Légisilatives de Corse-du-Sud, Laurent ambitieux, Paul-André serein
Avant même que les électeurs se soient prononcés, il peut être constaté des évolutions importantes et des enjeux majeurs. Toutes les familles politiques sont concernées.
Législatives de Corse-du-Sud : Laurent ambitieux, Paul-André serein
Avant même que les électeurs se soient prononcés, il peut être constaté des évolutions importantes et des enjeux majeurs. Toutes les familles politiques sont concernées.
Au premier tour, 23 candidats sur les starting-blocks. 12 dans la première circonscription (Ajaccio). 11 dans la deuxième (Porto-Vecchio / Sartène). Un deuxième tour sera très probablement nécessaire dans les deux circonscriptions car, pour être élu dès le premier tour, un candidat doit recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés (50 % des suffrages plus un) et un total de suffrages au moins égal au quart des inscrits. Ce qui semble à exclure au vu des taux de participation passés (57 % en 2012 et 46,65 % en 2017 dans la première circonscription, 60,99 % en 2012 et 49,01 % en 2017 dans la deuxième circonscription) et du grand nombre de candidats.
Au deuxième tour, il est très probable que le choix sera limité à deux candidats. En effet, pour y participer, il faut obtenir un nombre de suffrages au moins égal à 12,5 % des inscrits au premier tour ou, à défaut, arriver en deuxième position. Jean-Jacques Ferrara, Les Républicains, ne se représente pas (première circonscription). Paul-André Colombani, Partitu di a Nazione Corsa, est candidat à la réélection (deuxième circonscription). Avant même que les électeurs se soient prononcés, il peut être constaté des évolutions importantes et des enjeux majeurs. Toutes les familles politiques sont concernées.
Perspective de nouvel horizon
Le renoncement de Jean-Jacques Ferrara, député sortant, et de Camille de Rocca Serra, ex-député, confirme le déclin et annonce peut-être la disparition de Les Républicains en Corse-du-Sud. Il est aussi avéré qu’une page est désormais définitivement tournée : celle de la domination et de l’influence Rocca Serra sur la droite sudiste. Camille de Rocca Serra en a d’ailleurs pris acte : « Certains de mes amis proches se sont finalement révélés être des obstacles, défaillants ou sourds à mon engagement. » Laurent Marcangeli, candidat dans la première circonscription, et Valérie Bozzi, candidate dans la deuxième, ont le champ libre pour définitivement imposer leur leadership et aussi une autre droite, celle d’Horizons, le parti créé par Edouard Philippe.
Cependant, ayant provoqué le destin en incitant respectivement Jean-Jacques Ferrara et Camille de Rocca Serra à jeter l’éponge, ils n’ont ni l’un, ni l’autre le droit à l’erreur. Il leur faut au moins faire aussi bien que ce qui a été fait aux Législatives de 2017 par ceux qu’ils ont conduit à s’effacer.
Laurent Marcangeli doit gagner. Valérie Bozzi doit être présente au deuxième tour.Laurent
Marcangeli est bien entendu celui qui joue le plus gros. Une défaite, après celle essuyée lors du dernier scrutin territorial, l’exposerait à voir son autorité et sa légitimité politiques remises en cause jusque dans sa bonne ville d’Aiacciu, et le contraindrait à revoir plus qu’à la baisse ses ambitions de s’imposer définitivement comme un des lieutenants d’Édouard Philippe et d’être un acteur majeur des discussions sur l’avenir de la Corse qui seront ouvertes entre l’État et les représentants de la Corse.
Ancrage, reconstruction, présence par procuration
Le Rassemblement National est en course avec Nathaly Antona (première circonscription) et François Filoni (deuxième circonscription). Tous deux ont pour mission première de fixer une partie significative de l’électorat qui a opté pour Marine le Pen au premier tour (28,51%) puis au deuxième tour (58,31 %) de l’élection présidentielle. Être en mesure de participer au deuxième tour représenterait pour l’un et / ou l’autre une incontestable et considérable réussite. En effet, cela signifierait un début de fidélisation des électeurs et d’ancrage local du parti, et cela démontrerait que Le Rassemblement National est désormais considéré par les électeurs comme bien plus qu’un fan club de Marine Le Pen ou qu’un parti contestataire. Etant candidat dans la deuxième circonscription, Olivier Battistini, chef de file de Reconquête en Corse, aura lui aussi pour mission de fixer au moins des électeurs : ceux d’Éric Zemmour (13 % en Corse-du-Sud lors du premier tour de l’élection présidentielle). S’il y parvient, cela indiquera qu’en Corse-du-Sud la démarche Reconquête peut être plus qu’un feu de paille. Les candidats de gauche ne peuvent avoir pour ambition, au vu des réalités, que d’obtenir des résultats encourageants au premier tour qui les conduiraient à croire en une possible reconstruction.
