• Le doyen de la presse Européenne

Entre chien et loup....

Le ou la présidente qui aura à gérer le prochain quinquennat devra se montrer à la hauteur alors qu'il ou elle manoeuvrera dans une République malade et épuisée.

Entre chien et loup…

Ce numéro du Journal de la Corse est distribué alors que les résultats du premier tour des présidentielles sont connus (mais pas par l’auteur de ces lignes) et que se prépare un second tour particulièrement important à cause de la guerre en Ukraine, de la crise alimentaire, de la crise climatique etc. Le ou la présidente qui aura à gérer le prochain quinquennat devra se montrer à la hauteur alors qu’il ou elle manœuvrera dans une République malade et épuisée.



Une Ve République à l’agonie


Qui connaît l’histoire de France sait que toutes les Républiques ont fini entre les bras d’un militaire. La première avec Napoléon, la Seconde avec son neveu Napoléon III, la troisième avec Pétain et la quatrième avec de Gaulle. Cette fois-ci il manque l’uniforme, mais il se pourrait bien que la France se donne à l’extrême-droite ce qui serait cohérent avec ce qui vient d’être écrit. Marine Le Pen est passée en quelques années de dauphine brouillonne d’un père excessif à la petite mère des pauvres. Quel cruel paradoxe ! Elle qui était dénoncée par la gauche unanime comme l’incarnation d’une extrême-droite raciste et élitiste, la voilà qui concentre sur son nom les couches les plus populaires. La gauche a été abandonnée en rase campagne par les ouvriers, les employés, les petits retraités et plus grave que tout, par les jeunes. Quel (le) que soit le ou la vainqueur, il y a beaucoup de chances que son score soit « corrigé » par les législatives. Autant dire que nous allons entrer dans une période d’immense instabilité alors même que la période exigerait un capitaine sûr de son pouvoir et de sa vision. La Ve République est à l’agonie, mais rien ne perce derrière. Pour paraphraser Antonio Gramsci c’est durant ces périodes intermédiaires, entre chien et loup, que surgissent les monstres. L’époque est plus aux dictatures qu’à l’épanouissement des démocraties.

La guerre que personne n’avait prédite

Aujourd’hui, il faut bien l’avouer notre petite île nerveuse est reléguée au dixième plan par les menaces diverses et variées qui menacent l’humanité. Il y a d’abord la crise climatique, grande absente de la campagne électorale et pourtant bel et bien là et qui s’aggrave d’année en année. Et ce n’est pas la guerre en Ukraine qui va améliorer le tableau : on rouvre des centrales au charbon et on peine à réduire la consommation énergétique. L’autre grande crise est évidemment la guerre en Ukraine. Les spécialistes s’attendent à ce que Poutine mis en difficulté dans la région de Kiev et dans l’ouest du pays, contre-attaquent sauvagement. Les Ukrainiens, hier encore peuple frère, sont devenus un ennemi à détruire par n’importe quel moyen. Poutine, comme hier Hitler après la crise des Sudètes, compte sur la prudence des forces occidentales. Et il n’a pas tort : il y a de fortes chances que l’Europe et les États-Unis sacrifient l’Ukraine s’il y a risque réel d’une guerre mondiale et nucléaire. La troisième crise est alimentaire. N’oublions pas qu’à la suite de la crise financière de 2008, le prix des denrées de base avait flambé. Cela avait provoqué les printemps arabes et la guerre en Syrie. Nous n’en sommes toujours pas sortis. En France, la perspective d’une petite hausse du carburant avait débouché sur la crise des Gilets jaunes.

Une mondialisation ratée


Nous sommes assis sur une poudrière. La réalité est que la mondialisation a profité aux banques et aux trusts industriels. Mais elle a fait replonger des couches sociales qui sortaient à peine de la précarité dans la pauvreté. Dans les pays occidentaux, c’est une petite bourgeoisie qui a été précarisée. La mondialisation a provoqué en retour un repli sur les nationalismes. Or les nationalismes remettent sur la table la question des territoires et cette question a toujours été le ferment des guerres. Ce qu’on pensait impossible il y a seulement un an l’est devenu sur fond de pandémie. Celles et ceux qui croient à la synchronicité des signes (et j’en suis) ne peuvent que percevoir dans la synergie de ces crises, une mutation non plus civilisationnelle, mais planétaire. La mondialisation menée tambour battant par des forces qui ne désiraient que le profit maximum, a un effet inverse de celui escompté. Au lieu d’ouvrir les peuples sur une plus grande fraternité, elle les précipite les uns contre les autres.

Un nœud gordien qu’il faudra trancher


Imaginons Marine Le Pen élue. Le pays qui se targue d’être celui des droits de l’homme, celui qui donne des leçons en veux-tu en voilà à tous ses voisins aurait élu présidente une femme d’extrême-droite. Le Rassemblement national est l’héritier du Front national qui comptait parmi ses membres fondateurs plusieurs anciens waffen ss, des miliciens, des racistes affirmés. Il y a eu la dédiabolisation. Mais Marine Le Pen aura été élue avec les voix de Zemmour. Il faudra bien l’accepter, car nous sommes en démocratie. Mais l’image de la France en sera durablement écornée. Néanmoins il faut attendre et voir. L’histoire est toujours riche en retournements spectaculaires.

GXC




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