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" Tomasi par Tomasi "

Un hommage, hymne à la vie. Un spectacle conçu par Bertrand Cervera et Marc Tomasi

« Tomasi par Tomasi »
Un hommage, hymne à la vie



Moment de magie pour célébrer le 150 è anniversaire de la naissance du compositeur, chef d’orchestre, Henri Tomasi auquel le Conservatoire de Corse doit son nom. Ode à l’île, à la Méditerranée que ce spectacle, « Tomasi par Tomasi », conçu par les musiciens, Bertrand Cervera et Marc Tomasi.



Henri Tomasi a composé une œuvre foisonnante.

– poèmes symphoniques, concertos, opéras
– jusqu’à sa mort en 1971. Parallèlement il a collecté, retranscrit, arrangé des musiques traditionnelles corses sauvant certaines de l’oubli. Ce sont ces deux aspects qui ont imprégné l’hommage voulu par Bertrand Cervera, violoniste soliste, chef d’orchestre et Marc Tomasi, compositeur de musique de film. Deux aspects d’un héritage artistique restitué sur la scène du Théâtre de Bastia avec bonheur, poésie et même humour parfois, résonant également dans le péristyle grâce aux élèves du Conservatoire et à leurs enseignants. Enfant d’Ajaccio qui se destinait aux mathématiques avant d’opter pour le choix radical de la musique Marc Tomasi a d’abord fait étape à Paris avant de s’installer à Londres d’où il compose pour le cinéma, la télévision, les séries qu’on lui commande de New York à Tokyo. Marc Tomasi, sans lien de parenté avec Henri, Bertrand Cervera l’a rencontré par hasard. L’idée de l’associer à la conception de l’hommage au plus grand musicien insulaire s’est imposé à lui pour la simple et bonne raison qu’il s’est aussitôt rendu compte qu’un lien très fort unissait les deux Tomasi appartenant à des générations différentes, un lien à vif et vital, celui qui les relie à l’île, à la terre de Corse quand bien même leurs carrières se situent ailleurs.

Bertrand Cervera a donc demandé à Marc Tomasi des arrangements pour des pièces d’Henri Tomasi qu’elles soient classiques ou traditionnelles. Son fil rouge ? Montrer que des musiques du passé peuvent servir de vecteur pour se projeter vers le futur, que la Corse où se marient musique savante et airs populaires, peut être un pont d’envol d’où une création insulaire peut se diffuser à l’international.

Pour établir le programme de « Tomasi par Tomasi » Bertrand Cervera a réécouté beaucoup d’enregistrements et relu de nombreuses partitions d’Henri Tomasi. Il a eu à cœur de mettre en valeur le côté vivant, imagé, coloré des propositions soumises au public. Parmi les œuvres entendues un Divertimento, merveilleux bijou alliant l’étrange, la fantaisie, la réflexion et la suggestion d’une univers picaresque où toutes les surprises sont La chorale des élèves du Conservatoire dans le péristyle du théâtre

bienvenues. Des sérénades. Des variations, par le Quintette à vent du Conservatoire. Des chants dont on ne se lasse jamais : Nininana, Zilimbrina, Ciuciarella, Canzona di a pipa, et le bouleversant Lamentu di l’Alivi. Pour terminer le concert en beauté un nocturne de Marc Tomasi… rêverie douce et légère.

« Tomasi par Tomasi » doit être repris le 23 décembre à Vico et sur toute l’île en 2022. Le spectacle doit encore s’exporter à Paris - à La Sainte Chapelle – et dans d’autres capitales d’Europe


Au chant : Jean-Vincent Servetto, Christophe Mondoloni, Claire Cervera.



ENTRETIEN AVEC BERTRAND CERVERA



Comment Henri Tomasi a-t-il cultivé son ancrage corse ?

Ses parents de Penta di Casinca sont partis travailler à Marseille où il est né. Sa carrière il l’a faite à Paris et à l’étranger. Quand il voulait composer en toute tranquillité il se faisait prêter une maison par des amis dans le village de ses ancêtres. Là, il pouvait rester longtemps à ressentir l’influence de sa terre d’origine et à faire aussi des recherches. Il a retranscrit, réharmonisé des musiques traditionnelles assurant ainsi un travail remarquable.


