A droite : nouvel horizon et peu-être nouvelle étoile
Le parti Les Républicains peut désormais espérer revenir au premier plan.
A droite : nouvel horizon et peut-être nouvelle étoile
Le parti Les Républicains peut désormais espérer revenir au premier plan. Un horizon autre que celui proposé par Laurent Marcangeli, s’ouvre devant la droite et le centre droit insulaires.
Le 9 octobre dernier, au Havre, devant un parterre d’élus venus des quatre coins de France, le maire de la ville Édouard Philippe a annoncé la création de son parti : Horizons. Laurent Marcangeli en était. Sa présence n’a surpris personne. Il est bien connu que le maire d’Aiacciu et l’ancien Premier Ministre entretiennent des liens amicaux. En juin dernier, venu à Aiacciu dédicacer son livre « Impression et lignes claires », Édouard Philippe a d’ailleurs dit tout le bien qu’il pensait du premier magistrat de la ville : «Je connais Laurent et je sais ce qu’il vaut. Je sais qu’il a tout ce qu’il faut pour être un excellent président de l’Exécutif.»
De son côté, malgré le contexte électoral, Laurent Marcangeli a alors assumé son amitié avec une personnalité ayant incarné durant trois ans une politique Macron étant réputée peu populaire en Corse : «Je reçois un ami et je suis heureux qu’il vienne ici pour dédicacer son livre. Il m’a demandé si le calendrier ne me gênait pas, et je lui ai dit qu’il était le bienvenu.» Il est bien connu aussi qu’Édouard Philippe et Laurent Marcangeli sont porteurs de convictions communes et ont fait de mêmes choix. Ils s’identifient à une droite libérale et énergique mais soucieuse d’éviter des ruptures sociales et sociétales. Ils s’opposent à une droite clivante dont certaines idées sont proches de celles développées par le Rassemblement National ou Eric Zemmour. Ils ont quitté Les Républicains. Ils soutiennent l’action d’Emmanuel Macron et seront à ses côtés si ce dernier sollicite un deuxième mandat présidentiel.
Au début de l’automne, Emmanuel Macron étant en position de force dans les sondages, aucun(e) candidat(e) ne paraissant en mesure de l’emporter face à ce dernier, Édouard Philippe et son parti Horizons apparaissant incontournables dans une future majorité présidentielle et Les Républicains étant divisés, une évidence semblait se dessiner : Laurent Marcangeli serait, à l’issue des élections présidentielles, renforcé dans sa position d’unique leader de la droite corse.
Mais, depuis quelques jours, la situation a évolué. Ayant été snobé par Laurent Marcangeli lors des dernières élections territoriales, le parti Les Républicains peut espérer revenir au premier plan et à nouveau peser lourd. Cette perspective favorable est une conséquence de la victoire de Valérie Pécresse à l’issue de la primaire Les Républicains. En effet, les concurrents de la présidente de la Région Ile-de-France s’étant tous et immédiatement rangés derrière elle pour la soutenir dans son combat contre Emmanuel Macron et cette dernière ayant, en quelques jours, considérablement progressé dans les sondages, un horizon autre que celui proposé par Laurent Marcangeli, s’ouvre devant la droite corse.
L’heure de François-Xavier Ceccoli ?
Si le sursaut de Les Républicains est validé par les électeurs en avril prochain et débouche sur la victoire de leur candidate, l’impact sur la vie politique corse sera probablement plus que significatif.
Premièrement, cela remettra en question des situations et des équilibres qui avaient été définis et plus ou moins admis à droite. Laurent Marcangeli sera sous la menace de voir remis en question son leadership régional. Jean-Martin Mondoloni qui ne dispose d’aucune assise militante, risque fort de perdre la position de leader nordiste qui lui avait été consentie à l’occasion des élections municipales de Bastia et du scrutin territorial.
Deuxièmement, si Valérie Pécresse prend ses quartiers à l’Elysée, il est probable que son gouvernement et Les Républicains seront enclins à rappeler à l’ordre des élus de droite qui du Cap Corse aux Bouches de Bunifaziu, et ce depuis quelques années, ne défendent plus guère les couleurs de leur camp et se laissent aller à pratiquer le grand écart entre un soutien à la politique d’Emmanuel Macron et des coups de pouce discret mais bien réels aux majorités nationalistes. Troisièmement, il est plus que plausible qu’à l’occasion des élections législatives, si Valérie Pécresse l’emporte, des candidats Les Républicains seront au moins des adversaires très dangereux pour les députés sortants nationalistes, en particulier dans les deuxièmes circonscriptions très marquées à droite de Haute-Corse et de Corse du Sud dont les députés sortants sont Jean-Félix Acquaviva (Femu a Corsica) et Paul-André Colombani (Partitu di a Nazione Corsa). Enfin, quatrièmement, François-Xavier Ceccoli pourrait bien tirer à son profit les plus beaux marrons du feu. Ce dernier apparaît en effet comme étant particulièrement bien placé pour devenir l’homme le porte-drapeau d’un nouvel horizon de la droite. Le maire de San Giulianu et président de la fédération Les Républicains de Haute-Corse a gagné cette situation enviable à l’occasion des dernières élections territoriales. En effet, ayant jugé qu’il n’était proposé qu’une place insuffisante aux candidats et propositions de son parti, et bien qu’étant conseiller de Corse sortant, il a refusé d’être présent sur la liste Laurent Marcangeli- Un Soffiu Novu. L’esprit militant, la rigueur politique et l’intransigeance dont l’intéressé a su faire preuve, l’autorisent aujourd’hui à parler haut et fort au nom de son parti et à s’afficher comme un soutien majeur de Valérie Pécresse. Nouvel horizon à droite. Et peut-être nouvelle étoile…
Pierre Corsi