Nouveau magazine sur Via Stella « Temps d’histoire », émission mensuelle
Chaque mois France 3 Corse – Via Stella propose un magazine d’histoire.
Nouveau magazine sur Via Stella
« Temps d’histoire », émission mensuelle
Chaque mois France 3 Corse – Via Stella propose un magazine d’histoire. Neuf émissions sont désormais programmées après la première qui a eu lieu le 17 octobre. « Temps d’Histoire » est imaginée et présentée par Dominique Lanzalavi. Objectif de ces magazines : mieux éclairer et faire comprendre les questions historiques de la Corse en les contextualisant dans leur environnement européen et méditerranéen.
Le 17 octobre trois historiens réunis autour de D. Lanzalavi, ont confrontés leurs points de vue sur « L’implantation de la III è République en Corse ». Après vingt ans de règne de Napoléon III comment la République a-t-elle pris racines sur l’île et au plan national. De quelle manière les Corses ont-ils surmonté la chute de l’Empire qui a fait surgir maints dénigrements contre eux.
Qu’est devenu le courant bonapartiste, qui s’est divisé en deux parties et en diverses tendances ensuite. De quelle façon les Républicains ont-ils réussi à modeler un nouveau panorama politique en Corse en parvenant à convertir les paysans à leur opinion, cheminement aboutissant à la mise en place des deux failles qui domineront l’île jusqu’à la fin du XX è siècle.
Abordés encore lors de cette émission le rôle de la scolarisation, celui du clergé, celui du préfet, des francs-maçons et l’apparition du régionalisme avec Santu Casanova. Des échanges passionnants entre historiens, des points sur les « i » bien venus. La démonstration que la République née avec la défaite de Sedan était compatible avec la victoire remportée en 1918.
Les prochains « Temps d’Histoire » doivent évoquer « L’entre-deux-guerres où de grandes personnalités insulaires vont s’affronter au niveau local et national et vont influencer la vie publique française et celle de l’île, influence, qui, ici, durera des décennies.
Au programme seront diffusées sept émissions supplémentaires répondant à des thématiques et des époques diverses. « Corsaires et barbaresques en Méditerranée ». « Jeux de pouvoirs dans la Corse médiévale ». « Le second Empire en Corse ». « Comment la Corse est devenue française ». « Immigration et émigration ». Un best of des magazines précédents est aussi prévu… qui, on l’espère, aura une suite.
L’histoire, lorsqu’elle est décantée de ses a priori, de ses faux jugements n’aide-t-elle pas, en effet, à mieux appréhender le présent avec ses problématiques pesantes, brouillonnes ou saturées d’erreurs et de duperies.
Michèle Acquaviva-Pache
ENTRETIEN AVEC DOMINIQUE LANZALAVI
Pourquoi avoir débuté « Temps d’Histoire » sur la Corse par l’implantation sur l’île de la III è République ?
C’est une période peu connue du public que j’ai voulu éclairer avec des historiens. Cette implantation au plan national et corse intervient après des atermoiements enregistrés tout au long du IXX è siècle. C’est une époque de modernisation de l’île, dont la réalisation du train. C’est aussi l’époque où les bonapartistes ont de l’influence ici et à Paris. Par ailleurs bon nombre de candidats aux élections vont venir se faire élire en Corse, puisque la loi permet de susciter les suffrages des électeurs dans plusieurs départements. Exemples les Combes, des Doumer, Rouher ou Arène…
D’où vous est venue l’envie de créer « Temps d’Histoire » ?
Je suis historien de formation, non un chercheur ! Depuis longtemps je fais carrière dans l’audiovisuel. Il me semble donc intéressant de faire sortir le savoir des facultés pour le transmettre au public. J’ai voulu également faire débattre entre eux des historiens sur une période donnée… ce qui n’est pas si fréquent ! Les magazines de « Temps d’histoire » se veulent des émissions de plateau comportant aussi deux reportages par émission.
Cette idée a-t-elle vite convaincu France 3 Corse – Via Stella ?
