Le jour du saigneur

Le jour du Saigneur

Il a envoyé du bois. Entre les deux-tours Macron et son artillerie lourde se sont déployés sur tous les fronts de la campagne. Ses oligarques patrons de la quasi-totalité de la Presse, écrite, parlée et télévisée n’ont pas fait dans la dentelle. Pour assurer une diabolisation ad hitlerum ils ont appelé à la rescousse le ban et l’arrière ban de tout ce que la bien-pensance recèle dans sa chambre froide. L’opération “Peur Bleue-Peste Brune” était En Marche.

Il faudra un jour arrêter de confondre ce qui se vend et ce qui est bien (Bob Dylan).

Pendant deux semaines la Présidentielle a plus ressemblé à une opération promotionnelle qu’à un combat politique bilan contre-projet. Ou projet contre-projet. On a eu rejet contre rejet. Le produit Macron s’est vendu avec autant de subtilité qu’une batterie de casseroles au télé-achat. Pour animer la quinzaine ils se sont bousculés sur l’estrade : pseudos intellos, politiques en quête d’une place, communicants à l’affût de contrats, artistes subventionnés, éditorialistes zélés... Même, et c'est une première, les sportifs ont fait un tour de piste pour fourguer gratuitement, ça aussi c’est une première, les casseroles Macron. Ils ont tous usé des vieilles ficelles commerciales pour nous refiler encore cinq ans de cuisson à petit feu. En gros, seule la casserole Macron est garantie par temps de guerre. Parmi cette armée de VRP, deux représentants se sont illustrés, Patrick Cohen étant dans ce contingent un animal hors concours. Dans la famille Duhamel, “mon neveu Benjamin” a pour la courtisanerie le talent et l’appétence qui font une carrière à Versailles. Dans la famille “le ridicule tue plus que le Covid”, Mourad Boudjellal est tombé à Marseille sous un soleil de plomb.

Ce qui est gênant dans la morale, c'est que c'est toujours la morale des autres (Leo Ferré).

Les moralistes licenciés à la FFM (fédération française de la morale) sont allés au charbon de Silésie pour culpabiliser méchamment celui qui s’abstient, celui qui vote blanc, sans parler de ce salaud de non-inscrit. L’anar du jour et l’anar de toujours, tous frappés d’indignité nationale. Seul Michel Onfray a bénéficié d’un interstice pour les défendre, au milieu de la marée de moraline qui s’est déversée sur les cranes. Seul Marcel Gauchet, dans un trou de souris, a pu dénoncer le détournement sémantique au profit de la doxa des alignés. Jamais il n'a autant été fait référence à l’extrême-droite, à la collaboration, au nazisme, à la guerre, à la famine... oui les pauvres vont mourir de faim (Darmanin) si le citoyen s’égare dans la nature ou se goure dans l’isoloir. Alors que, c’est bien connu, avec Macron ils se sont odieusement goinfrés. Jamais l’élection d’un Président sortant n’a été à ce point confisquée, l’injonction à ne jamais évoquer le bilan a été respectée à la lettre. Poutine a permis à Macron de se planquer pendant deux mois derrière un téléphone. Après avoir en 2017 saigné à blanc le PS, il vient de dépecer à l’os LR avec la complicité intéressée de Sarko. À faire dans la casserole autant s'adresser au grossiste du marché. Tous ces bons samaritains se sont acharnés pour avoir Marine le Pen en face le 10 au soir. Et le 10 à 20 heures, alors que la victoire est acquise, l’opération “Peur Bleue-Peste Brune” se met quand même en branle...

Je me lève aussi facilement du pied gauche que du pied droit : je ne fais pas de politique (Francis Blanche).

En 2017, parmi la cargaison des promesses non tenues il y avait celle de réduire l’extrême-droite à sa portion congrue. Pour son confort électoral Macron n’a eu de cesse d’assurer son ancrage, de faire, à coups de billard à trois bandes, sa promotion. Maintenant la macronade peut accoucher du bipartisme. La Macronie au Centre, omnipotente avec ses wagons de députés LR et PS. À sa droite une opposition recomposée plus ou moins faiblarde avec le RN, Zemmour et ce qui reste des Républicains. Opposition qui deviendrait la Droite. Par rapport au Centre. Vous suivez ? Il n’y aurait donc plus d’Extrême-Droite puisqu'ils seraient à la droite du centre. Ouf ! C’est vrai que pour suivre les petits calculs de Macron, il faut s’accrocher. Dernier écueil dans ce jeu de rôles, Mélenchon et son désir d’Union Populaire en vue des législatives. S’il avait adopté, après le premier tour, une position moins establishment compatible c’était jouable. Mais si sa sauce commence à monter, la diabolisation va s’abattre sur sa poire aussi surement qu’un missile sur le Donbass. Son électorat communautaire lui deviendra plus collant que le sparadrap du capitaine qui lui, était un authentique insoumis.

La femme sera vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignera une femme incompétente (Françoise Giroud).

Oh les féministes, vous avez fait quoi ? Le débat ne vous a pas convaincu ? Elle est toujours aussi nulle. Une occasion comme celle-là ne se présente qu’une fois par siècle. Marine le Pen à l’Élysée, avec ses chats et son incompétence, c’était le bout du chemin. La consécration, l’apothéose. Chasser le naturel, elles ont choisi les casseroles Macron. À table !...

Sgaiuffu