• Le doyen de la presse Européenne

Saison estivale : mode plagiste

L’été, une transhumance humaine s’opère
Saison estivale : mode plagiste

L’été, une transhumance humaine s’opère : vacanciers et locaux viennent poser leurs serviettes sur le sable ou les rochers pour s’adonner au farniente ou aux activités nautiques en vogue. Entre surfréquentation, préservation, accessibilité et nouveaux usages, le littoral fait face à de multiples enjeux, au cœur de l’actualité estivale.

Affluence et préservation

L'attrait pour le littoral insulaire ne faiblit pas. Chaque année, environ 3 millions de touristes affluent, concentrant leur présence entre mai et septembre. Certaines plages, comme celles des Agriates, voient leur nombre de visiteurs doubler en quelques années. Pourtant, contrairement aux Seychelles bondées où les plages atteignent 120 % de leur capacité théorique, les lagons turquoise corses conservent leur authenticité grâce à une répartition naturelle des flux touristiques. Les idées reçues sur la surfréquentation sont battues en brèche. En 2025, la fréquentation des plages reste 30 % en dessous de leur capacité maximale, même en août. Aleria accueille 12 touristes par km², loin des 22 en Sardaigne. La Marina d’Aleria, avec 3,5 millions de nuitées étrangères, reste sous-exploitée. Santa Giulia, élue parmi les plus belles plages d’Europe, reste très prisée. Cette année, d’après le classement Holidu réalisé en fonction des notes laissées par les visiteurs sur Google Maps, c’est la plage de Saleccia qui décroche le titre de plus belle plage de Corse cette année. Avec une note moyenne de 4,7 sur 5 et plus de 2 300 avis. Le classement Holidu souligne que les plages corses les mieux notées sont souvent celles les plus difficiles d’accès. Une tendance qui reflète le goût actuel des voyageurs pour les coins encore sauvages, où la beauté se mérite. D’ailleurs, les initiatives locales se multiplient pour préserver ces espaces naturels. Des mesures de préservation existent, comme l’interdiction de mouillage des yachts de plus de 24 mètres pour protéger la posidonie.

Accès et sécurité pour tous

Les contrôles de l'Agence Régionale de Santé confirment une qualité d'eau « excellente » à 98 % des points de contrôle, facilitée par cette fréquentation modérée. Autre point d’amélioration, outre le label « Pavillon Bleu » pour 5 plages et 7 ports de Corse, de plus en plus de plages sont rendues accessibles à tous. Plus de soixante plages sont désormais équipées pour les personnes à mobilité réduite. Tapis d’accès, fauteuils amphibies (tiralos) et places réservées sont installés, notamment à Palombaggia, Cala di Lume ou la Tonnara. Ces aménagements, portés par le projet « Una Piaghja per tutti », visent à rendre le littoral accessible à tous, avec le soutien d’associations locales et de l’Agence Régionale de Santé. Les communes déploient également des efforts pour rendre les plages sûres, en mobilisant des nageurs-sauveteurs. Sept plages sont surveillées à Ajaccio, 32 nageurs-sauveteurs saisonniers mobilisés tout l’été. Les plages sont balisées, les postes de secours modernisés. Les accidents restent rares, mais la vigilance est de mise. Quelques zones restent sous surveillance pour risque de pollution ponctuelle.

Manne économique

D’un point de vue économique, l’afflux de touristes sur les plages stimule de nombreux secteurs : hébergement, restauration, commerces, activités nautiques et de loisirs. Cette fréquentation saisonnière génère des emplois directs et indirects, favorise la création d’infrastructures (routes, équipements publics) et accroît les recettes fiscales locales. Le tourisme génère 3,4 milliards d’euros de recettes et 26 500 emplois, dont 12 000 saisonniers. Mais l’afflux de visiteurs fait grimper les prix, surtout pour les logements et les produits de consommation courante (+20 à 40 %). Un logement sur trois est une résidence secondaire, accentuant la pression sur le marché immobilier. Certains accès aux plages sont privatisés, ce qui modifie le mode de vie local et suscite des tensions entre habitants et professionnels du tourisme. Les plages évoluent : activités nautiques (kayak, paddle, kitesurf, plongée) se développent, tout comme les loisirs familiaux. De nouveaux usages émergent, comme le yoga sur le sable ou les concerts en plein air. Le tourisme balnéaire est un moteur économique majeur, mais il modifie en profondeur l’organisation sociale, l’économie et le mode de vie des territoires littoraux, posant la question de l’équilibre entre développement et préservation des identités locales.

Maria Mariana

Crédits photographiques
· 11481_2027-07-18_beach-parasol-red-beach-chairs-shore.jpg : © freepik

·
Partager :