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Législatives : copier-coller en perspective

Des nationalistes en tête et en situation de l 'emporter au second tour dans trois circonscriptions sur quatre.
Législatives : copier-coller en perspective

Des nationalistes en tête et en situation de l’emporter au second tour dans trois circonscriptions sur quatre. La droite en pole position dans la circonscription restante. Dimanche 12 juin 2022 : bis repetita du 11 juin 2017. Mais … pas placent !

En Haute-Corse, dans la première circonscription, Michel Castellani (Femu a Corsica) semble assuré d’accéder au second tour et peut caresser l’espoir de l’emporter dès le premier. Il est servi par son image de modération politique et de notable affable qui lui permet de recueillir des suffrages provenant de quasiment toutes les familles politiques, ainsi que par l’influence de Femu a Corsica dans de nombreuses communes. A ce jour, ayant été candidat en juin 2017 et aux dernières élections municipales de Bastia, étant conseiller municipal d'opposition de Bastia, étant aussi un Divers Tout (un peu de gauche, un peu macronien, un peu Horizons et faisant des appels du pied aux électeurs nationalistes), seul Julien Morganti apparaît, face au député sortant, comme étant ancré et surtout déterminé à faire un résultat. Les autres, candidats potentiels ou déclarés, semblent davantage motivés par la nécessité d’être présents pour maintenir une présence politique et /ou partisane.
A droite, Jean-Martin Mondoloni, désormais installé à Bastia, étant silencieux, le nom d’Enzo Martel qui siège au sein du conseil municipal de Furiani circule. Mais sa candidature reste improbable.
A gauche, Michel Stefani, secrétaire régional du Parti Communiste, sera en piste pour la huitième fois et un candidat La France Insoumise essaiera de capter une partie des voix de Jean-Luc Mélenchon. Ces deux candidats se contenteront probablement de se partager 10 % des suffrages.
Au centre gauche, Jean-François Paoli, vice-président de la fédération corse du Mouvement radical qui a soutenu Emmanuel Macron à l’occasion du scrutin présidentiel, partira avec l’aval d’Émile et Jean Zuccarelli et bénéficiera peut-être de l'investiture La République En Marche. S’il égale le score de François Orlandi, le candidat macronien de juin 2017, il pourra se déclarer satisfait, même si , comme son prédécesseur, il n’accède pas au second tour. Le Front National sera sans doute absent.
Côté nationaliste, Corsica Libera et Core In Fronte entreront peut-être en lice.

Jean-Félix Acquaviva contesté

En Haute-Corse, dans la deuxième circonscription, il se dit que Jean-Félix Acquaviva (Femu a Corsica) n’aura pas la partie facile. Certes Francis Giudici, le maire de Ghisunaccia, qui avait porté les couleurs de La République en Marche en juin 2017 et accédé au second tour, ne sera pas course. Mais le député sortant devra compter avec Lionel Mortini. Le maire de Belgudè et président de la Communauté de communes L’Ile-Rousse-Balagne dispose de solides soutiens dans le rural et au sein de la mouvance nationaliste, et pourrait capter des électeurs de droite ou giacobbistes souhaitant mettre en difficulté ou faire battre le plus proche des proches de Gilles Simeoni. Le soutien du Partitu di a Nazione Corsa lui semble acquis. Il n’est pas impossible que Corsica Libera (qui voit en Jean-Félix Acquaviva un artisan majeur de la fracture de Per a Corsica à l’occasion des dernières Territoriales) et Core in Fronte lui laissent le champ libre ou même le soutiennent. A droite, nul ne sait si Jean-Martin Mondoloni sera à nouveau candidat. Peut-être Horizons, le parti d’Edouard Philippe, le convaincra-t-il de remette le couvert. François-Xavier Ceccoli, maire de San Ghjulianu, président de la fédération Les Républicains de la Haute-Corse, même s’il est desservi par la déroute de Valérie Pécresse qu’il a soutenue, dispose d’atouts non négligeables tels que des liens avec les milieux économiques (notamment agricoles), l’existence dans la circonscription d’un électorat et de nombreux maires appartenant à sa famille politique ou en étant proches, son statut d’acteur économique et son parler vrai le différenciant des professionnels de la politique. A gauche : le néant ou presque. Le Parti Communiste et La France Insoumise seront de la partie pour témoigner de leur existence et porter leur message. A droite de la droite, peut-être un candidature de dernière minute sera-t-elle annoncée par le Rassemblement National ou Reconquête.

