• Le doyen de la presse Européenne

" Music & Digital Art "

Rinata Shaka, une renaissance

« Music & Digital Art »


Rinata Shaka, une renaissance


La couleur. La lumière. Les émotions à foison, graves ou légères, implacables ou joyeuses… À l’infini. Toujours recommencées. Toujours différentes. Toujours approfondies. Toujours renouvelées. Rinata Shaka ou des visages-paysages de l’âme.



Elle s’exprime par la musique et l’art numérique. Rinata Sahaka est à la fois un nom d’artiste et un nom de projet qui se développe au fil d’un journal en image de ses émotions accompagnées de compositions musicales originales. Dans ce journal l’artiste interroge la colère, la tristesse, la joie, la résistance…toute la gamme des émotions qu’elle capte sur son visage.

Aucune des œuvres qu’elle nous donne à voir est identique à une autre, semblable à une autres. Cette aptitude à la créativité puise, creuse, brasse, traque en elle ce qui apaise ou dérange et vient telle une leçon de vie victorieuse sur les aléas et les traumatismes, qui ne sont plus subis, mais surmontés. Et voilà des obstacles franchis et l’horizon qui s’illumine de flamboyances.

À feuilleter quelques pages de ce journal on saisit qu’il reflète et traduit, par exemple, la légèreté rayonnante de rose vaporeux et de blanc gracile. L’étonnement, lèvres entrouvertes et regard qui interpelle sur fond miroitant de douceur bleue et de vert estompé. Les pensées parasites aux ondes grésillantes à repousser, au flux pernicieux et sournois à endiguer qui malgré tous les efforts imprègnent les traits de son visage de traces douloureuses. La sensibilité et sa palette colorée de parfums d’été. La candeur en son pastel tendre et délicat… Sur ces visages multiples on voyage au pays du sensible jalonné de surprenantes et parfois de déconcertantes découvertes.

L’artiste pluridisciplinaire a grandi à Bastia entre l’école du Centre et le lycée Giocante avant de rejoindre la section arts plastiques de Corte et le département d’histoire. Sous son pseudonyme une fibre universaliste ou plutôt internationaliste, ainsi ce clin d’œil à Shaka, père de la nation zouloue, ce qui ne l’empêche pas d’avoir la Corse aux tripes comme le révèle son investissement dans le mouvement nationaliste insulaire en ses jeunes années. Actuellement Rinata Shaka exerce le métier de compositrice, illustratrice sonore, sound designer à Genève.







Les œuvres de l’artiste sont en couleur. Elles existent également en noir et blanc.







Ecouter – voir


Rinata Shaka est exposée à Genève par « Chacun – Chacune, son paradis » ; par « Madsgellery » de Milan et Fuerteventura. Elle est représentée par « Plogix Gallery » (Londres).

On la retrouve sur « Selfportraits on fire, expo creative on fire », sur « Instagram », « Sound Cloud », rinatashaka.com et sur redbubble.





ENTRETIEN AVEC RINATA SHAK




Comme plasticienne vous avez choisi de vous exprimer par l’art numérique ou digital selon la formulation anglaise. Quelle est votre définition de cette pratique picturale ?


Pour peindre on peut utiliser l’aquarelle, la gouache, la peinture à l’huile sur du papier ou de la toile… Moi, je me sers d’une tablette, d’un ordinateur. L’art numérique se réfère au support employé. Sur l’écran, mon pinceau est un « apple pencil » et je recours à l’application « procreate ».


De votre visage vous dites qu’il est votre toile. À quelle occasion s’est imposée cette idée ?

C’est venu de façon instinctive dans un cadre thérapeutique comportant deux dimensions : se retrouver soi ; appréhender le visage de la névralgie qui m’affecte.

Dans votre travail de plasticienne vous vous qualifiez de petite sœur de Frida Kahlo, la célèbre artiste peintre mexicaine. Pourquoi ?

