Le fabuleux destin de Laurent Marcangeli
Laurent Marcangeli compte déjà plus d'un demi-siècle d'action politique.....
Le fabuleux destin de Laurent Marcangeli
À 44 ans, il est né le 10 décembre 1980 à Aiacciu, Laurent Marcangeli compte déjà plus d’un demi-siècle d’action politique et peut se targuer d’avoir accompli de grandes étapes d’un fabuleux destin qui, a priori, ne lui semblait pas promis.
Contrairement à bien d’autres acteurs de la classe politique de chez nous ou de l’Hexagone, Laurent Marcangeli n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Il n’avait pas de fief. Il n’est pas issu de la grande bourgeoisie. Ses parents n’ont pas représenté des marchepieds pour s’imposer dans l’arène politique. Jugez plutôt. Ses grand-parents et aussi ses parents avant qu’ils s’établissent à Aiacciu, ont vécu dans le Cruzzini. Son père, commerçant au village puis artisan à la ville, sa mère agent de La Poste, se sont faits une place à Aiacciu par le travail. Son père a été sympathisant autonomiste quand se réclamer de cette famille politique apportait plus de tracas que d’opportunités. Sa mère a pris des responsabilités au sein du naissant et très nationaliste STC (Syndicat des Travailleurs Corses).
Laurent Marcangeli doit essentiellement à sa croyance en son étoile, à sa volonté de réussir et à la force de ses convictions d’avoir pu franchir les étapes fondatrices d’un fabuleux destin qui, a priori, ne lui semblait pas promis. Son parcours politique, il l’a tracé à l’opposé des choix faits par ses parents et aussi de l’air du temps de sa génération. En effet, à l’âge de 17 ans, ayant trouvé son modèle Charles De Gaulle et son exemple, Jacques Chirac, il s’est engagé à droite (adhésion au RPR), alors que la jeunesse était bien plus encline à opter pour l’autonomisme ou l’indépendantisme. Son engagement a d’emblée été total. Des ajacciens se souviennent l’avoir aperçu tracter seul pour sa famille politique alors que la rue était généralement tenue par les militants des différentes composantes du nationalisme.
En 2000, il avait alors 20 ans, à l'occasion d'une élection municipale partielle, il a été présent à une modeste place (n’offrant aucun espoir d’être parmi les élus) sur la liste de droite Bonapartiste-RPR conduite par le maire sortant d’Aiacciu, Marc Marcangeli (un très lointain parent). En 2002, le RPR étant, à l’initiative de Nicolas Sarkozy, devenu l’UMP, il a naturellement suivi le mouvement. Son positionnement politique, il l’a également assumé dans le cadre de ses études. Étudiant en Histoire et en Droit public à l’Università di Corsica, il a consacré un mémoire de maîtrise aux relations entre De Gaulle et la Corse.
Conseiller général, député...
Le parcours politique de Laurent Marcangeli a pris un tour nouveau en 2008. Il avait alors 28 ans. Étant depuis peu inscrit au barreau d'Aiacciu et devant, a priori, davantage se préoccuper d’asseoir sa situation professionnelle (se faire connaître et reconnaître, se constituer une clientèle) que de s’investir dans un combat électoral, il a néanmoins intégré une liste de droite qui tentait de défaire le maire sortant d’Aiacciu, le social démocrate Simon Renucci, et a consacré beaucoup de son temps et de son énergie à faire activement campagne. Bien lui en a pris : il a été élu conseiller municipal. D’opposition certes, mais ce premier succès a représenté une légitimation, un tremplin. En somme, un accélérateur décisif de l’accomplissement d’un fabuleux destin.
Trois ans plus tard, en 2011, Laurent Marcangeli a obtenu sa première victoire électorale : il a été élu conseiller général UMP (premier canton d’Aiacciu), mandat qu’il a toujours affectionné, qu'il a conservé jusqu'en mai 2014, et auquel il n’a renoncé que du fait d’un cumul de mandats rendu impossible par la loi. L'année suivante, à l’âge de 32 ans, après avoir écarté ou mis à la raison les caciques ronronnants de la droite ajaccienne, il a réalisé ce que personne ne croyait alors possible. Alors que François Hollande venait d’être élu président de la République et que la gauche s’emparait de la majorité à l’Assemblée Nationale, il a conquis le siège de député de la première circonscription de Corse du Sud que détenait, depuis 2002, Simon Renucci, alors aussi maire d’Aiacciu et président de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien).