Le concert-hommage à Henri Tomasi se caractérise par sa diversité. Est-ce pour être à l’image de la sensibilité plurielle du compositeur ?

J’ai voulu, en effet, représenter combien était complexe son œuvre et variées ses sources d’inspiration. Avec les musiciens associés mon souhait était d’interpréter des morceaux qui donnent envie aux spectateurs d’aller découvrir d’autres créations d’Henri Tomasi et que l’ensemble du concert ait une tonalité vivante.


Pourquoi le nom d’Henri Tomasi donné au Conservatoire de Corse ?

Le jour où on lui a proposé la légion d’honneur, il a décliné l’offre en précisant qu’il ne pourrait l’accepter que lorsque la Corse aurait un Conservatoire digne de ce nom… Voilà une raison suffisante !


Le Conservatoire propose désormais en plus de la musique et du chant, de la danse. Est-ce un gage d’attractivité supplémentaire ?

La danse est très importante et le fait que la nouvelle directrice, Jennifer Gamet-Rossi est une danseuse et une excellente chose, car cela doit apporter une vision différente dans l’institution. On notre aussi un renouveau du corps enseignant, bien décidé à aller de l’avant. Ainsi Luc Lautrey, professeur de cor et de formation musicale, qui veut redonner de l’élan à l’orchestre des élèves, pour ne citer qu’un exemple.


D’autres initiatives d’enseignants ?
La chorale, le Quintette à vent, L’Archetti, composé d’élèves de violon de Raphaël Pierre… Cette formation se produit dans beaucoup de manifestations. Elle revisite pour le violon des airs traditionnels.


Quel style de musique privilégier dans un Conservatoire ?

Du Bach, du traditionnel, du contemporain, il faut tout interpréter. Tout entendre. Suivons l’exemple du Brésil où les conservatoires nationaux enseignent à 50% de la musique traditionnelle !... À retrouver également la façon de jouer de chaque village, accordée à sa façon de parler le corse, un moyen de lutter contre l’uniformisation.


Qu’est-ce qu’un professeur de musique peut attendre d’un élève ? Et réciproquement ?

Chaque enfant devrait avoir la possibilité d’accéder à l’apprentissage du son. Plus on connait le langage musical plus on s’enrichit. Cette connaissance peut être acquise par tous, en particulier par le biais de l’éducation populaire. Il faudra également convaincre chaque musicien tout au long de son parcours musical de se remettre perpétuellement en question, car c’est là un viatique qui permet de dépasser les limites qu’on trouve sur son chemin.


Les qualités requises d’un débutant ou d’un musicien confirmé ?

Avoir envie… Avoir la capacité de travail… Je ne crois pas à l’oreille ! Tout s’apprend. On peut toujours surmonter un handicap physique. Si une œuvre n’est pas accessible, on en choisit une autre… En musique il n’y a pas de hiérarchie et on se doit d’aller au bout de soi. Ce qui est ennuyeux en France c’est la manie des concours qui finit par tuer les vocations.


Les conséquences de la pandémie sur le monde de la musique ?

Pour continuer à avancer, à jouer, à faire des projets, à se déplacer à l’étranger les efforts conjugués ont été énergivores et chronophages. Mais on a remis l’outil sur l’établi !


Vos vœux pour le Conservatoire Henri Tomasi ?

Hors de ses pôles d’Ajaccio et de Bastia, il devrait se satelliser encore plus pour offrir à tous la possibilité de la musique. Il faut aussi préserver les échanges entre les générations qui sont enrichissantes pour les uns et les autres.


Vos projets personnels ?

Je suis un nomade. Avec L’Orchestre national de France, avec Richard Galliano, avec diverses formations de musique de chambre je vais faire étape à Londres, à New York, en Bulgarie, aux Pays-Bas, à Gran Canaria. Je viendrai aussi en Corse pour continuer à présenter « Tomasi par Tomasi » et m’occuper du festival, « Sorru in Musica ».



Propos recueillis par M.A-P
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