Cette idée Thierry Pardi me l’a soumise parce que j’étais l’auteur d’une série d’émissions sur les trésors du patrimoine corse. J’ai accepté d’autant plus rapidement cette proposition que la vulgarisation me plait et qu’elle rencontre une appétence auprès des gens comme le prouventles émissions de radio qui lui sont consacrées.
Qu’est-ce qui est le plus caractéristique dans la période de l’implantation de la III è République ?
Cette période est, en fait, une sorte de parent pauvre de l’histoire. Peu de personnes savent qu’après Louis XVI il y a encore eu trois rois de France ! Or, quand la République s’installe s’effectue un basculement à Paris et ici. En Corse émergent des familles qui vont être importantes dans la vie publique. Avec la République apparait le clivage gauche- droite. Il peut encore paraitre paradoxal, que des personnalités insulaires jouent un rôle marquant non seulement sur l’île, mais en France continentale et au niveau international.
Quelle place accorder à un Napoléon-Jérôme Bonaparte, surnommé Plon Plon ?
C’est un cousin germain de Napoléon III. Il incarne la gauche du mouvement bonapartiste. En face de lui il trouve sur sa route Eugène Rouher, appelé le « vice-empereur », qui se revendique chef des bonapartistes légitimistes, donc de droite. Autre opposant à Plon Plon, son fils, Victor Bonaparte. A la chute de l’Empire et au commencement de la République on distingue trois partis : républicain, monarchiste, bonapartiste. On souligne souvent que le premier président républicain est Jules Grévy, élu en 1879.
De quand date la fin des bonapartistes à l’échelle nationale ?
Etre bonapartiste c’est vouloir rétablir l’Empire. Lorsque meurt le Prince Impérial en 1879, il n’y a plus de descendant direct de Napoléon III et les bonapartistes perdent en influence même si le mouvement survit. Etre bonapartiste à cette époque revient à se référer à l’autorité et à un pouvoir fort. Mais en même temps naît une nouvelle élite que symbolise une personnalité comme Emmanuel Arène, qui s’appuie sur des réseaux d’affaires et sur la presse.
« Temps d’Histoire » ne suit pas un ordre chronologique. Pour quelles raisons ?
A la chronologie j’ai préféré la diversité des thématiques.
Vos magazines font un détour par les corsaires et les barbaresques. Quelles questions cela soulève-t-il ? Pareil pour la période médiévale ?
Corsaires et barbaresques ont sillonné la Méditerranée du XVI è au XVIII è siècle, donc pendant longtemps. Dans « Temps d’Histoire » il ne s’agit pas de se limiter à la Corse seule,mais de l’envisager dans son contexte méditerranéen et de l’Europe du sud et cette contextualisation est importante. Pour la période médiévale nous allons examiner les jeux de pouvoir entre les puissances méditerranéennes et leurs conséquences en Corse. Nous verrons que les seigneurs insulaires en passant d’un camp à l’autre parviennent à conserver une certaine autonomie… Mas il ne faut pas se tromper : la Corse médiévale c’est une autre Corse…
Comment choisissez-vous vos intervenants ?
Tous sont des spécialistes… Jean Paul Pellegrinetti est, par exemple, professeur d’histoire à l’université de Nice et directeur adjoint du Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine. Pierre Allorant, professeur du droit des institutions de l’Université d’Orléans, est président du comité d’histoire politique et parlementaire. Mais nous invitons aussi des jeunes, tel Jacques Bartoli, professeur d’histoire et doctorant, auteur d’une thèse sur César Campinchi. J’ai tenu à ce que les débats entre historiens se déroulent dans la bibliothèque Fesch, haut lieu de savoir.
Abordez-vous l’apparition des mouvements régionalistes ?
Dans « L’implantation de la III è République en Corse » nous avons parlé de Santu Casanova. Dans notre prochain magazine nous évoquerons A Muvra, prémices du mouvement autonomiste.
Pourquoi rien sur les arts en Corse ?
On ne se l’interdit pas ! On vient tout juste de commencer « Temps d’Histoire ».
Propos recueillis par M.A-P
PHotos : crédit photos Dominique Lanzalavi