Encore une belle étape du fabuleux destin ! Mais ne pouvant représenter un aboutissement pour celui l’avait franchie. Dans l’hémicycle, les salles de réunion et les couloirs du Palais de Bourbon, Laurent Marcangeli n’a pas perdu son temps. Il s’est lié avec une étoile montante de l’UMP, Édouard Philippe, député de la septième circonscription de Seine Maritime, et a commencé à s’investir dans la vie politique nationale. Cependant, il n’a pas négligé le terrain ajaccien.
Loin de là. Ceci lui a valu, le 15 août 2013, d’être fait membre d'honneur du Comité Central Bonapartiste. Anecdotique ? Folklorique ? Eh bien non ! Primo, cet honneur a d’abord représenté la reconnaissance d’une désormais appartenance à une tradition plus que séculaire et au cercle de celles et ceux destinés à gérer Aiacciu. Laurent Marcangeli en avait d’ailleurs pleinement conscience car étant appelé à célébrer l’événement, il a affirmé que le bonapartisme devait être considéré comme « une tradition politique de la ville impériale » et qu’il importait de tout faire pour qu’il perdure car il qu'il faisait partie de « l’identité ajaccienne ». Deuxio, cet honneur a ouvert la voie à une nouvelle étape du fabuleux destin : la conquête de la mairie d’Aiacciu.
Député, maire...
En mars 2014, alors que la plupart des observateurs et des décideurs de la vie politique tablaient sur la réélection de Simon Renucci, Laurent Marcangeli lui a ravi la mairie d’Aiacciu et en conséquence lui a fait perdre la présidence de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien). Cette victoire, il l’a certes obtenue à partir d’une dynamique qu’il a su créer. Cependant il a aussi bénéficié de ce qui accompagne celles ou ceux auxquels un fabuleux destin est réservé : la chance. Simon Renucci et ses partisans ont ouvert la porte à leur défaite en refusant de s’allier au second tour avec les autonomistes qui leur tendaient la main.
Le 30 mars, au second tour, la liste Laurent Marcangeli a devancé de peu la liste Simon Renucci, 47,11 % contre 46,03 %, alors que la liste nationaliste réalisait 6,86 %. Le 5 avril, Laurent Marcangeli a été élu maire d’Aiacciu. Le 16 avril, il a été élu président de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien). L’invalidation du scrutin obtenue par Simon Renucci, le 23 octobre, n’a rien compromis. Le 27 octobre, Laurent Marcangeli a décidé de ne pas faire appel du jugement et a démissionné. Les nouvelles élections municipales ont eu lieu les 25 janvier et 1er février 2015.
Au second tour, le liste Laurent Marcangeli (59,5 % des suffrages) a largement distancé la liste Simon Renucci (40,5%). Un fabuleux destin ne pouvait être mis à mal par des juges… Le 8 février, Laurent Marcangeli a été à nouveau élu maire d’Aiacciu et, quelques jours plus tard, avec son appui, son ami Jean-Jacques Ferrara a été élu président de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien). Engagé sur le terrain politique et électoral ajaccien, Laurent Marcangeli n’a cependant pas négligé le terrain hexagonal. Il a honoré son mandat de député en participant à la vie parlementaire. En 2016, avec Édouard Philippe et d’autres, au sein des Républicains (nouvelle dénomination choisie par l’UMP), il a apporté son soutien à Alain Juppé quand ce dernier, s’étant déclaré candidat aux élections présidentielles de 2017, a tenté d’obtenir l’investiture de la droite dans le cadre de primaires. Soutenir Alain Juppé a valu à Laurent Marcangeli des inimitiés au sein de la droite corse. En effet, il lui a été reproché d’avoir lâché Nicolas Sarkozy (lui aussi candidat à l’investiture, resté très populaire parmi les électeurs et les militants de la droite corse). En 2017, Alain Juppé ayant été devancé par François Fillon et ce dernier ayant été éclaboussé par des affaires quand il est entré en campagne, Laurent Marcangeli a opté pour un soutien à Emmanuel Macron. Lors des élections législatives ayant suivi l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, et ce, comme il l’avait annoncé quelques mois plus tôt, il n’a pas demandé le renouvellement de son mandat de député. Sa circonscription est restée à droite car son ami Jean-Jacques Ferrara y a été élu député avec son soutien.
