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Angelo Rinaldi ou la haine de soi

Angelo Rinaldi, écrivain d'origine corse et académicien,a, une fois encore , jugé bon de donné un sentiment ô combien amer, sur les rfécents évènements survenus dans cette île.....

Angelo Rinaldi ou la haine de soi


Angelo Rinaldi, écrivain d’origine corse et académicien, a, une fois encore, jugé bon de donner un sentiment ô combien amer, sur les récents évènements survenus dans cette île où il naquit au millénaire dernier et dont il n’a plus, depuis bien longtemps, que de vagues réminiscences. La meilleure preuve est que le malheureux intitule sa prose “un département à la mer” oubliant que la bi départementalisation fut actée en 1975, l’année du drame d’Aleria. Inutile voire cruel de lui rappeler que la Corse est aujourd’hui une région à part entière et qu’elle aspire, si on en croit le verdict des urnes à devenir autonome.


“La nation corse n’existe pas plus que la rouergate, la guyanaise ou la sarde”


Ainsi débute le petit libelle de l’écrivain : triple voire quadruple sottise car Rinaldi commence par une confusion entre les concepts de peuples et de nation. Au sens moderne du terme, la nation est la conscience de son existence d’un peuple. Mélanger à dessein (du moins l’espère-t-on faute de devoir diagnostiquer une grande confusion mentale) quatre cas historiques totalement différents procède d’une démonstration plus qu’improbable. La Guyane fut longtemps une colonie pénitentiaire. Elle est désormais une région coloniale de la France où le sentiment national commence à exister. Rinaldi devrait se rapprocher de la Sardaigne pour savoir que tout au long de son histoire ce fut une grande nation qui présida à la destinée de l’État italien formé en 1861 grâce à Garibaldi parti justement de la partie septentrionale de l’île habitée par des familles venues de Corse. Je ne connais hélas pas le Rouergue uniquement placé là par une volonté d’abaisser les autres exemples au niveau d’un folklorisme régional (Rinaldi aime bien écraser l’autre de sa condescendance fatiguée). Il tente ensuite de donner un cours d’histoire de la Corse, histoire que visiblement il ignore mélangeant en une sorte de ragoût indigeste les “roitelets bourbons, la Sainte Alliance, la Mafia, l’analphabétisme, le fascisme, l’immigration forcée vers l’Amérique” bref tout ce que notre académicien un rien ranci par les décennies attribue à une Italie dont par ailleurs il vante les réalisations. Allez comprendre sinon que l’âge, ce terrible prédateur, a fait son terrible travail.

Incompétent et boursouflé


Selon lui, les quelques centaines de jeunes gens qui se sont affrontés aux CRS et Gardes mobiles (dont j’ai dénoncé le comportement dans ces colonnes) seraient descendues dans la rue “avec une théâtralité toute méditerranéenne à composante de refoulement sexuel” (le pauvre homme devait se contempler quand il a écrit ses lignes) “y affronter à coups de meurtriers cocktails molotov de débonnaires policiers — fils du peuple d’ailleurs — avant de rentrer à la maison toucher le RSA”. Que d’outrances dans le propos et que d’inintelligence pour traiter d’un problème politique qui, pour critiquable qu’il soit, est néanmoins à prendre en compte pour éviter qu’il ne se transforme en drame. Et lui qui houspillait la théâtralité méditerranéenne, le voilà qui évoque en contre-exemple Fred Scamaroni “chef maquisard en lutte contre les armées d’occupation. Trahi par un mouchard, il fut arrêté au détour de l’un de ces sentiers de montagne bordés d’asphodèles qui, dans la symbolique des plantes, sont les fleurs du mensonge”. Passons sur le fait que Scamaroni ne dirigea aucun maquis pas plus qu’il ne fut arrêté sur un sentier. Trahi, il fut capturé à Ajaccio au bout de trois mois de présence en Corse. Quant à l’asphodèle elle est tout bonnement la plante qui permet le passage des âmes de la vie à la mort. C’est la bruyère qui est la plante du mensonge. Et tout est l’avenant, tout cela pour dire que les autonomistes d’aujourd’hui sont les irrédentistes fascistes de demain.

Contemplateur ou contempteur de lui-même?


Angelo Rinaldi est un excellent écrivain mais un piètre polémiste. Qu’il n’aime pas les autonomistes est son droit le plus strict. Mais qu’il évite ces “hénaurmités” historiques lorsqu’il veut démontrer son rejet de toute forme de réalité corse. Homosexuel proclamé, il a détesté son enfance bastiaise qui date tout de même des années quarante. Et on peut le comprendre. Il n’a pas dû lui être facile de vivre à l’époque dans une société provinciale fermée et machiste. Mais qu’est-ce qui permet à ce monsieur dont les seuls amours sont Paris et son chat de nier l’existence d’une langue corse dont il semble tout ignorer puisqu’il écrivait en 2003 « On n’a guère en commun qu'une certaine façon de siffler les chèvres ». Ainsi nous ne serions qu’une forme de rêve, voire de cauchemars qui défendraient une culture et une langue qui ont réussi à survivre jusqu’au IIIe millénaire. En fait, disons le tout net, Angelo Rinaldi porte en lui la haine de soi. Et en stigmatisant les Corses d’une façon aussi détestable, il ne fait qu’étaler ses propres contradictions existentielles. Pauvre homme !

GXC
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