Fédérations des chasseurs pour que cette activité puisse être pratiquée sans danger pour autrui. La mauvaise manipulation des armes, le non-respect de l’angle de 30° et les tirs à hauteur d’homme ou en direction d’habitations et de routes ouvertes â la circulation figurent parmi les principales causes d'accident sur en Corse. Lors des battues, a minima le port d’un dispositif de couleur fluorescente (veste, chasuble, gilet, T-shirt) est obligatoire (code de l’environnement et arrêté ministériel du 5 octobre 2020).

Chasse raisonnée


Le temps du chasseur se faisant prendre en photo devant les trophées de chasse, à l’instar des safaris à l’époque coloniale, est révolu. Aujourd’hui, les sociétés de chasse partagent les préoccupations sociétales. L’écologie est au cœur de leurs problématiques. Il y est entre autres question de biodiversité, de gestion cynégétique des espaces et des espèces. Ainsi, la Fédération de Haute-Corse est-elle à la pointe en matière d’écocontribution, pour son action sur le territoire, la création de fosses « hors-sol » cimentées pour les déchets issus des sangliers, la collecte et le recyclage des douilles, la distribution de gibier d’élevage pour repeupler les territoires… De quoi éteindre les arguments des opposants, les chasseurs s’imposant comme acteurs de l’environnement, contribuant à la conservation des habitats naturels, de la faune et de la flore sauvages, dans le respect du schéma départemental de gestion cynégétique approuvé par arrêté préfectoral. Sans compter que la chasse apporte 2,1 milliards d’euros par an de valeur ajoutée à l’économie nationale (PIB). La Fédération nationale des chasseurs estime que le bénévolat des chasseurs représente un don pour la nature d’1,6 milliard d’euros, qui vient enrichir l’impact économique de la filière. On comprend mieux l’intérêt des candidats à la présidentielle de séduire cet électorat, dont la pratique reste contestée et les contestations impopulaires.

Maria Mariana
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