Maire, député, président de groupe parlementaire...
Entre 2017 et 2021, Laurent Marcangeli s’est quasiment totalement consacré à Aiacciu et à la Corse. Durant l’été 2017, il a été à nouveau élu à la présidence de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien). En 2018, après avoir quitté Les Républicains car étant en désaccord avec la ligne politique très droitière qu’y imposait Laurent Wauquiez, il a fondé un mouvement politique se réclamant du centre droit et ayant pour objet premier de prendre en compte les problématique de la région ajacienne. En 2020, au mois de juin, sa liste a aisément remporté les élections municipales d’Aiacciu. Il a alors été à nouveau élu maire et président de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien). Dès septembre, Laurent Marcangeli a annoncé qu'il conduirait une liste lors des élections territoriales de juin 2021 et serait candidat à la présidence du Conseil Exécutif. Le 20 mars 2021, ayant lancé officiellement sa campagne à Rezza, le village de ses racines familiales, il a affirmé sa volonté de de rassembler la droite et le centre en une seule liste dont il serait le chef de file. Il y est parvenu mais la victoire n’a pas été au rendez-vous. La liste de Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif sortant, est sortie vainqueur et a obtenu une majorité absolue à l’Assemblée de Corse. Avoir été élu conseiller de Corse n’a même pas été une consolation.
Le fabuleux destin allait-il tourner au destin ordinaire d’un élu local d’une ville prestigieuse ? Nenni ! Laurent Marcangeli a entrepris de renouer avec la version fabuleuse. En octobre, il a participé à la fondation du parti Horizons initiée par Édouard Philippe. L’année suivante, donc en 2022, après l’assassinat d’Yvan Colonna, après avoir favorisé le dialogue et le retour à l’apaisement entre la Corse en colère et l’État, et après avoir contribué à booster le processus Beauvau, il a fait un choix affectivement difficile et politiquement risqué. Craignant que son ami Jean-Jacques Ferrara, député sortant resté fidèle à Les Républicains, ne soit pas en mesure de conserver la première circonscription de Corse du Sud à l’occasion des élections législatives devant avoir lieu en juin (et sans doute aussi, brûlant de revenir à des enjeux hexagonaux), il a invité ce dernier à ne pas se représenter et a déclaré sa candidature. Ceci a fait grincer des dents et a généré du vote sanction. Trahison de l’amitié ont voulu punir les uns. Trahison du camp Les Républicains au profit du macronisme ont voulu punir les autres (en février 2022, Laurent Marcangeli avait annoncé son soutien au président sortant Emmanuel Macron en vue de l'élection présidentielle qui aurait lieu au mois d’avril ; Horizons était plus proche du macronisme que des Républicains). Il s’en est fallu de peu que le candidat siméoniste l’emporte. En effet, le 19 juin, au second tour, Laurent Marcangeli n’a recueilli qu’un peu plus de 51% des suffrages exprimés. Le fabuleux destin ayant été voulu par les Dieux de la politique, ils ont cependant fait en sorte que la victoire ne change pas de camp… Ils ont même agi pour qu’elle devienne éclatante. En effet, le 22 juin, à l’Assemblé Nationale, Laurent Marcangeli a été élu président du groupe parlementaire Horizons.
Monsieur bons offices, Ministre...