Suspense inattendu

En Corse-du-Sud, dans la première circonscription : suspense inattendu.
Le député sortant Jean-Jacques Ferrara (Les Républicains) dont la réélection semblait certaines malgré la déconvenue de Valérie Pécresse qu’il avait choisi de soutenir, sera-t-il concurrencé par son ami politique le plus proche, ou décidera-t-il de ne pas se représenter ? Ce suspense résulte d’une possible candidature de Laurent Marcangeli qui est poussé à entrer en lice par la fragilisation de Les Républicains, par la nécessité pour Horizons, dont il est l’une des figures marquantes, de totaliser le plus grand nombre de députés possibles pour peser ainsi que par l‘influence que représentera un siège au Palais de Bourbon dans le cadre des discussions sur l’évolution institutionnelle de la Corse. Face à l’un ou à l’autre des frères ami et peut-être être demain adversaires ou ennemis, le très indépendant nationaliste Jean-Paul Carrolaggi, auquel avaient manqué quelques voix pour participer second tour en juin 2017, semble le mieux placé. Il bénéficiera de l’appui de Corsica Libera et du Partitu di a Nazione Corsa et peut-être de l’absence de Core In Fronte. Ancien compagnon de route de Simon Renucci, il peut espérer capter des suffrages au sein d’une gauche qui n’a plus comme perspective que de voter contre la droite ou Emmanuel Macron. Il n’est pas impossible qu’il recueille les suffrages d’électeurs de droite irrités par un duel Macron-Ferrara ou un retrait du député sortant.
A gauche, le schéma sera le même qu’ailleurs dans l’île : le Parti Communiste et La France Insoumise se disputeront la primauté en se battant pour sans doute moins de 10 % des voix. Michel Mozziconacci, le macronien local, sera peut-être de la partie et espèrera alors que la zizanie à droite, un fond d’anciens électeurs Simon Renucci, radicaux et socialistes et le talisman Emmanuel le propulseront au second tour.
François Filoni, cette fois candidat en tant que leader du Rassemblement National, tentera de surfer sur la vague « Le Pen » pour réaliser une première ambition : être présent au second tour. Incertitude : qui porter les couleurs de Femu a Corsica ? Certitude : quelqu’un(une) s’y collera car le parti siméoniste, en l’absence d’un député nationaliste sortant, ne peut passer son tour dans la circonscription comptant la capitale régionale. Prestige oblige…

Le dernier combat

En Corse-du-Sud, dans la deuxième circonscription, le député sortant Paul-André Colombani (Partitu di a Nazione Corsa) semble être sur de bons rails. D’autant plus qu’il pourrait bénéficier de la non-candidature ou du soutien des autres composantes de la famille nationaliste, de l’appui ou de la sympathie de nombreux maires et aussi d’un coup de pouce du macrono-autonomiste Jean-Charles Orsucci si celui-ci décide de ne pas être candidat du fait du peu de soutien que lui manifeste La République En Marche depuis cinq ans, de sa déconvenue aux élections territoriales de l’an passé et des résultats médiocres d’Emmanuel Macron à Bunifaziu lors des récentes élections présidentielles. Paul-André Colombani devra certes affronter Camille de Rocca Serra (Les Républicains) qu’il avait battu en juin 2017 mais qui était arrivé en tête au premier tour. Mais ce dernier perdra probablement de nombreux points du fait de la candidature de Valérie Bozzi. En effet, la maire de Grussetu-Prugna qui se réclame de la majorité présidentielle, qui seconde Laurent Marcangeli à l’Assemblée de Corse au sein du groupe Un Soffiu Novu, qui aura le soutien d’Horizons, qui est Issue de Les Républicains et qui dispose d’un électorat personnel, a bien des atouts pour tailler des croupière au dernier des chefs de clan du temps passé encore en lice. Et peut-être créer les conditions pour que pour celui-ci, le premier tour soit le théâtre d’un dernier combat… A gauche ? Inutile de se répéter, relire ce qui est écrit précédemment. A droite de la droite ? Mystère !

Divisions, rancœur, dépit…

Electoralement, Dimanche 12 juin 2022 ressemblera probablement beaucoup à Dimanche 11juin 2017. Des nationalistes en tête et en situation de l’emporter au second tour dans trois circonscriptions sur quatre : Michel Castellani, Jean-Félix Acquaviva ou / et Lionel Mortini, Paul-André Colombani. La droite en pole position dans la circonscription restante en les personnes de Jean-Jacques Ferrara ou Laurent Marcangeli. Bis repetita mais … pas placent ! Côté nationaliste : pour cause de divisions, absence de perspective de retrouver l’enthousiasme qu’avaient suscitées, en juin 2017, les trois victoires unitaires et historiques de Per a Corsica, et aussi le risque de perdre un siège si le duel Acquaviva / Mortini vire au pugilat. A droite : la division et peut-être la rancœur si Laurent pousse au retrait ou bat Jean-Jacques. A gauche : le sentiment d’appartenir à un quasi-néant. A droite de la droite : à nouveau le dépit et le constat, sauf peut-être dans la première circonscription de Corse-du-Sud, que le vote Le Pen reste essentiellement le produit de la frustration et de la contestation, et non le signe d’une adhésion à des idées ou à un programme. Et probablement aussi : le constat que dernier des chefs de clan du passé aura livré sa dernière bataille.



Pierre Corsi
















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