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D'un préfet à l'autre.....quelle importance

Un nouveau préfet arrive qui chasse le précédent.
D’un préfet à l’autre… quelle importance ?

Un nouveau préfet arrive qui chasse le précédent. On pourrait à longueur d’articles spéculer sur le caractère plus ou moins sympathique de l’arrivant. Franchement quelle importance ? Un préfet est un haut fonctionnaire aux ordres et la partie ne se joue pas à son niveau. Ce sont des pigeons voyageurs qui viennent et vont tandis que nos problèmes restent.

Une partie de la population dans la grande pauvreté Selon l’INSEE, 18,5 % de la population de Corse vit sous le seuil de pauvreté c’est-à-dire gagnent moins de 1 080 euros net mensuels pour une personne seule. Et ce constat s’est aggravé avec la crise sanitaire. Ce taux est donc sensiblement égal à celui de la moyenne nationale qui s’établit à 18,46 % de la population soit 12 millions de personnes si on en croit les chiffres du Conseil national des politiques contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE). Si le chômage partiel a permis, dans l’ensemble, à ses bénéficiaires de maintenir leur niveau de revenu, les transferts sociaux ont été insuffisants pour protéger de nombreux ménages de la pauvreté. Les jeunes chômeurs non indemnisés, non éligibles au RSA et de nombreux couples mono actifs avec enfants se trouvent notamment dans une situation précaire. Et l’augmentation de l’électricité et des denrées alimentaires ne va rien arranger.

Un besoin extrême de solidarité


La Corse est la région de France qui compte le plus d’associations en aide aux plus malheureux. Le Secours catholique, le Secours populaire, les Restau du cœur, la Fraternité du partage etc. n’ont jamais été aussi actifs pour venir en aide à celles et à ceux qui ont perdu pied. Il est regrettable que, de leur côté, les organisations politiques et notamment celles qui possèdent des militants, n’aient penser à créer des structures d’entraide comme le faisait autrefois le mouvement ouvrier. Les plus pauvres d’entre nous se retrouvent dans les villages. Ce sont souvent des personnes âgées, des femmes dans une grande solitude. On a beau gloser sur la solidarité corse, force est de constater qu’elle n’est pas toujours au rendez-vous. Le succès des organisations de masse en France ou à l’étranger tient à leur capacité à savoir remplir les cases laissées vides par la puissance publique. La casse systématique du service public au nom de la rentabilité a créé des déserts en tous genres. La seule façon de suppléer ces terribles carences et d’agir en réseaux et de sortir ces malheureux de l’oubli et de leur témoigner une réelle empathie.

Des lendemains difficiles à prévoir


La crise sanitaire a coûté très cher à la France. Le déficit hors énergie pèse désormais 1 717 milliards d’euros et celui de la Sécurité sociale 25 autres milliards. La dette publique a dépassé les 2 834 milliards et devrait atteindre les 3 000 milliards dans quatre mois, tout cela sur fonds d’inflation. Il faut donc s’attendre à un accroissement de la pauvreté et une crise sociale qui va inévitablement se greffer sur toutes les autres. Il n’empêche que dans le même temps, les sociétés multinationales engrangent des profits records. Total a ainsi réussi à accumuler 17 milliards de bénéfices alors que le prix de l’essence à la pompe ne cesse de grimper. Et tandis que les candidats à l’élection présidentielle se disputent sur des sujets idéologiques (le grand remplacement, l’immigration) la pauvreté poursuit son chemin. Ils ne sont pas nombreux ceux-là qui mettent au centre de leurs préoccupations électorales la situation économique des citoyens. L’un de ces oiseaux rares est venu en Corse et a rappelé quelques vérités bonnes à dire sur l’inégalité fondamentale de notre société et les moyens d’y remédier. Il s’agit du très sympathique Fabien Roussel, candidat du Parti communiste. Ses propos, simplement exposés souvent avec humour, m’ont paru être une rosée rafraîssante et o combien pertinente dans le contexte actuel. Il sauve la gauche d’un naufrage moral qui s’annonce comme historique.

Le pragmatisme s’impose

L’arrivée du nouveau préfet peut se comprendre deux manières contradictoires. Il remplace un homme qui, par son manque de souplesse, était devenu l’incarnation du non-dialogue. Faut-il pour autant mettre beaucoup d’espérances dans le nouveau ? N’oublions pas qu’il n’est que la voix de son maître. La première certitude est que les caisses de l’état sont à sec et que la Corse recevra moins qu’auparavant. La deuxième est que le nouveau président aura fort à faire pour répondre au mécontentement social et que la majorité nationaliste devra avancer avec beaucoup de précautions. C’est donc le maître qu’il va falloir convaincre en présentant une feuille de route qui démontre que les Corses sont capables de s’autoadministrer sans tout le temps tendre la sébile et mordre la main qui les nourrit.

GXC
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