La volonté de s’inscrire dans une démarche de reconstruction est d’ailleurs révélée par le choix qui a été fait de candidats (es) jeunes ou néophytes aussi bien par le Parti Communiste (Anissa-Flore Amziane, première circonscription / Pierre-Ange Muselli-Colonna, deuxième circonscription), que par La France Insoumise (Robin De Mari, première circonscription) et le Parti Socialiste (Ghislaine Salmat, deuxième circonscription). Reconstruire est cependant hypothéqué par un investissement du champ de bataille en ordre dispersé et l’absence d’une représentation des Verts. En effet l’accord NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) qui réunit dans l’Hexagone les partis socialiste, communiste, La France Insoumise et Europe-Ecologie-Les Verts n’est pas de mise en Corse, et car des voix de gauche iront aussi à un candidat de la social-démocratie renucciste (Michel Mozziconacci, première circonscription) et à un ancien communiste (Dylan Champeau, deuxième circonscription).
Enfin, la macronie ne sera présente que par procuration. En effet, avec l’absence de Jean-Charles Orsucci, électron libre macronien historique et assumé, et l’incapacité de La République En Marche (devenue Renaissance) d’avoir fait émerger des représentants locaux crédibles ou du moins audibles, les électeurs macroniens sont invités à voter pour Laurent Marcangeli ou Valérie Bozzi qui, bien qu’ayant été affublés des couleurs de la majorité présidentielle, préfèrent arborer la bannière d’Édouard Philippe. Il est vrai que la popularité d’Emmanuel Macron en Corse ...
Sérénité et fleuret moucheté
Pour la première fois, les nationalistes doivent s’employer à conserver un siège de député : celui de Paul-André Colombani (deuxième circonscription). L’explosion de l’union Pè a Corsica qui a ouvert la porte de la victoire à ce dernier en 2017 pourrait faire penser que sa position est fragilisée. Il affiche cependant une grande sérénité et a quelques bonnes raisons de ne pas être fébrile (même si comme il ne manque jamais de le rappeler, le résultat d’une élection n’est connu qu’à la fin du dépouillement des bulletins). Premièrement, il sera le seul représentant de la mouvance nationaliste dans sa circonscription. Deuxièmement, malgré les divisions et les divergences intra-nationalistes, aucun leader, cadre, militant ou électeur un tant soit peu responsable ne peut envisager contribuer à la perte d’un mandat majeur alors que vont s’ouvrir des négociations aussi difficiles que cruciales avec l’Etat. Troisièmement, tout en ayant activement fait campagne à l’occasion des scrutins municipal et territorial pour les listes conduites par Jean-Christophe Angelini, Paul-André Colombani n’a pas été en première ligne des conflits entre son parti (Partitu di a Nazione Corsa) et Femu a Corsica. Quatrièmement, Paul-André Colombani a une image d’humanisme, d’implication dans son travail parlementaire et sa circonscription, et d’attention pour les problématiques quotidienne de l’économique, du social, du sanitaire et de l’associatif, qui lui ouvre des sympathies et des perspectives de suffrages au-delà de la sphère nationaliste. Et ce, aussi bien à droite qu’à gauche. Cinquièmement, la position de Paul-André Colombani a été assise par la conquête de la mairie de Portivechju par Jean-Christophe Angelini.
Enfin, il convient de souligner que Valérie Bozzi, qui apparaît comme le principal adversaire de Paul-André Colombani, pourrait ne pas faire le plein dans son camp du fait qu’en ralliant Horizons et se portant candidate, elle a manifestement beaucoup contribué à ce que Camille de Rocca Serra jette l’éponge. Dans la première circonscription, deux nationalistes sont en lice. A ce jour, au niveau public et médiatique, le duel se déroule à fleuret moucheté. Cela devrait durer pour ne pas « stumaguer » les militants, les sympathisants et les électeurs des deux bords. Toutefois, même si aucun des protagonistes ne semble en mesure de l’emporter, la compétition sera de mise car le décompte des bulletins permettra de situer l’état des forces de Femu a Corsica et d’au moins deux autres partis. En effet, Romain Colonna portant les couleurs de Femu et Jean-Paul Carrolaggi bénéficiant du soutien de Corsica Libera et du Partitu di a Nazione Corsa et faisant figure de favori, que ce dernier ait l’avantage et, cerise sur le gâteau, parvienne à être qualifié pour le deuxième tour, permettront de confirmer que, tout comme la deuxième, la première circonscription n’est pas « terra simeona ». Un mot concernant Core in Fronte : ce parti sera absent du scrutin pour, comme il l’a précisé, ne pas ajouter à la division et à la confusion du camp nationaliste.
