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L'Etat israélien pour tous, ce n'est pas pour demain

Israël ferme à nouveau la porte du regroupement familial aux Palestiniennes et Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie mariès à des Israéliens ou des Israéliennes.

L’État israélien pour tous, ce n’est pas pour demain


Israël ferme à nouveau la porte du regroupement familial aux Palestiniennes et Palestiniens de Gaza ou de Cisjordanie mariés à des Israéliens ou des Israéliennes.

En Israël, toute personne reconnue juive a le droit de s’établir durablement et d‘accéder à la citoyenneté. Seules peuvent être privées de ce droit les personnes qui ont été ou sont engagées dans une activité dirigée contre le Peuple juif, qui sont susceptibles de mettre en danger la santé publique ou la sécurité de l’État, qui ont un passé criminel risquant de compromettre le bien-être public.
Depuis 1970, ont aussi été rendus éligibles : l’enfant ou le petit-enfant de juif, l’épouse de juif, l’épouse de l’enfant de juif, l’épouse d’un petit-enfant de juif. Les personnes converties au judaïsme peuvent elles aussi bénéficier du droit au retour. Il estcependant strictement vérifié que cette conversion l’a été par amour sincère pour la religion, la culture et les traditions juives. Sont notamment exigées : l’étude et la mémorisation des livres sacrés, une conversion dans le cadre d’une communauté juive reconnue, la vie dans cette communauté durant au moins un an, des lettres de recommandation des dirigeants de la communauté.
Par ailleurs, les conjointes ou conjoints étrangers de citoyens ou citoyennes israéliens, qu’ils soient juifs ou non-juifs, peuvent eux aussi accéder, dans le cadre du regroupement familial, à la résidence permanente en Israël puis à la citoyenneté israélienne. Les non-juifs doivent cependant être patients. Ils ne deviennent éligibles à la citoyenneté israélienne qu’à l’issue d’un « processus progressif » qui dure entre cinq et sept ans et au cours duquel, une fois par an, des fonctionnaires du ministère de l’Intérieur interrogent le couple et épluchent sa vie quotidienne pour vérifier la « sincérité » de la relation conjugale. Ce processus est destiné à prévenir les mariages fictifs. Cette possibilité de devenir résident permanent puis citoyen israélien est cependant fermée à des milliers de couples étant pourtant unis par les liens du mariage et dont l’une ou l’un des conjoints est juif.

Espoir de courte durée

Depuis 2003, ayant été adoptée durant la deuxième Intifada - pour une durée renouvelable d’un an et des raisons sécuritaires(éviter de donner à des terroristes une liberté de mouvement sur le territoire israélien) - une loi interdit aux Palestiniennes et auxPalestiniens de Cisjordanie ou de Gaza qui sont mariés avec des Israéliens ou des Israéliennes, de bénéficier d’un titre de séjour permanent en Israël et d’accéder un jour à la citoyenneté israélienne. Ayant été renouvelée tous les ans, cette loi a vite relevée d’une dérive ethnocentrique. En 2021, pour justifier la demande d’un énième renouvellement, un ministre a d’ailleurs déclaré : « C’est un outil pour s’assurer qu’Israël reste un pays à majorité juive. » L’été dernier, le gouvernement n’ayant pu obtenir le renouvellement annuel, on a pu croire que les interdictions susmentionnées seraient enfin levées. En effet, bien que le ministre de la Défense ait appelé à voter le renouvellement en usant d’une argumentation sécuritaire et ethnocentrique : « Cette loi est essentielle pour sauvegarder la sécurité et le caractère juif et démocratique du pays, et la considération de sécurité doit être prise en compte », les partis de la droite israélienne ont, en joignant leurs votes à ceux d’une partie de la gauche, provoqué le rejet du texte proposé par le gouvernement.
L’espoir qui a sans doute été ressenti par les couples concernés a cependant été de courte durée. En effet, ces derniers jours, le renouvellement annuel a été à nouveau voté. L’opposition de droite ayant renoncé à mettre le gouvernement dans l’embarras concernant ce dossier sensible, ce qui avait été mal reçu par leurs électorat, et les députés de l’aile droite du gouvernement ont fait la décision.
Après le vote, en tweetant immédiatement et triomphalement qu’il signifiait la victoire d’un « État juif et démocratique » sur un « État pour tous ses citoyens » (revendication portée par la plupart des partis arabes israéliens), la ministre de l’Intérieur a clairement exprimé que pour les Palestiniennes et les Palestiniens mariés avec des Israéliens et des Israéliennes, le droit au regroupement familial, ce n’était pas pour demain.

Alexandra Sereni
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