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L’œuvre majeur d’Isaac Newton à la bibliothèque d’Ajaccio

Il appartient à la mémoire humaine et universelle. Un des «Philosophiae naturalis principia mathematica », œuvre originale du physicien anglais Isaac Newton a été retrouvée à Ajaccio.
Une merveille scientifique qui donne à la bibliothèque Fesch un rayonnement mondiale.

Le hasard fait parfois bien les choses. Un proverbe qui ne reste qu’un doux euphémisme pour Vannina Schirinsky-Schikhmatoff, la découvreuse du « Principia »comme le nomme les scientifiques. C’est en fouillant dans la base de données de la médiathèque Sampiero d’Ajaccio à la recherche d’ouvrages scientifiques que la chargée de mission conservation et restauration de la bibliothèque patrimoniale d’Ajaccio tombe sur « Les principes mathématiques de la philosophie naturelle » d’Isaac Newton. Rien moins que la pierre angulaire des mathématiques modernes. 510 pages de papier chiffon retrouvées sur les étagères de la salle patrimoniale. Une édition originale publiée à Londres en 1687 dans lesquelles sont notamment dévoilés les fondamentaux de la loi de l’attraction universelle.

« Ce qui est très émouvant, c’est que cet ouvrage a failli ne pas exister, raconte la restauratrice. Newton n’avait pas d’argent pour faire imprimer ses pages. C’est son ami, Edmond Halley, celui-là même qui donna son nom à la comète de Halley, qui va l’aider à mener à bien son projet. Il va lui payer l’édition. On a donc deux éminents scientifiques qui collaborent pour éditer cet ouvrage merveilleux ! »


Dans le livre on trouve également un schéma représentant la trajectoire d’une comète. « Le graal » pour tout scientifique. Ils sont d’ailleurs nombreux à contacter la chargée de mission qui ne peut contenir sa joie d’avoir participé à l’avancée fulgurante que cette découverte offre à la bibliothèque Fesch. Ce livre extrêmement précieux par son contenu, l’est tout autant par sa rareté. A peine 80 exemplaires en latin existent dans le monde et 400 en anglais. En 2013, lors d’enchaires Christie’s à Los Ageles, un exemplaire en latin avait été vendu 3,7 millions de dollars. De quoi laisser songeur sur la valeur que peut avoir l’exemplaire ajaccien.


« Une bibliothèque digne de la BNF »

Une œuvre « malmenée » selon la spécialiste de livres anciens, tombée dans l’oubli qui resurgit des limbes du fonds ancien de la Patrimoniale ajaccienne. C’est en étudiant la collection de Lucien Bonaparte, fondateur de la bibliothèque, que Vannina Schirinsky-Schikhmatoff découvre au fur et à mesure des années un fond scientifique d’une valeur inestimable. « Lucien »comme elle le nomme, comme si après tant d’années à étudier ses lectures il était devenu un ami, a accumulé des ouvrages rares et extrêmement précieux sur l’astronomie, les mathématiques, la géométrie ou encore de la perceptive.

« Il avait une idée bien précise de ce qu’il voulait faire comme bibliothèque. Il était Franc maçon et voulait créer une bibliothèque idéale maçonnique basée sur la philosophie universelle. Je viens de découvrir que dans un de ses ouvrages qui va être vendu ces jours ci aux enchères, Newton traitait de la Théo physique, c’est-à-dire de l’alliance entre la religion et les sciences. Le fond Lucien Bonaparte c’est ça. Comprendre le grand architecte à travers l’apprentissage des anciens, grecs, latins et égyptiens. »

Un fond inestimable de livres anciens qui dorment sur les étagères d’une bibliothèque dont le bâti et le mobilier sont classés monuments historiques. En 2018, c’était toujours la pugnace Vannina qui avait découvert le “Thesaurus Hyeroglyphicorum”, traité d’égyptologie vieux de plus de 400 ans. 7 exemplaires seulement existent dans le monde. On retrouve également à la bibliothèque, les lettres de la famille impériale, d’une très haute valeur historique et marchande.

« Nous nous retrouvons avec une bibliothèque équivalente à une Mazarine ou une Bibliothèque Nationale de France, en pleine mer Méditerranéenne ! Nous nous élevons à la hauteur des plus grandes bibliothèques du monde. »

Après la découverte, l’heure est désormais à l’expertise. Un long travail de recherche reste à faire. Vannina Schirinsky-Schikhmatoff a déjà pu expertiser la provenance grâce au tampon de la bibliothèque nationale du Liamone, celle de Lucien Bonaparte. Elle peut déjà d’or et déjà établir que c’est un ouvrage qui fait partie des confiscations de la Révolution. Grace à la paléographie, étude des écritures, elle pourra bientôt dater l’ouvrage.
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