Pierre Corsi
Avant même que les électeurs se soient prononcés, il peut être constaté des évolutions importantes et des enjeux majeurs. Toutes les familles politiques sont concernées.
Au premier tour, 23 candidats sur les starting-blocks. 12 dans la première circonscription (Ajaccio). 11 dans la deuxième (Porto-Vecchio / Sartène). Un deuxième tour sera très probablement nécessaire dans les deux circonscriptions car, pour être élu dès le premier tour, un candidat doit recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés (50 % des suffrages plus un) et un total de suffrages au moins égal au quart des inscrits. Ce qui semble à exclure au vu des taux de participation passés (57 % en 2012 et 46,65 % en 2017 dans la première circonscription, 60,99 % en 2012 et 49,01 % en 2017 dans la deuxième circonscription) et du grand nombre de candidats.
Au deuxième tour, il est très probable que le choix sera limité à deux candidats. En effet, pour y participer, il faut obtenir un nombre de suffrages au moins égal à 12,5 % des inscrits au premier tour ou, à défaut, arriver en deuxième position. Jean-Jacques Ferrara, Les Républicains, ne se représente pas (première circonscription). Paul-André Colombani, Partitu di a Nazione Corsa, est candidat à la réélection (deuxième circonscription). Avant même que les électeurs se soient prononcés, il peut être constaté des évolutions importantes et des enjeux majeurs. Toutes les familles politiques sont concernées.
Perspective de nouvel horizon
Le renoncement de Jean-Jacques Ferrara, député sortant, et de Camille de Rocca Serra, ex-député, confirme le déclin et annonce peut-être la disparition de Les Républicains en Corse-du-Sud. Il est aussi avéré qu’une page est désormais définitivement tournée : celle de la domination et de l’influence Rocca Serra sur la droite sudiste. Camille de Rocca Serra en a d’ailleurs pris acte : « Certains de mes amis proches se sont finalement révélés être des obstacles, défaillants ou sourds à mon engagement. » Laurent Marcangeli, candidat dans la première circonscription, et Valérie Bozzi, candidate dans la deuxième, ont le champ libre pour définitivement imposer leur leadership et aussi une autre droite, celle d’Horizons, le parti créé par Edouard Philippe.
Cependant, ayant provoqué le destin en incitant respectivement Jean-Jacques Ferrara et Camille de Rocca Serra à jeter l’éponge, ils n’ont ni l’un, ni l’autre le droit à l’erreur. Il leur faut au moins faire aussi bien que ce qui a été fait aux Législatives de 2017 par ceux qu’ils ont conduit à s’effacer.
Laurent Marcangeli doit gagner. Valérie Bozzi doit être présente au deuxième tour.Laurent
Marcangeli est bien entendu celui qui joue le plus gros. Une défaite, après celle essuyée lors du dernier scrutin territorial, l’exposerait à voir son autorité et sa légitimité politiques remises en cause jusque dans sa bonne ville d’Aiacciu, et le contraindrait à revoir plus qu’à la baisse ses ambitions de s’imposer définitivement comme un des lieutenants d’Édouard Philippe et d’être un acteur majeur des discussions sur l’avenir de la Corse qui seront ouvertes entre l’État et les représentants de la Corse.
Ancrage, reconstruction, présence par procuration
Le Rassemblement National est en course avec Nathaly Antona (première circonscription) et François Filoni (deuxième circonscription). Tous deux ont pour mission première de fixer une partie significative de l’électorat qui a opté pour Marine le Pen au premier tour (28,51%) puis au deuxième tour (58,31 %) de l’élection présidentielle. Être en mesure de participer au deuxième tour représenterait pour l’un et / ou l’autre une incontestable et considérable réussite. En effet, cela signifierait un début de fidélisation des électeurs et d’ancrage local du parti, et cela démontrerait que Le Rassemblement National est désormais considéré par les électeurs comme bien plus qu’un fan club de Marine Le Pen ou qu’un parti contestataire. Etant candidat dans la deuxième circonscription, Olivier Battistini, chef de file de Reconquête en Corse, aura lui aussi pour mission de fixer au moins des électeurs : ceux d’Éric Zemmour (13 % en Corse-du-Sud lors du premier tour de l’élection présidentielle). S’il y parvient, cela indiquera qu’en Corse-du-Sud la démarche Reconquête peut être plus qu’un feu de paille. Les candidats de gauche ne peuvent avoir pour ambition, au vu des réalités, que d’obtenir des résultats encourageants au premier tour qui les conduiraient à croire en une possible reconstruction.
