• Le doyen de la presse Européenne

Des signaux envoyés à une humanité aveugle et sourde.

Le terme << intelligence >> a pour étymologie deux racines latines : inter et legere qui désigne la capacité de discerner dans une globalité ce qui est important.
Des signaux envoyés à une humanité aveugle et sourde

Le terme « intelligence » a pour étymologie deux racines latines : inter et legere qui désignent la capacité de discerner dans une globalité ce qui est important. J’y vois également une analogie avec inter legare, relier entre. Le monde n’est qu’intelligence. C’est un système qui en sachant distinguer les causes et les effets permet que la vie existe. Mais c’est aussi un ensemble complexe au sein duquel chaque partie, fut-elle la plus subtile, a une influence sur toutes les autres parties. Le monde du Vivant nous envoie des signes afin que nous en prenions compte pour perpétuer sinon la Vie du moins notre vie. Et force est de constater que nous ne voulons rien voir, que nous ne voulons rien entendre.


L’humanité est mortelle

En 1919 alors que l’Europe sortait de la Grande Guerre et affrontait l’épouvantable pandémie de grippe espagnole Paul Valéry écrivit : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entier, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; descendus au fond inexplorable des siècles avec leurs dieux et leurs lois, leurs académies et leurs sciences pures et appliquées, avec leurs grammaires, leurs dictionnaires, leurs classiques, leurs romantiques et leurs symbolistes, leurs critiques et les critiques de leurs critiques. Nous savions bien que toute la terre apparente est faite de cendres, que la cendre signifie quelque chose. Nous apercevions à travers l’épaisseur de l’histoire, les fantômes d’immenses navires qui furent chargés de richesse et d’esprit. Nous ne pouvions pas les compter. Mais ces naufrages, après tout, n’étaient pas notre affaire.

Élam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… ce seraient aussi de beaux noms. Lusitania aussi est un beau nom. Et nous voyons maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. » Et il achevait son magnifique texte par cette conclusion plus que jamais d’actualité : « Adieu, fantômes ! Le monde n’a plus besoin de vous. Ni de moi.

Le monde, qui baptise du nom de progrès sa tendance à une précision fatale, cherche à unir aux bienfaits de la vie les avantages de la mort. Une certaine confusion règne encore, mais encore un peu de temps et tout s’éclaircira ; nous verrons enfin apparaître le miracle d’une société animale, une parfaite et définitive fourmilière. » Quelle actualité dans ces lignes écrites il y a plus d’un siècle. Oui notre humanité est mortelle.


Des années crépusculaires

L’homme a besoin pour vivre de croire en son dessein plus qu’en son destin. Or aujourd’hui dans cette société matérialiste qui broie les peuples et les individus, qui détruit les traditions et annihile le bonheur de vivre, il manque à notre humanité une foi qui transcenderait nos parcours personnels. Les religions ont autrefois rempli ce rôle. Elles s’éteignent petit à petit faute d’être parvenues à établir un pont entre la vie terrestre et l’inconnu. Le Christ promet le royaume des cieux aux bienheureux. Mais dans cette vie, est-il supportable de constater la terrible inégalité sociale ? La richesse qui ne rend pas même heureux ceux qui la possèdent en excès. Le monde est obèse et déprimé. Notre consumérisme ne détruit pas la planète, mais extermine des espèces parmi lesquelles l’humanité. Le mois dernier, la température atteignait 50 ° à l’ombre au Pakistan et dans le nord de l’Inde. Une grande partie Certains endroits de la planète devient tout simplement invivable. Les océans eux-mêmes sont atteints. Ce malheur essentiel va provoquer des vagues migratoires comme la planète n’en a jamais connu.
Les continents les plus misérables, mais aussi peuplés d’une population jeune vont inévitablement déborder sur les terres plus froides, plus riches, mais également occupées par des populations beaucoup plus âgées. C’est ainsi que l’humanité s’est propagée aux premiers millénaires de son éclosion. C’est ainsi qu’elle risque de s’achever. Or notre monde riche, mais fatigué ne sait que se plaindre et exiger toujours plus. Même le plus pauvre des Français est cent fois plus riche que la moyenne des trois quarts de l’humanité. Si nous ne parvenons pas à partager les richesses dont nous profitons, les remontées migratoires seront inévitables et impossibles à maîtriser. Ces gens-là se battront pour leur propre survie. Les années à venir vont être crépusculaires pour notre civilisation occidentale. La maladie, la guerre, le dérèglement climatique : il est temps, grand temps de comprendre qu’en ne changeant pas totalement de mode de vie, nous nous suicidons.


GXC
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