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Menace d'orage dévastateur sur l'Exécutif corse

Gilles Siméoni met en accusation l''Etat français qui , selon lui, est pour partie responsable des décisions prises entre 2003 et 2007 et qui sont à l'origine de l'amende colossale .

Menace d’orage dévastateur sur l’exécutif corse


Gilles Simeoni, président de l’exécutif de la CdC, a prévenu qu’il allait demander à l’Assemblée de Corse de ne pas inscrire au budget les 86,3 millions d’euros désormais dus à la Corsica Ferries. Il met en accusation l’État français qui, selon lui, est pour partie responsable des décisions prises entre 2003 et 2007 et qui sont à l’origine de l’amende colossale. C’est donc une épreuve de force qui débute avec à la clef une possible mise sous tutelle de l’état ce qui constituerait une suprême humiliation.


Gilles Simeoni a en partie raison factuellement


Le président de l’exécutif a détaillé la genèse des facilités accordées à l’époque à la SNCM afin de favoriser l’emploi de l’industrie navale et une compagnie maritime en train de couler. « À l’époque, c’est l’État qui impose l’achat du Napoléon Bonaparte, un ferry surdimensionné, mais qui permet de faire travailler les chantiers navals français. C’est donc l’État qui décide ce service complémentaire.
Parallèlement, il accorde à la Corsica Ferries l’aide sociale pour le transport des passagers… L’État sait d’ailleurs qu’il est fautif. Il n’effectue aucun contrôle de légalité et il ne notifie pas la délégation de service public à la Commission européenne. » Ce qui est totalement exact et ce que dénonçaient justement les quatre employées de l’Office des transports qui ont été licenciées pour avoir signalé cette anomalie. Le moins qu’on puisse dire est que la CdC n’a pas la reconnaissance du ventre puisqu’elle n’a pas renoncé à ces licenciements. Mais nous y reviendrons dans un mois quand le résultat de l’appel voulu par la CdC contre ces quatre personnes tombera.
En attendant la Corse est la victime d’une double incurie : celle de l’État évidemment qui, une fois encore, pour acheter la paix sociale a violé ses propres lois et règlements, ceux de l’Europe, mais aussi ceux de la Corse, qui trop contente de l’aubaine ne s’est pas saisie de l’infraction pour la dénoncer et surtout n’a pas provisionné le budget en prévision de ce paiement comme l’a fait remarquer à juste titre le préfet dans une lettre comminatoire. Mais la procrastination semble rester un mode de gouvernement qui finit toujours par se refermer sur ceux qui la pratiquent.

Un orage en préparation


Le problème est que comme l’a signalé le Journal de la Corse, la nouvelle majorité a continué de cheminer hors des clous espérant vraisemblablement continuer de bénéficier de la mansuétude étatique et oubliant le gendarme européen qui veille jalousement au grain. « La Commission européenne ne veut plus de délégation de service public dans le maritime même si elle ne l’écrit pas » analyse Gilles Simeoni avec justesse.
L’Europe veut la concurrence et la DSP fausse cette concurrence.
C’est dire si Corsica Linea, mais aussi la CdC a du souci à se faire dans le maritime, mais également dans l’aérien où Air France mise désormais sur ses compagnies low coast laissant Air Corsica seule face aux aléas de la conjoncture.
Nous allons donc devoir affronter un orage économique qui clôt soixante-dix ans d’assistanat dans le domaine des transports. Il est vraisemblable que sur la question de l’amende, un gentleman agreement sera trouvé qui ressemblera à un échelonnement de la dette rendu moins douloureux grâce à l’inflation. C’est en tous les cas la solution vers laquelle il va falloir tendre, car la situation de la majorité nationaliste est extrêmement médiocre.
Le refus de payer de l’exécutif n’est légalement pas possible et le préfet menace de se substituer à l’exécutif pour inscrire la somme de l’amende au budget. Hors la CdC n’a pas les moyens de payer sauf à sacrifier des postes. Et le dispensateur de l’argent dont vit la Corse est tout simplement l’État français. On peut toujours adopter des postures de petit coq : c’est la France qui tient les cordons de la bourse. Là s’arrête l’équation à zéro inconnue. La Corse est donc condamnée à tenter de sauver les apparences puis à faire une révolution dans le domaine des transports. En attendant, l’exécutif a déposé un recours devant les instances européennes ce qui ne va certainement pas faciliter le dialogue avec l’État et le risque au bout du chemin d’une mise sous tutelle de la Corse ce qui représenterait une nouvelle humiliation, mais aussi la faillite de la majorité économique et morale de la majorité actuelle.

Tout changer pour survivre


Le système ancien de la DSP est condamné. Il faut donc proposer un autre système et il pourrait être le suivant : une DSP saisonnière durant l’automne, l’hiver et une partie du printemps. Puis, lorsque revient la période touristique laisser jouer la libre concurrence. À cette condition, les habitants de la Corse peuvent espérer conserver un service public qui ne soit pas trop catastrophique.
Mais si d’aventure, la majorité se prenait à croire qu’elle est en mesure d’entamer une épreuve de force ouverte avec l’État elle risque fort de devenir le fossoyeur de notre économie parce que sans transport, il n’existe plus grand-chose quand on vit sur une île. Et la Corse une île état qui risque de durer encore fort longtemps.

GXC
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