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Espagne : le franquisme bouge encore !

Beaucoup craignent que le parti néo-franquiste Vox qui participe au gouvernement de la communauté autonome de Castlle -et- Léon, fasse de cette institution un laboratoire de mise en oeuvre de ses idées.

Espagne : le franquisme bouge encore !


Beaucoup craignent que le parti néo-franquiste Vox qui participera au gouvernement de la communauté autonome Castille-et-León, fasse de cette institution un laboratoire de mise en œuvre de ses idées.

Le parti Vox va faire une entrée en force dans les centres de décision de la communauté autonome Castille-et-León(région dont le territoire compte plus de 2 millions d’habitants). Trois de ses élus auront respectivement en charge, au sein du Gouvernement, l’Industrie et l’Emploi, l’Agriculture, la Culture. Un de ses élus présidera le Parlement. Pour ce parti qui a vu le jour en 2013, l’accession prochaine à ces niveaux de responsabilité et de pouvoir représente unepremière et surtout une grande victoire.
En effet, après des élections régionales anticipées, pour constituer une majorité et conserver les commandes de la communauté autonome, les responsables locaux du Partido Popular, principal parti de la droite espagnole depuis trois décennies, ont dû se résoudre à passer un accord de gouvernement avec Vox. L’accord suscite des critiques et de l’inquiétude car, selon beaucoup d’acteurs, d’observateurs et d’analystes de la vie politiqueespagnole, l’idéologie de Vox relève d’un positionnement néo-franquiste. Difficile de les contredire ! Vox défend un nationalisme fondant l’unité de l’Espagne sur la pérennité de la monarchie, sur la référence aux valeurs et dogmes les plus conservateurs du catholicisme, sur la stigmatisation de tout ce qui aux yeux de ses militants et de son électorat représente l’anti-Espagne, notamment les atteintes à l’ordre établi sous toutes ses formes, les revendicationsnationalistes basques ou catalanes, l’Islam, le marxisme… Vox prône le libre jeu du marché et de l’initiative privée. C’est clair, tout cela semble tiré de cette phrase figurant dans le testament du général Franco : « Mes ennemis ont toujours été les ennemis de l’Espagne » et de ce que professaient les forces qui, durant le régime franquiste, ont exercé une influence dominante sur la vie spirituelle et politique de l’Espagne (Église catholique, phalangistes, carlistes, libéraux-conservateurs inspirés par l’Opus Dei pour lesquels l’identité religieuse, le sentiment national et l’esprit d’entreprise devaient s’unir et se confondre).

Prises de positions et exigences édifiantes

Son idéologie, Vox la traduit d’ailleurs en prises de position et exigences particulièrement édifiantes. Il a critiqué l’exhumation des restes du général Franco du mausolée édifié dans El Valle de los caidos (site où ont été inhumées plus de 30 000 victimes de la Guerre d’Espagne qui appartenaient aux camps franquiste et républicain). Il demande l’interdiction des partis politiques qui « ne croient pas en l'unité de l'Espagne », notamment les partis indépendantistes basques ou catalans, ou qui « ne rejettent pas le marxisme ». Il réclame un durcissement de la législation antiterroriste. Il préconise la suppression de compétences qui ont été transférées aux communautés autonomes. Il rejette les évolutions sociétales au nom des valeurs chrétienne ou familiales les plus conservatrices. Il exige la réduction des entrées de migrants et des droits accordés à ces derniers. Enfin, dans l’accord prévoyant sa participation au gouvernement de la communauté autonome Castille-et-León, Vox a imposé de premières exigences : dilution de l’action contre la violence machiste dans un futur texte « contre la violence intrafamiliale » ; intitulé local « loi de concorde »pour la loi nationale concernant l’aide à la recherche de victimes de la Guerre d’Espagnole ou du franquisme ; restrictions apportées à l’installation d’immigrés.
Ces premiers pas font craindre à beaucoup que l’Espagne étant un pays où les communautés autonomes disposent de larges pouvoirs, Vox fasse de la région Castille-et-León un laboratoire de mise en œuvre de ses idées. Le leader du parti n’entend manifestement pas les rassurer. En effet, il vient de déclarer : « Ce gouvernement de coalition [est] une alternative possible pour toute l’Espagne […] Nous sommes en région de Castille-et-León devant un appartement témoin de l'avenir de l'Espagne. » Si Franco est mort et a été deux fois inhumé, le franquisme est encore bien vivant.

Alexandra Sereni


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