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Coivid en Corse : les conséquences d'Omicron

22 mois aprés le le premier confinement, le variant Omicron touche sévèrement la Corse.

Covid en Corse : les conséquences d'Omicron

22 mois après le premier confinement, le variant Omicron touche sévèrement la Corse. Anciennement élève modèle, l’île est désormais dernière de la classe des régions métropolitaines en termes de vaccination. Alors que les mesures mises en place pour freiner la pandémie ont changé à plusieurs reprises, l’exaspération générale est palpable et les mouvements sociaux se multiplient. Point sur la situation.



Au 15 janvier, l’épidémie reculait déjà en Corse, avec un taux d'incidence de 2 322 cas pour 100 000 habitants, contre 2 615 cas la semaine précédente. Les taux baissaient dans toutes les tranches d'âges hormis les plus jeunes (0/9 ans et 10/19 ans). Le mouvement de grève nationale le jeudi 13 janvier, reconduit le 20 janvier a, du fait de cette situation, été très suivi dans l’île. À l'appel d'une dizaine d'organisations syndicales (Snalc, Sgen-Cfdt, STC, FSU, Unsa, FO et FCPE...), le corps enseignant et les personnels des établissements se sont opposés aux nouvelles modalités du protocole sanitaire.

L’Education nationale dans l’incompréhension générale

En cause, le non-remplacement de nombreux professeurs, mais aussi les mesures en elles-mêmes : les plus problématiques étant la non-fermeture des classes touchées par le virus, ainsi que la multiplication des auto-tests pour les enfants. Parmi les grévistes, une professeure proche de la retraite donnait cette analyse : « aujourd’hui, les élèves cas-contacts peuvent revenir en classe avec un autotest négatif et une déclaration sur l’honneur des parents, ce n’est certainement pas assez pour freiner la propagation du virus, mais surtout ce n’est vraiment pas rassurant ! » Des mesures mises en place d’autant plus remises en question qu’elles ont changé trop souvent selon Jean-Pierre Luciani, secrétaire national du STC-éducation : « un protocole explicité pour le 3 janvier qui devient caduc le lendemain et le surlendemain. Comment voulez-vous que l'on ait confiance ? » Dans les petites sections, on pointe aussi du doigt le traumatisme pour les enfants, obligés de porter le masque des heures durant, et de se faire tester très régulièrement. « On en arrive à les traumatiser avec un coton-tige, c’est complètement fou » témoigne une maman, contrainte à deux reprises de réaliser trois tests par semaine à ses deux enfants. De plus, ces autotests, censés être gratuits pour les parents, seraient en fait payants (5 € / pièce) dans la majeure partie des pharmacies de l’île. Hors corps enseignant, une Conseillère principale d’éducation raconte la transformation de ses journées de travail, qui sont désormais monopolisées par les coups de fils aux parents : « c’est soit "votre fils est cas-contact, venez le chercher", mais maintenant les parents ont toute la journée pour le faire, ce qui est aberrant et demande une toute nouvelle organisation, soit "votre fils est cas-contact, mais que fait-il alors devant le collège ? ", on marche sur la tête ! »

Les personnes âgées bien moins vaccinés

Dans l’île, plus de 50.000 personnes ont plus de 70 ans et elles sont beaucoup moins vaccinées : mi-janvier, le taux de vaccination des 65-74 ans était de 82,8% en Corse contre 94,5 % de moyenne nationale. Pour celles et ceux qui ont plus de 75 ans, ce taux était de 77,5% de dans l’île, contre 90,4% en France. La crainte, c'est une saturation des hôpitaux, avec déjà de nombreux patients transférés sur le continent. « En Corse-du-Sud, nous sommes le seul hôpital public qui reçoit des cas de Covid », déplorait au micro d’Europe 1 Jean-Luc Pesce, directeur de l’hôpital d’Ajaccio, dont les capacités sont réduites. « On a des ressources humaines qui, déjà avant cette cinquième vague, étaient épuisés, physiquement et moralement. »
Désormais, l'hôpital a de moins en moins de personnel « parce que de plus en plus sont des Covid avérés » d'après le directeur.

Pour l’heure (chiffres du 17 janvier), on dénombre 315 décès en hôpital dans l’île dûs au Covid-19. 23 personnes sont actuellement en réanimation / soins intensifs / soins critiques à Ajaccio et Bastia. Seul point positif au tableau : il n'y a qu'en Corse et dans l'Ile de France que l'on assiste à un phénomène de baisse du virus. Deux régions où la 5ème vague avait été particulièrement forte depuis la fin du mois de décembre.

Ghjaseppu Poggioli
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