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Core in fronte : une alternative indépendantiste et sociale

Dans les prochains mois, à un militantisme de vterrain incisif et au leadership de Paul-Félix Benedetti, devrait s'ajoiuter la mise en place d'une force nationaliste indépendantiste élargie.....
Core in fronte : une alternative indépendantiste et sociale

Dans les prochaines mois, à un militantisme de terrain incisif et au leadership de Paul-Félix Benedetti, devrait ajouter la mise en place d’une force nationaliste indépendantiste élargie se positionnant en alternative politique et sociale à la majorité territoriale autonomiste dirigée par Gilles Simeoni.

Il y a quelques jours, à Corti, a eu lieu l’Assemblée Générale de Core in fronte. Un peu plus de 150 militants étaient présents. Il est apparu que l’objectif majeur de cet événement était d’entériner une évolution aussi définitive que majeure. Sans pour autant renoncer à ses fondamentaux, Core in fronte entend manifestement franchir un cap. En effet, après sa création en 2018, le parti indépendantiste avait conservé la culture activiste et contestataire d’U Rinnovu Naziunale, petit groupe animé par un noyau de militants et la forte personnalité de Paul-Félix Benedetti.
Dans les prochaines mois, à un militantisme de terrain incisif et au leadership de Paul-Félix Benedetti, devrait s’ajouter la mise en place d’une force nationaliste indépendantiste élargie se positionnant en alternative politique et sociale à la majorité territoriale autonomiste dirigée par Gilles Simeoni. Ceci a été validé durant les débats. Les cadres et les militants l’ont d’ailleurs fait à partir de l’expression préalable et unanime de trois satisfecit. Leur parti est resté fidèle à une ligne éthique inspirée par ces mots de Pasquale Paoli « Avanzà u Corsu, core in fronte è strada dritta ». Leur parti, à l’occasion des élections territoriales de juin dernier, a affirmé son influence au sein de la mouvance nationaliste et aussi de l’ensemble de l’électorat (présence au second tour, près de 17 000 voix, 12,3% des suffrages exprimés, 6 élus à l'Assemblée de Corse). Leur parti est en capacité d’être le socle d’une dynamique de libération nationale et sociale. La motion d’orientation générale qui a été adoptée dessine d’ailleurs cette dynamique.


Appui sur les racines historiques du nationalisme

D’abord, cette dynamique s’appuiera sur les racines historiques, passées et contemporaines, du nationalisme corse. Core in fronte se réclame de « la continuité de l’expérience paoliste » et du « droit inaliénable de la Corse à la souveraineté ». Core in fronte s’inscrit clairement dans les volets politique et social de la lutte de libération nationale qui a été et reste portée par les clandestins (comme l’ont récemment confirmé les FLNC Union des Combattants et 22 octobre). Il le fait en particulier en rendant un vibrant hommage « à tous ceux qui depuis A leva di u settanta ont sacrifié leur liberté et leur vie pour que vive le peuple corse, en particulier les militants du FLNC qui, depuis 1976, portent au niveau le plus fort et le plus périlleux le message de la Lutte de Libération Nationale et Sociale » ainsi qu’en en confirmant son engagement « pour le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple corse. » Enfin Core in Fronte rejette toute conception de la communauté de destin qui tend à automatiquement reconnaître la qualité de Corse et les droits afférents, à quiconque réside de façon permanente dans l’île depuis un temps donné ; et affiche en conséquence sa fidélité à la conception exigeante qui a été définie dans le « Livre blanc » du FLNC durant les années 1980, caractérisée par une opposition à « la logique de colonisation de peuplement » et une affirmation que « la seule communauté de droit sur la terre corse » est « le peuple corse communauté historique et culturelle vivante ».

Engager un processus d’autodétermination et tirer profit du rapport Mastor

La motion d’orientation générale indique aussi que Core In Fronte n'acceptera pas la moindre limite au droit du Peuple corse à l’exercice total de la souveraineté nationale : « Les résultats des élections en Corse, depuis 2015, démontrent que les corses ont pris conscience d’un avenir commun, fondé sur des institutions politiques qui doivent permettre un accès progressif à la souveraineté. » Pour le mouvement indépendantiste, il est en effet évident que « la Collectivité unique, créée au 1er janvier 2018, ne saurait être la panacée institutionnelle pour les 20 prochaines années » et que « 46 ans après Aleria, et de nombreux sacrifices, ne peut rester sur le bord du chemin de l’histoire et de l’accès à la souveraineté. » En ce sens, Core In Fronte se propose donc d’engager, avec d’autres, un rapport de force sur les institutions avec l’État. Il précise toutefois que cela ne relèvera pas du tout ou rien, mais de la volonté d’engager un processus négocié d’autodétermination : « Notre pays doit ainsi être doté d’un pouvoir législatif fort, et de compétences exclusives dans de nombreux domaine […] Core In Fronte, mouvement indépendantiste, fera valoir, dans les prochains mois, sa proposition d’autodétermination pour le peuple corse, à travers une proposition démocratique en deux étapes : une période d’autonomie avec compétences exclusives, puis, après une échéance de dix années, un referendum d’autodétermination, après définition d'un corps électoral légitime, pour choisir la possibilité de la pleine souveraineté.» Et il le fera en défendant « un projet de Titre XII Bis pour la Corse » ! Usant d’ailleurs ainsi de l’opportunité qu’offre le rapport Mastor qui, parmi ses options, évoque l’inscription de la Corse dans un Titre de Constitution…

Pour un projet de société de gauche

Enfin, la motion d’orientation générale redit la volonté exprimée par Corse in fronte, durant la récente campagne des élections territoriales, de construire « un projet de société libérateur » et d’ainsi donner ainsi un contenu économique et social pouvant être qualifié de gauche, à la reconquête par le Peuple corse de ses droits nationaux. Il est en effet avancé que ce projet devra être fondé sur les orientations suivantes : « rejet de la suprématie du « tout marché », partage des richesses, régulation économique des initiatives privées, combat légitime contre toutes les inégalités, respect des droits sociaux et des équilibres environnementaux », et sera ainsi en opposition avec le « cadre ultra-libéral, tel qu’il est porté aujourd’hui, au sein de l’Europe. » Ce qui diffère sensiblement de l’option de l’actuelle majorité territoriale autonomiste et d’ailleurs aussi des options des deux précédentes mandatures « Per a Corsica » car toutes trois n’ont jamais remis en cause la nature économique et sociale de l’Union Européenne. A y bien regarder, si on considère objectivement leurs positionnements institutionnel, économique et social, et aussi le fait que tous deux ont bien défini les contours organisationnels et idéologiques de leur camp, on peut affirmer que le match en cours Benedetti / Simeoni est appelé à durer au moins jusqu’à la prochaine échéance territoriale et à rester musclé.


Pierre Corsi
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