• Le doyen de la presse Européenne

Pour le rapatriement de Ferrandi et d'Alessandri

Il arrive que dans la vie le mieux soit l'ennemi du bien. Il va de soi que celles et ceux qui demandent par simple humanité et par respect de la loi, le rapatriement en Corse d'Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri, ne peuvent logiquement exclure ...
Il arrive que dans la vie le mieux soit l'ennemi du bien. Il va de soi que celles et ceux qui demandent par simple humanité et par respect de la loi, le rapatriement en Corse d'Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri, ne peuvent logiquement exclure Yvan Colonna d'une telle exigence. Mais nous savons que si le sort des trois hommes est lié, rien ne se passera alors qu'il est possible d'obtenir une telle mesure pour les deux premiers. Une telle décision serait un signe positif lancé par l'État français à l'opinion insulaire après quelques erreurs regrettables.

Depuis 3 ans déjà…


Le 11 juillet 2003, Alain Ferrandi et Pierre Alessandri étaient condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de 18 ans pour leur participation à l’assassinat du Préfet Claude Érignac le 6 février 1998. Ils sont détenus depuis le 25 mai 1999, et purgent leur peine dans différentes prisons hors de Corse. Or leur période de sûreté est arrivée à échéance le 25 mai 2017 et ils demandent à être rapprochés des leurs et donc rapatriés dans une prison insulaire. Le 15 octobre 2019, la Ligue des Droits de l'homme attirait l'attention du grand public sur l'injustice qui leur était faite. Leur inscription au répertoire des détenus particulièrement signalés, les DPS, constituerait l'obstacle majeur à cette demande. Pourtant l’administration pénitentiaire constate qu’Alain Ferrandi et Pierre Alessandri ne posent aucune difficulté de gestion au quotidien. La LDHH souligne avec justesse : "La demande de rapprochement des deux hommes s’inscrit dans les engagements internationaux auxquels souscrit la France, notamment les règles pénitentiaires européennes du Conseil de l’Europe consultables sur le site du ministère de la Justice. La règle 17-1 préconise : « Les détenus doivent être répartis autant que possible dans des prisons situées près de leur foyer ou de leur centre de réinsertion sociale. » Cela fait maintenant 7 400 jours qu’Alain Ferrandi et Pierre Alessandri sont incarcérés hors de Corse. Au début de l’exécution de leur peine, ils avaient 40 ans. Aujourd’hui, ils en ont 60." Qui peut penser un seul instant que ces seniors vont chercher un seul instant à s'évader ? L'un et l'autre ont payé un crime qu'ils ont reconnu avoir commis. Il ne s'agit pas de demander leur liberté mais de leur permettre d'effectuer le temps d'incarcération qu'il leur reste à subir dans des conditions moins difficiles essentiellement pour leurs proches qui eux sont innocents du fait criminel. Les élus de Corse, toutes tendances politiques confondues ont appuyé cette demande humanitaire. "Les parlementaires de Corse, sénateurs et députés, soutiennent la démarche des associations, « l'Ora di u ritornu » et la Ligue des droits de l'Homme, qui vise à obtenir le rapprochement de ces deux hommes dans une prison en Corse, conformément à ce que dit le droit. À leur côté, nous demandons que Pierre Alessandri et Alain Ferrandi soient désinscrits du répertoire des détenus particulièrement signalés, condition nécessaire pour permettre ce rapprochement et contribuer à leur réinsertion familiale et sociale."

Un signe favorable


Pour l'instant, la garde des Sceaux fait la sourde oreille. Il semblerait toutefois qu'à l'occasion de la venue du nouveau préfet, les relations entre la majorité nationaliste et l'état puissent s'améliorer et jouer positivement en faveur d'Alain Ferrandi et de Pierre Alessandri. À l'heure où la société civile corse semble se réveiller d'un long sommeil (comme le démontre la formidable marche blanche organisée à Corte par le collectif A maffia nò a vita sì après l'assassinat de Barthélémy Casanova), l'attitude positive du nouveau préfet est un signe encourageant. Contrastant avec l'agressivité un rien pathologique de Josiane Chevalier, Franck Robine a enfin cessé de confondre la poignée de conjurés responsables de l'assassinat du préfet Érignac avec les Corses en général. De nombreux défis sont lancés à la Collectivité à commencer par la crise des déchets et les risques de pénurie budgétaire. La Corse a besoin des compétences étatiques pour se sortir de ces ornières. Mais travailler ensemble signifie aussi cesser de se méfier de l'autre. Le cas de Ferrandi et d'Alessandri est emblématique à divers degrés. Ils ne représentent donc pas la Corse mais ils sont aussi les enfants de cette terre. Ils devaient payer pour ce qu'ils ont fait. Ils paient. Mais l'état doit aussi apprendre à pardonner afin que nous sachions que la page dramatique ouverte le 6 février 1998 est désormais tournée. Il ne s'agit pas d'oublier le préfet Érignac mais de surmonter cette épreuve qui a été vécue en commun par les Corses et les Français. Il ne s'agit pas pour l'instant de libérer ces deux hommes qui ont assumé leur acte mais de les rapprocher des leurs. C'est un geste d'humanité qui est demandé à l'état et non un geste d'amnésie.
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