La volonté de s’inscrire dans une démarche de reconstruction est d’ailleurs révélée par le choix qui a été fait de candidats (es) jeunes ou néophytes aussi bien par le Parti Communiste (Anissa-Flore Amziane, première circonscription / Pierre-Ange Muselli-Colonna, deuxième circonscription), que par La France Insoumise (Robin De Mari, première circonscription) et le Parti Socialiste (Ghislaine Salmat, deuxième circonscription). Reconstruire est cependant hypothéqué par un investissement du champ de bataille en ordre dispersé et l’absence d’une représentation des Verts. En effet l’accord NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) qui réunit dans l’Hexagone les partis socialiste, communiste, La France Insoumise et Europe-Ecologie-Les Verts n’est pas de mise en Corse, et car des voix de gauche iront aussi à un candidat de la social-démocratie renucciste (Michel Mozziconacci, première circonscription) et à un ancien communiste (Dylan Champeau, deuxième circonscription).
Enfin, la macronie ne sera présente que par procuration. En effet, avec l’absence de Jean-Charles Orsucci, électron libre macronien historique et assumé, et l’incapacité de La République En Marche (devenue Renaissance) d’avoir fait émerger des représentants locaux crédibles ou du moins audibles, les électeurs macroniens sont invités à voter pour Laurent Marcangeli ou Valérie Bozzi qui, bien qu’ayant été affublés des couleurs de la majorité présidentielle, préfèrent arborer la bannière d’Édouard Philippe. Il est vrai que la popularité d’Emmanuel Macron en Corse ...
Sérénité et fleuret moucheté
Pour la première fois, les nationalistes doivent s’employer à conserver un siège de député : celui de Paul-André Colombani (deuxième circonscription). L’explosion de l’union Pè a Corsica qui a ouvert la porte de la victoire à ce dernier en 2017 pourrait faire penser que sa position est fragilisée. Il affiche cependant une grande sérénité et a quelques bonnes raisons de ne pas être fébrile (même si comme il ne manque jamais de le rappeler, le résultat d’une élection n’est connu qu’à la fin du dépouillement des bulletins). Premièrement, il sera le seul représentant de la mouvance nationaliste dans sa circonscription. Deuxièmement, malgré les divisions et les divergences intra-nationalistes, aucun leader, cadre, militant ou électeur un tant soit peu responsable ne peut envisager contribuer à la perte d’un mandat majeur alors que vont s’ouvrir des négociations aussi difficiles que cruciales avec l’Etat. Troisièmement, tout en ayant activement fait campagne à l’occasion des scrutins municipal et territorial pour les listes conduites par Jean-Christophe Angelini, Paul-André Colombani n’a pas été en première ligne des conflits entre son parti (Partitu di a Nazione Corsa) et Femu a Corsica. Quatrièmement, Paul-André Colombani a une image d’humanisme, d’implication dans son travail parlementaire et sa circonscription, et d’attention pour les problématiques quotidienne de l’économique, du social, du sanitaire et de l’associatif, qui lui ouvre des sympathies et des perspectives de suffrages au-delà de la sphère nationaliste. Et ce, aussi bien à droite qu’à gauche. Cinquièmement, la position de Paul-André Colombani a été assise par la conquête de la mairie de Portivechju par Jean-Christophe Angelini.
Enfin, il convient de souligner que Valérie Bozzi, qui apparaît comme le principal adversaire de Paul-André Colombani, pourrait ne pas faire le plein dans son camp du fait qu’en ralliant Horizons et se portant candidate, elle a manifestement beaucoup contribué à ce que Camille de Rocca Serra jette l’éponge. Dans la première circonscription, deux nationalistes sont en lice. A ce jour, au niveau public et médiatique, le duel se déroule à fleuret moucheté. Cela devrait durer pour ne pas « stumaguer » les militants, les sympathisants et les électeurs des deux bords. Toutefois, même si aucun des protagonistes ne semble en mesure de l’emporter, la compétition sera de mise car le décompte des bulletins permettra de situer l’état des forces de Femu a Corsica et d’au moins deux autres partis. En effet, Romain Colonna portant les couleurs de Femu et Jean-Paul Carrolaggi bénéficiant du soutien de Corsica Libera et du Partitu di a Nazione Corsa et faisant figure de favori, que ce dernier ait l’avantage et, cerise sur le gâteau, parvienne à être qualifié pour le deuxième tour, permettront de confirmer que, tout comme la deuxième, la première circonscription n’est pas « terra simeona ». Un mot concernant Core in Fronte : ce parti sera absent du scrutin pour, comme il l’a précisé, ne pas ajouter à la division et à la confusion du camp nationaliste.
Pierre Corsi