En juillet 2022, ne pouvant cumuler, Laurent Marcangeli a confié les clés de la mairie d’Aiacciu et de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien) à son premier adjoint Christophe Sbraggia. Par ailleurs, le même mois, souhaitant se consacrer à l’exercice de son mandat de député et à la présidence du groupe parlementaire Horizons, il a renoncé au mandat de conseiller de Corse. Entre juillet 2022 et décembre 2024, il n’a cependant pas renoncé à garder un œil vigilant sur les dossiers ajacciens et les affaires corses. Ayant conservé son mandat de conseiller municipal d’Aiacciu, il a été présent lors de plusieurs conseils municipaux. Désireux d’un contact étroit avec les habitants et les élus de sa circonscription, il a régulièrement tenu des réunions de compte-rendu de mandat. Dans la cadre du processus Beauvau, il a été Monsieur bons offices. Il s’est employé à arrondir les angles entre l’État et Gilles Simeoni. Il a soutenu la démarche autonomiste, n’hésitant pas de ce fait à mécontenter et contrer la partie de la droite insulaire rechignant à ce qu’un pouvoir législatif soit accordé à l’Assemblée de Corse. Tout ceci a fait qu’il n’a pas été pris au dépourvu quand, en juin dernier, Emmanuel Macron a dissout l’Assemblée Nationale. Le 7 juillet 2024, il a été réélu à la députation avec 63,20 % des voix au second tour.
Quelques jours plus tard, du fait qu’ayant de l’avis général excellé durant deux ans dans l’exercice de cette responsabilité, il a été à nouveau porté à la président du groupe parlementaire Horizons. Ces derniers jours, précisément le 23 décembre 2024, le fabuleux destin de Laurent Marcangeli a porté ce dernier vers un nouveau sommet : l’intéressé a été nommé ministre de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification au sein du gouvernement Bayrou. Est-ce un Everest ? Pas sûr ! S’il parvient à gérer sans trop de conflits le guêpier que représente la gestion de plus de cinq millions d’agents publics et si le gouvernement Bayrou dure quelque peu, ou si Édouard Philippe réalise son ambition d'être élu président de la République, le fabuleux destin de Laurent Marcangeli pourrait devenir fabulissime. Du côté de la place Vendôme ou de la place Beauvau ou, pourquoi pas, 57 rue de Varenne.
Pierre Corsi
À 44 ans, il est né le 10 décembre 1980 à Aiacciu, Laurent Marcangeli compte déjà plus d’un demi-siècle d’action politique et peut se targuer d’avoir accompli de grandes étapes d’un fabuleux destin qui, a priori, ne lui semblait pas promis.
Contrairement à bien d’autres acteurs de la classe politique de chez nous ou de l’Hexagone, Laurent Marcangeli n’est pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Il n’avait pas de fief. Il n’est pas issu de la grande bourgeoisie. Ses parents n’ont pas représenté des marchepieds pour s’imposer dans l’arène politique. Jugez plutôt. Ses grand-parents et aussi ses parents avant qu’ils s’établissent à Aiacciu, ont vécu dans le Cruzzini. Son père, commerçant au village puis artisan à la ville, sa mère agent de La Poste, se sont faits une place à Aiacciu par le travail. Son père a été sympathisant autonomiste quand se réclamer de cette famille politique apportait plus de tracas que d’opportunités. Sa mère a pris des responsabilités au sein du naissant et très nationaliste STC (Syndicat des Travailleurs Corses).
Laurent Marcangeli doit essentiellement à sa croyance en son étoile, à sa volonté de réussir et à la force de ses convictions d’avoir pu franchir les étapes fondatrices d’un fabuleux destin qui, a priori, ne lui semblait pas promis. Son parcours politique, il l’a tracé à l’opposé des choix faits par ses parents et aussi de l’air du temps de sa génération. En effet, à l’âge de 17 ans, ayant trouvé son modèle Charles De Gaulle et son exemple, Jacques Chirac, il s’est engagé à droite (adhésion au RPR), alors que la jeunesse était bien plus encline à opter pour l’autonomisme ou l’indépendantisme. Son engagement a d’emblée été total. Des ajacciens se souviennent l’avoir aperçu tracter seul pour sa famille politique alors que la rue était généralement tenue par les militants des différentes composantes du nationalisme.
