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Les nationalistes ? Combien de divisions ?

Il n'est pas de pire situation que celle qui place face à face deux faiblesses.

Les nationalistes  ? Combien de divisions ?


Il n’est de pire situation que celle qui place face à face deux faiblesses. Or’état français n’a jamais été aussi faible en témoigne les différentes explosions antiautoritaires qui vont des Gilets jaunes jusqu’aux rassemblements anti-passe sanitaire en passant par le jaillissement du phénomène empoisonné de Zemmour. Mais l’exécutif corse est en plus mauvaise situation. Famélique en termes de résultats, gonflé de suffisance électorale, il se heurte au pouvoir central (incarné sur place par un préfet qui ne sait pas non plus y mettre les formes), il va tout droit à la catastrophe s’il ne parvient pas à faire en sorte que l’adversaire étatique puisse sauver la face.

Trois sujets sur la table


Les propos les plus intelligents formulés sur le conflit entre la Corse et l’État l’ont été par Laurent Marcangeli et Pierre Félix Benedetti, vraisemblablement stimulés par leur situation minoritaire à l’assemblée. Rappelant que nous entrons dans la période électorale, le maire d’Ajaccio a indiqué : « Est-ce servir la Corse que de la mettre (la négociation) dans la campagne électorale, j’en doute dès lors que je ne sais pas si les éléments de discussion seront rationnels. » Il avait le 22 octobre dernier fait valoir que la question des prisonniers par exemple n’avait pas « la même dimension à Ajaccio qu’à Paris ». Et c’est un euphémisme. Pour Paul Félix Benedetti, « il s’agit d’expliquer le sens du texte que nous avons voté ensemble, de sorte qu’il n’y ait pas de crispation et qu’en période électorale, on n’en fasse pas un enjeu pseudo-sécuritaire avec des surenchères malvenues. »
C’était parler d’or. Jean-Christophe Angelini, vraisemblablement pressé de faire jeu égal avec Gilles Simeoni, a malheureusement admonesté le gouvernement sans en posséder les moyens : « Le point d’entrée “pour toute négociation et évolution, celui des trois prisonniers dont on attend le rapprochement sans condition et sans délai, on nous donne et des conditions et des délais.” Or, pour l’instant, le gouvernement par la voix du Premier ministre n’a posé aucune condition et n’a énoncé aucun délai. Il a tout simplement dit non au rapprochement de Ferrandi et d’Alessandri. Puis, Angelini parle d’une proposition de l’État, dont personne n’a entendu parler, qui consisterait “à récupérer de la somme environ selon les modalités qui sont encore en pourparlers. Tout le monde l’a dit, nous considérons que globalement le compte n’y est pas et qu’il y a lieu de continuer à débattre.” Le joueur de cymbales se prend pour le chef d’orchestre. Et, cerise sur le gâteau, il demande, que dis-je il exige l’autonomie tout de suite. Comme ça, on est certain que la réponse sera non à tout.

La question de la méthode


En 1935, Staline répliquait à Pierre Laval qui lui parlait des libertés religieuses en URSS : “Le pape ? Combien de divisions”. Quel est le bilan actuel du rapport de forces état/nationalistes ? 200 personnes faisant le pied de grue devant la préfecture ? Les échecs incessants de la gestion majoritaire ? Qu’est-ce qui permet à ces élus nationalistes d’exiger. Le droit ? Depuis quand est le droit est l’étalon de la politique des états  ?
Certes, pour ce qui concerne les prisonniers ils ne demandent que l’application du droit. Certes l’état est grandement fautif dans l’affaire de la Corsica ferries. Certes la Corse pourrait être dotée d’un statut d’autonomie. Mais jeter est-il vraiment habile de jeter tout cela en vrac sur la table de négociations ? C’est tout simplement inaudible pour un pouvoir qui aborde les élections présidentielles. Pourtant, le rapprochement de deux des prisonniers est toujours possible. Comment croire, en effet que le président Macron pourrait accepter de transférer aujourd’hui Yvan Colonna au risque d’être écharpé par ses concurrents ? Alors oui il est humiliant d’être petit devant une puissance tutélaire qui ne démontre pas son esprit de justice.
C’est d’ailleurs à peu près ce qu’ont ressenti à leur niveau les adversaires de Gilles Simeoni quand ils ont été exclus de tout centre de décision. Il reste toutefois essentiel pour l’exécutif corse d’obtenir une victoire même partielle. Les nationalistes peinent à tirer les leçons de leurs échecs et, phénomène paradoxal, excellent à transformer leur victoire électorale en une promesse de défaite future. Quant à nouveau Matignon proposé par Jean-Charles Orsucci, cela relève aujourd’hui du rêve. Après une éventuelle victoire de Macron peut-être ? Chaque petit paon insulaire regarde la queue de son adversaire et tente de mieux faire la roue que lui au lieu de peaufiner sa tactique au regard d’une stratégie. Dans de telles conditions, c’est Paris qui sera gagnant, car il est le maître des horloges et le grand argentier. De la finesse, de l’intelligence et de l’humilité, voilà les ingrédients d’une bonne négociation faute desquels on court à l’échec.

GXC
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