Les toiles de Frida Kahlo la représentent dans sa maladie et c’est par l’art qu’elle s’est affranchie des mutilations provoquées par un accident. Dans ses autoportraits c’est elle qui maîtrise l’image qu’elle veut renvoyer. Elle est sujet et non objet de sa peinture. Elle est alors un être émotionnel complexe en relation avec son identité de femme et avec son écosystème. D’où son insistance à peindre son buste là où elle a été meurtrie… Moi, je me focalise sur mon visage où se concentrent mes douleurs physiques et psychiques.


Comment êtes-vous passée de la musique, votre vocation première, à l’art plastique ?

J’ai fait des études d’arts plastiques à l’université de Corse et mon ergothérapeute m’a conseillé de renouer avec cette expression artistique afin de structurer mes émotions. Non pour les canaliser, mais pour re-naître à la vie. Je me suis prise au jeu et au fur et à mesure que j’ai approfondi ma connaissance de moi, j’ai pu mieux interroger le monde… Si on ne se comprend pas soi, on ne peut comprendre l’autre !


Que vous apportent les déclinaisons multiples de vos apparences ?

Cela me permet de visiter les facettes de l’être émotionnel que je suis dans sa complexité, sa diversité, ses nuances. Je me recentre sur moi pour aller aux autres alors que dans mon travail de compositrice c’est le processus inverse.


Vos réalisations picturales numériques sont donc tout le contraire d’une approche autocentrée ?

C’est une démarche qui me permet de retrouver ce que l’on désigne par « l’estime de soi » après avoir été victime d’une personne très narcissique et d’un entourage en partie toxique !


Est-ce essentiel d’accompagner vos images de musique sur « Instagram » ?

J’essaie de produire un journal imagé et musical auquel j’ajoute parfois des mots, du texte afin d’avoir l’expérience la plus complète des émotions que je dessine. Sur « Instagram » j’insiste sur les images car c’est le réseau qui veut ça. Sur « Sound cloud » c’est surtout la musique qui prime même s’il y a aussi des portraits.


Comment dessinez-vous vos émotions ?

Quand je ressens une émotion, je me prends en photo. Ensuite je travaille pour clarifier cet instantané de vie.


Pouvez-vous préciser en quoi votre journal en image aide à votre reconstruction personnelle ?

Ce journal est un espace de créativité retrouvée. Sa mise en ligne ou en live change le regard des gens sur moi. Cela m’apporte des relations nouvelles et de nouveaux sujets de discussion. Même si les thèmes sont durs : le chagrin, l’état de choc, le deuil… je les aborde avec douceur parce que c’est en étant apaisé qu’on arrive à faire face aux choses et à profiter de la vie… L’art me reconstruit et par l’art j’affirme une relation à l’autre.


L’art comme thérapie c’est donc bien une réalité ?

Ça me convient en tous cas. L’expression artistique est nécessaire à l’être humain et c’est une manière de se donner rendez-vous à la dérobée. Tout le monde peut faire une note ou une tache de couleur. L’art est un miroir et une pratique assez étonnante qui révèle nos fragilités… L’art n’a rien à voir avec une représentation mondaine. Il réside dans l’appréciation de soi qui autorise ensuite à renouer avec les autres. Si on ne s’aime pas, on ne peut aimer les autres. « Aime ton prochain comme toi-même », est-il écrit dans les Evangiles. C’est une vérité vraie !


Vous êtes en train de réaliser un jeu thérapeutique composé de cartes extraites de votre journal en image. A qui est-il destiné ? Quel est son objectif ?

Il peut servir à des patients ou à toute personne qui veut faire du développement personnel de manière ludique. Avec ce jeu on ne se prend pas au sérieux. On ne lance pas d’injonctions et encore moins d’imprécations. Ce jeu doit susciter le dialogue. Son objectif est que ceux qui y jouent soient maîtres à bord de leur ressenti. Pour ce jeu je collabore avec le coach, Annelaure Pittet.


Dessiner, peindre, composer, pour se retrouver ?

Chaque portrait d’émotion que je fais est « une pièce du château de mon âme » comme le dirait Thérèse d’Avila !



Propos recueillis par M.A-P

Partager :