En 2000, il avait alors 20 ans, à l'occasion d'une élection municipale partielle, il a été présent à une modeste place (n’offrant aucun espoir d’être parmi les élus) sur la liste de droite Bonapartiste-RPR conduite par le maire sortant d’Aiacciu, Marc Marcangeli (un très lointain parent). En 2002, le RPR étant, à l’initiative de Nicolas Sarkozy, devenu l’UMP, il a naturellement suivi le mouvement. Son positionnement politique, il l’a également assumé dans le cadre de ses études. Étudiant en Histoire et en Droit public à l’Università di Corsica, il a consacré un mémoire de maîtrise aux relations entre De Gaulle et la Corse.
Conseiller général, député...
Le parcours politique de Laurent Marcangeli a pris un tour nouveau en 2008. Il avait alors 28 ans. Étant depuis peu inscrit au barreau d'Aiacciu et devant, a priori, davantage se préoccuper d’asseoir sa situation professionnelle (se faire connaître et reconnaître, se constituer une clientèle) que de s’investir dans un combat électoral, il a néanmoins intégré une liste de droite qui tentait de défaire le maire sortant d’Aiacciu, le social démocrate Simon Renucci, et a consacré beaucoup de son temps et de son énergie à faire activement campagne. Bien lui en a pris : il a été élu conseiller municipal. D’opposition certes, mais ce premier succès a représenté une légitimation, un tremplin. En somme, un accélérateur décisif de l’accomplissement d’un fabuleux destin.
Trois ans plus tard, en 2011, Laurent Marcangeli a obtenu sa première victoire électorale : il a été élu conseiller général UMP (premier canton d’Aiacciu), mandat qu’il a toujours affectionné, qu'il a conservé jusqu'en mai 2014, et auquel il n’a renoncé que du fait d’un cumul de mandats rendu impossible par la loi. L'année suivante, à l’âge de 32 ans, après avoir écarté ou mis à la raison les caciques ronronnants de la droite ajaccienne, il a réalisé ce que personne ne croyait alors possible. Alors que François Hollande venait d’être élu président de la République et que la gauche s’emparait de la majorité à l’Assemblée Nationale, il a conquis le siège de député de la première circonscription de Corse du Sud que détenait, depuis 2002, Simon Renucci, alors aussi maire d’Aiacciu et président de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien).
Encore une belle étape du fabuleux destin ! Mais ne pouvant représenter un aboutissement pour celui l’avait franchie. Dans l’hémicycle, les salles de réunion et les couloirs du Palais de Bourbon, Laurent Marcangeli n’a pas perdu son temps. Il s’est lié avec une étoile montante de l’UMP, Édouard Philippe, député de la septième circonscription de Seine Maritime, et a commencé à s’investir dans la vie politique nationale. Cependant, il n’a pas négligé le terrain ajaccien.
Loin de là. Ceci lui a valu, le 15 août 2013, d’être fait membre d'honneur du Comité Central Bonapartiste. Anecdotique ? Folklorique ? Eh bien non ! Primo, cet honneur a d’abord représenté la reconnaissance d’une désormais appartenance à une tradition plus que séculaire et au cercle de celles et ceux destinés à gérer Aiacciu. Laurent Marcangeli en avait d’ailleurs pleinement conscience car étant appelé à célébrer l’événement, il a affirmé que le bonapartisme devait être considéré comme « une tradition politique de la ville impériale » et qu’il importait de tout faire pour qu’il perdure car il qu'il faisait partie de « l’identité ajaccienne ». Deuxio, cet honneur a ouvert la voie à une nouvelle étape du fabuleux destin : la conquête de la mairie d’Aiacciu.
Député, maire...
En mars 2014, alors que la plupart des observateurs et des décideurs de la vie politique tablaient sur la réélection de Simon Renucci, Laurent Marcangeli lui a ravi la mairie d’Aiacciu et en conséquence lui a fait perdre la présidence de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien). Cette victoire, il l’a certes obtenue à partir d’une dynamique qu’il a su créer. Cependant il a aussi bénéficié de ce qui accompagne celles ou ceux auxquels un fabuleux destin est réservé : la chance. Simon Renucci et ses partisans ont ouvert la porte à leur défaite en refusant de s’allier au second tour avec les autonomistes qui leur tendaient la main.
