La violence ne sera jamais une solution
Est-il encore posible de faire entendre la voix de l'immense majorité des Corses, ...
Est-il encore possible de faire entendre la voix de l’immense majorité des Corses, de ce fameux peuple corse, qui tout en désirant une autonomie dans le cadre français, pense qu’il est catastrophique d’user encore et toujours de la violence pour se faire entendre de Paris.
Le fond et la forme
Est-il possible de sortir de ce tsunami émotionnel pour enfin laisser émerger la raison et des solutions viables ?
Yvan Colonna a été victime d’une atroce agression et il eut été largement préférable que lui et les membres restants du commando fussent rapatriés comme la loi leur en donnait la possibilité il y a des années.
Le président Macron a été d’une cécité confondante, lorsque, en présence du président de l’exécutif puis des élus nationalistes, il a au cours d’une cérémonie humilier ces derniers devant Jean-Pierre Chevènement, l’un des pires ministres de l’Intérieur que la France ait connu. Il a manqué d’intelligence en cédant aux voix vengeresses de la haute fonction publique pour qui la Corse restera à jamais le pays du préfeticide. Comme Lionel Jospin en 2003, il a singulièrement manqué d’à propos en envoyant son ministre Darmanin promettre des avancées qui ne seront pas tenues au lendemain même des violences de Bastia et d’Ajaccio comme s’il fallait une émeute pour être enfin entendu.
Des Corses soucieux d’un avenir apaisé
Quand on écoute les Corses, on les sent tout à la fois touchés et malheureux du drame survenu à Yvan Colonna, mais aussi soucieux d’un futur apaisé pour leurs enfants, un futur qui ne soit pas étouffé par les actes d’une infime minorité clandestine. Ils veulent que notre société soit représentée par des femmes et des hommes qui fassent passer l’efficacité d’une gestion quotidienne de nos affaires après leurs considérations idéologiques. La Corse ne va pas bien. Mais elle n’ira pas mieux si l’autonomie un jour octroyée reste un concept creux. Il n’est pas vrai que l’état est le seul responsable de l’incurie actuelle. Celles et ceux qui détiennent les clefs du pouvoir local doivent se considérer comme les acteurs du présent et du futur. Jusqu’à maintenant ils ont failli. Ils doivent se reprendre. Ou alors mieux aurait valu qu’ils ne se présentassent pas.
La violence ne sera jamais la solution
Malheureusement, l’État a toujours donné le sentiment que sans violence il était incapable d’interpréter les signes d’une crise. C’est vrai en Corse mais aussi sur le continent. Les Gilets jaunes en ont hélas administré la preuve. La Corse peut changer si son interlocuteur étatique ouvre le chemin d’un vrai dialogue. Il est insupportable de considérer qu’il n’existe pas un problème corse mais des problèmes en Corse. Du côté nationaliste, il n’est plus possible de jouer un double jeu qui voit les uns et les autres s’embrasser pour mieux s’étrangler et faire passer leurs petits intérêts campanilistes avant le sort de ce peuple corse qu’ils invoquent à tout bout de champ. La violence ne saurait être une réponse assumée ou cachée. Le regain de plasticages auquel se mêlent les opérations de racket d’un milieu local en voie de recomposition ne fait que semer la confusion. La Corse a besoin de calme, de temps et d’intelligence et pas d’explosifs et de sinistres mises en demeure par un FLNC qui n’en finit d’agoniser.
Jeunesse et jeunesse
Non la jeunesse corse n’est pas incarnée par quelques centaines de jeunes qui se battent dans la rue. Ils en font indéniablement partie. Il nous signifie à tous un malaise mais ils ne sont pas la jeunesse corse, concept dont se sont gargarisés ces derniers temps les dirigeants nationalistes toutes tendances confondues en même temps que la presse continentale la plus réactionnaire.
Pour l’heure, ils servent de chevau-légers à ces factions nationalistes qui reprochent à Gilles Simeoni de ne pas les avoir intégrés dans l’Exécutif.
Comment ne pas comprendre que ce mouvement est utilisé par les « frères ennemis » de Femu a Corsica ? La vérité est que chaque année, des milliers de jeunes Corses quittent leur terre pour réussir ailleurs. Leurs raisons sont multiples mais nous devons avoir le courage de reconnaître que l’atmosphère locale est empoisonnée par l’immobilisme, les jalousies diverses et l’envie insatisfaite de nos nouveaux capizzoni et une violence endémique.
Cette fuite des cerveaux est ce qui devrait nous préoccuper au premier chef car un peuple qui perd sa jeunesse est un peuple condamné. Notre avenir se trouve entre les mains de cette jeunesse silencieuse qui préfère se taire et travailler sur la terre ferme pour peut-être plus tard revenir avec un savoir-faire et le résultat de leurs talents qui profiteraient à la Corse.
Ils sont notre vraie richesse dans cette région qui, ne l’oublions pas, est la plus âgée de France. Ils possèdent la capacité de dessiner à notre peuple un avenir fait de paix et de créativité. Ce sont eux qui incarnent le mieux la jeunesse corse.
GXC