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Antoine Aiello, directeur de la plateforme Stella Mare

Des bancs à la chaire, Antoine Aiello l'architecte d'une réussite
Des bancs à la chaire, Antoine Aiello l’architecte d’une réussite

Syndicaliste, Docteur, Maître de Conférence, Président de l’Université de Corse ; l’actuel directeur de l’unité de recherche STELLA MARE (Sustainable TEchnologies for LittoraL Aquaculture and MArine REsearch) Antoine Aiello connait un parcours fulgurant, tout réussi à celui qu’on appelait le « bébé Corte ».
Retour sur le parcours de cet universitaire convaincu qui a profondément marqué et transformé les institutions dans lesquelles il a milité.



Au commencement était la CSC

Le jeune Antoine Aiello rentre sur le campus cortenais en 1991 pour une licence de physique appliquée, il ne le quittera qu’en 2012 à la fin de sa seconde présidence.

Le contexte du campus de ces années-là est tendu, les manifestations sont nombreuses, la réponse de l’état est dure, la vie politique se retrouve à part entière dans les amphithéâtres.
Corte est ce laboratoire politique où toutes une génération de corses se sensibilise, s’élève, émancipe. Il y a indéniablement à ce moment, une dimension politique, militante à faire le choix d’étudier à Corte.
Et Antoine Aiello le sait, il intègre la Cunsulta di i Studienti Corsi (CSC) dès son premier jour à Corte.
Un choix militant qu’il qualifie aujourd’hui encore de « cohérent », une lutte d’étudiants nationalistes dans le rapport de force permanent avec l’Etat pour développer l’université, cet outil d’émancipation qui « permet aux corses de maîtriser leur avenir ».
L’engagement syndical lui permet entre autres de connaitre très tôt, le fonctionnement interne de la faculté, ses conseils, ses organes, son organisation.
Une avance non négligeable qui lui permet de se faire une idée déjà de ce qu’il faut changer, ce qu’il faut conserver et comment y arriver.
Cette génération de syndicalistes, militants politique, a été très bénéfique pour l’université.
La parole d’acteur qui avait une proximité avec le territoire, n'a fait qu’orienter vers l’innovation et les réels besoins de l’institution qui ne faisait que survivre à l’époque, conforté par le bien-fondé de son engagement, Antoine Aiello le militant ne quittera jamais vraiment Antoine Aiello le président « On parvenait à faire bouger les lignes avec un mode opératoire de militant de terrain »


20 années remplies et rythmées par les réussites

-1996. Docteur avec mention très honorable et félicitations du jury à 26 ans pour ses travaux sur la « modélisation et simulations des systèmes complexes ».
-1997. Le Conseil National des Universités remarque les nombreuses publications du jeune docteur Aiello, publications qui lui permettent de passer à 27 ans le concours de Maître de Conférence dans deux sections, la 61ème (Génie informatique, automatique et traitement du signal) et la 27ème (Informatique).
-1998. Recruté à l’IUT par Jacques-Henri Balbi, il devient chef des départements et ouvre les premières licences professionnelles multimédias.
-2001. Directeur de l’IUT, il ouvre les deux départements de Génie Civil et Hygiène Sécurité Environnement, deux filières d’excellences en adéquation avec la dynamique politique du Programme Exceptionnel d’Investissements porté à l’époque par Jean Baggioni et Jean-Claude Guazzelli.
-2002. Antoine Aiello devient président de l’Université de Corse, le plus jeune de France, réélu en 2008, il quittera ses fonctions en 2012.
10 années de présidence qui auront permis à la faculté de se défaire d’entraves institutionnelles et administratives, tout cela grâce à la vision, la pugnacité d’un homme.
Ouverture de la PACES, fin des normes SANREMO , une nouvelle filière sciences politiques, PaoliTech, le taux de réussite en licence sera doublé, le CNRS labélisera les deux Unités Mixtes de Recherche, les plateformes Myrte/Stella Mare/M3C, première université à l’autonomie dans le cadre de la loi LRU (Loi relative aux libertés et responsabilités des universités).

Le serviteur de la Science

Une fois la révolution qu’a été sa présidence terminée, Antoine Aiello est nommé directeur de la plateforme de recherche STELLA MARE.
Stella Mare est un institut de recherche marine pas comme les autres. Créé en 2011 par l'université de Corse et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), avec l’idée de lutter contre la surpêche.
Les efforts visant à réduire la surpêche se sont largement concentrés sur le renforcement des contrôles et de la police, avec un succès limité. Stella Mare a une approche différente : élever les espèces à pêcher.
Une institution jeune, pour l’un peu « moins » jeune directeur

Ici aussi, de nombreux défis ont été relevés pour concrétiser les convictions, la vision du système Aiello « On a su prévaloir contre des esprits. Et force est de constater que les résultats sont toujours présents, et ils parlent d’eux même. Oursin violet, langouste rouge, huître plate, corb, denti… Les chercheurs du centre Stella Mare assurent la reproduction des espèces menacées d’extinction.

En mai 2021, Stella Mare a annoncé une percée. Elle a élevé six langoustes juvéniles 83 jours après l'éclosion des œufs. Ce taux de survie "encourageant" de 50 % constituait une avancée scientifique majeure. Le succès est similaire avec l'araignée de mer européenne : l'institut a élevé plus de 1 200 juvéniles cette année, dont plus de 70 % ont survécu.

Les gains pourraient être énormes. Le métabolisme des larves de langouste est affecté par la température, de sorte que la vitesse de leur croissance peut être accélérée dans des conditions contrôlées. Il faut 12 mois aux larves pour devenir des juvéniles dans l'Atlantique, cinq mois en Méditerranée, et seulement trois dans le laboratoire de Stella Mare. Une fois ces techniques affinées, l'institut a pour objectif d'étendre le processus et d'élever des espèces par millions, en utilisant des bâtiments spécialement construits pour élever des homards en bassins.

L'objectif est de maîtriser la reproduction et l'élevage d'espèces « ingénierées », C'est le cas de l'huître plate, une espèce que les producteurs corses n'avaient pas réussi à cultiver jusqu'à présent. 500 000 huîtres poussent dans l'étang de Diana, et ce nombre devrait passer à 4 millions en 2022. Ces huîtres ont également été introduites dans le port de Bastia, les scientifiques ont montré qu'elles pouvaient bio-nettoyer" l'équivalent du volume d'eau du port en une semaine.


Un travail colossal qui vaudra à Antoine Aiello la médaille de l’innovation du CNRS en 2021.
La Corse rayonne grâce STELLA MARE et à l’international en plus !
Leader mondial de la recherche sur les espèces précédemment énoncées ; la plateforme veut mobiliser, transformer le réel par conviction. Un travail d’arrache-pied dans la course contre la montre qu’est la dépopulation des eaux méditerranéennes.
Que ce soit pour le maintien des stocks, la restauration écologique et l'exploitation des services écosystémiques, Stella mare utilise des voies de valorisation originales, avec pour objectif d'être le fer de lance de la création d'une bioéconomie bleue bien au-delà de la Corse.
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