Le 30 mars, au second tour, la liste Laurent Marcangeli a devancé de peu la liste Simon Renucci, 47,11 % contre 46,03 %, alors que la liste nationaliste réalisait 6,86 %. Le 5 avril, Laurent Marcangeli a été élu maire d’Aiacciu. Le 16 avril, il a été élu président de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien). L’invalidation du scrutin obtenue par Simon Renucci, le 23 octobre, n’a rien compromis. Le 27 octobre, Laurent Marcangeli a décidé de ne pas faire appel du jugement et a démissionné. Les nouvelles élections municipales ont eu lieu les 25 janvier et 1er février 2015.
Au second tour, le liste Laurent Marcangeli (59,5 % des suffrages) a largement distancé la liste Simon Renucci (40,5%). Un fabuleux destin ne pouvait être mis à mal par des juges… Le 8 février, Laurent Marcangeli a été à nouveau élu maire d’Aiacciu et, quelques jours plus tard, avec son appui, son ami Jean-Jacques Ferrara a été élu président de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien). Engagé sur le terrain politique et électoral ajaccien, Laurent Marcangeli n’a cependant pas négligé le terrain hexagonal. Il a honoré son mandat de député en participant à la vie parlementaire. En 2016, avec Édouard Philippe et d’autres, au sein des Républicains (nouvelle dénomination choisie par l’UMP), il a apporté son soutien à Alain Juppé quand ce dernier, s’étant déclaré candidat aux élections présidentielles de 2017, a tenté d’obtenir l’investiture de la droite dans le cadre de primaires. Soutenir Alain Juppé a valu à Laurent Marcangeli des inimitiés au sein de la droite corse. En effet, il lui a été reproché d’avoir lâché Nicolas Sarkozy (lui aussi candidat à l’investiture, resté très populaire parmi les électeurs et les militants de la droite corse). En 2017, Alain Juppé ayant été devancé par François Fillon et ce dernier ayant été éclaboussé par des affaires quand il est entré en campagne, Laurent Marcangeli a opté pour un soutien à Emmanuel Macron. Lors des élections législatives ayant suivi l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, et ce, comme il l’avait annoncé quelques mois plus tôt, il n’a pas demandé le renouvellement de son mandat de député. Sa circonscription est restée à droite car son ami Jean-Jacques Ferrara y a été élu député avec son soutien.
Maire, député, président de groupe parlementaire...
Entre 2017 et 2021, Laurent Marcangeli s’est quasiment totalement consacré à Aiacciu et à la Corse. Durant l’été 2017, il a été à nouveau élu à la présidence de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien). En 2018, après avoir quitté Les Républicains car étant en désaccord avec la ligne politique très droitière qu’y imposait Laurent Wauquiez, il a fondé un mouvement politique se réclamant du centre droit et ayant pour objet premier de prendre en compte les problématique de la région ajacienne. En 2020, au mois de juin, sa liste a aisément remporté les élections municipales d’Aiacciu. Il a alors été à nouveau élu maire et président de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien). Dès septembre, Laurent Marcangeli a annoncé qu'il conduirait une liste lors des élections territoriales de juin 2021 et serait candidat à la présidence du Conseil Exécutif. Le 20 mars 2021, ayant lancé officiellement sa campagne à Rezza, le village de ses racines familiales, il a affirmé sa volonté de de rassembler la droite et le centre en une seule liste dont il serait le chef de file. Il y est parvenu mais la victoire n’a pas été au rendez-vous. La liste de Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif sortant, est sortie vainqueur et a obtenu une majorité absolue à l’Assemblée de Corse. Avoir été élu conseiller de Corse n’a même pas été une consolation.
Le fabuleux destin allait-il tourner au destin ordinaire d’un élu local d’une ville prestigieuse ? Nenni ! Laurent Marcangeli a entrepris de renouer avec la version fabuleuse. En octobre, il a participé à la fondation du parti Horizons initiée par Édouard Philippe. L’année suivante, donc en 2022, après l’assassinat d’Yvan Colonna, après avoir favorisé le dialogue et le retour à l’apaisement entre la Corse en colère et l’État, et après avoir contribué à booster le processus Beauvau, il a fait un choix affectivement difficile et politiquement risqué. Craignant que son ami Jean-Jacques Ferrara, député sortant resté fidèle à Les Républicains, ne soit pas en mesure de conserver la première circonscription de Corse du Sud à l’occasion des élections législatives devant avoir lieu en juin (et sans doute aussi, brûlant de revenir à des enjeux hexagonaux), il a invité ce dernier à ne pas se représenter et a déclaré sa candidature. Ceci a fait grincer des dents et a généré du vote sanction. Trahison de l’amitié ont voulu punir les uns. Trahison du camp Les Républicains au profit du macronisme ont voulu punir les autres (en février 2022, Laurent Marcangeli avait annoncé son soutien au président sortant Emmanuel Macron en vue de l'élection présidentielle qui aurait lieu au mois d’avril ; Horizons était plus proche du macronisme que des Républicains). Il s’en est fallu de peu que le candidat siméoniste l’emporte. En effet, le 19 juin, au second tour, Laurent Marcangeli n’a recueilli qu’un peu plus de 51% des suffrages exprimés. Le fabuleux destin ayant été voulu par les Dieux de la politique, ils ont cependant fait en sorte que la victoire ne change pas de camp… Ils ont même agi pour qu’elle devienne éclatante. En effet, le 22 juin, à l’Assemblé Nationale, Laurent Marcangeli a été élu président du groupe parlementaire Horizons.
Monsieur bons offices, Ministre...
En juillet 2022, ne pouvant cumuler, Laurent Marcangeli a confié les clés de la mairie d’Aiacciu et de la CAPA (Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien) à son premier adjoint Christophe Sbraggia. Par ailleurs, le même mois, souhaitant se consacrer à l’exercice de son mandat de député et à la présidence du groupe parlementaire Horizons, il a renoncé au mandat de conseiller de Corse. Entre juillet 2022 et décembre 2024, il n’a cependant pas renoncé à garder un œil vigilant sur les dossiers ajacciens et les affaires corses. Ayant conservé son mandat de conseiller municipal d’Aiacciu, il a été présent lors de plusieurs conseils municipaux. Désireux d’un contact étroit avec les habitants et les élus de sa circonscription, il a régulièrement tenu des réunions de compte-rendu de mandat. Dans la cadre du processus Beauvau, il a été Monsieur bons offices. Il s’est employé à arrondir les angles entre l’État et Gilles Simeoni. Il a soutenu la démarche autonomiste, n’hésitant pas de ce fait à mécontenter et contrer la partie de la droite insulaire rechignant à ce qu’un pouvoir législatif soit accordé à l’Assemblée de Corse. Tout ceci a fait qu’il n’a pas été pris au dépourvu quand, en juin dernier, Emmanuel Macron a dissout l’Assemblée Nationale. Le 7 juillet 2024, il a été réélu à la députation avec 63,20 % des voix au second tour.
Quelques jours plus tard, du fait qu’ayant de l’avis général excellé durant deux ans dans l’exercice de cette responsabilité, il a été à nouveau porté à la président du groupe parlementaire Horizons. Ces derniers jours, précisément le 23 décembre 2024, le fabuleux destin de Laurent Marcangeli a porté ce dernier vers un nouveau sommet : l’intéressé a été nommé ministre de l'Action publique, de la Fonction publique et de la Simplification au sein du gouvernement Bayrou. Est-ce un Everest ? Pas sûr ! S’il parvient à gérer sans trop de conflits le guêpier que représente la gestion de plus de cinq millions d’agents publics et si le gouvernement Bayrou dure quelque peu, ou si Édouard Philippe réalise son ambition d'être élu président de la République, le fabuleux destin de Laurent Marcangeli pourrait devenir fabulissime. Du côté de la place Vendôme ou de la place Beauvau ou, pourquoi pas, 57 rue de Varenne.
Pierre Corsi