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Un avenir difficile pour les négociations Corse-Paris

Passé les effusions attendues au soir des élections, force est de constater que celles-ci s'achèvent pour toutes les parties en présence par une gigantesque gueule de bois

Un avenir  difficile pour les négociations Corse-Paris

Passé les effusions attendues au soir des élections, force est de constater que celles-ci s’achèvent pour toutes les parties en présence par une gigantesque gueule de bois. Les nationalistes ont perdu le feu sacré. S’imposent les deux députés qui ont fait preuve de modestie et d’humanisme. Le troisième passe parce que son adversaire nationaliste a joué le jeu et n’a pas appelé à voter contre lui et grâce à la bienveillance de Cor'in fronte. La droite était en lambeaux. Elle le reste. Mais le plus important ne se passe pas ici, dans notre île, mais sur le continent. Le président Macron est en position d’immense faiblesse et il y a fort à parier que la Corse ne sera pas son sujet principal. De plus, il n’a plus les moyens d’imposer une réforme fut-elle simplement législative. Et ne parlons pas d’une réforme constitutionnelle aujourd’hui totalement inenvisageable mais plutôt de cette dissolution future de l'Assemblée dont déjà tout le monde parle.

Une majorité en Corse affaiblie


Les nationalistes ont réussi dans leur ensemble à ne pas trop reculer. Mais les signes sont bien là d’un affaiblissement conséquent du mouvement simeoniste. Les scores de Romain Colonna à Ajaccio, la progression de Castellani ou de Colombani comme la victoire à l’arraché d’Acquaviva, pourrait certes laisser penser que tout a été sauvé.
Mais ces victoires à la Pyrrhus cachent mal le terrain miné qui est celui du nationalisme corse. Le PNC a accru son implantation dans l’extrême-sud où le député Colombani améliore son score. Ce qui laisse d’ailleurs penser que grâce au travail de fond de Jean-Christophe Angelini, se sont additionnées les voix de la vieille Corse et celles de nouveaux arrivants en quête d’intégration et de modernité. Le PNC est donc en train de remplacer le vieux clan même si le bilan de Valérie Bozzi est tout à fait honorable. Mais il lui manquera toujours une implantation extrême-sudiste. Ce point d’appui est aussi un danger pour les simeonistes qui eux tendent à remplacer le vieux clan radical de gauche. Car il remet en cause les volontés hégémoniques du président de l’exécutif. Il paraît évident que si discussion avec Paris il y a, le PNC n’entendra pas jouer les figurants. Quoi qu’il en soit la majorité nationaliste apparaît bien moins vaillante qu’il y a cinq ans.

Mais pour discuter de quoi au fait ?


Pour peser au sein d’un groupe parlementaire, les trois députés nationalistes vont devoir s’allier avec qui le voudra. On pense bien entendu aux 9 parlementaires polynésiens et ultramarins pour la plupart des indépendantistes. Mais, ça ne suffirait pas et ça serait accepter une radicalité qui ne sera pas forcément la meilleure carte à jouer pour négocier. La nouvelle configuration de l’Assemblée va exiger beaucoup d’habileté et d’intelligence. La Nupes n’a pas obtenu le score qui lui aurait permis de jouer les faiseurs de roi. Et en son sein, les Insoumis ne sont que 70 transformant au passage en Rassemblement national et ses 90 députés en premier parti d’opposition. Ce qui n’arrangera pas les affaires des nationalistes corses. Mais surtout, malgré les rodomontades de Jean-Luc Mélenchon, cette assemblée est dominée par un esprit de droite centralisateur auquel Macron devra nécessairement se plier s’il veut faire passer certaines lois. Là encore mauvaise pioche pour les députés nationalistes.Qui peut imaginer un seul instant que le président Macron en immense difficulté pour trouver une majorité parlementaire relative va mettre en péril son fragile édifice pour s'occuper de la Corse?

Une situation d’expectative


Il est difficile de prévoir un futur basé sur une immense instabilité. Il est vraisemblable que nous sommes entrés dans une période difficile avec à la clef des législatives anticipées. Les proches du président parlent d’une échéance à un an. C’est à cela que doivent se préparer les Français et donc les Corses. La Nupes va s’appuyer sur les mobilisations de rue pour compenser sa faiblesse parlementaire. Dès l’automne, l’augmentation insupportable du coût de la vie et la faiblesse des rémunérations, va permettre une hausse exponentielle des mécontentements avec des revendications reprises à la fois par la gauche et par le Rassemblement national. Les nationalistes corses vont donc devoir se positionner en sachant que, pour la plupart d’entre eux, le social n’est guère présent dans leur ADN. Mais parce qu’il y a tout lieu de penser que ces législatives n’ont été qu’une répétition générale, il faut se préparer à naviguer en eaux furieuses. En définitive, le simeonisme ressemble beaucoup au macronisme. Son incapacité à trancher entre le social et l’identitarisme ressemblent beaucoup à un "en-même-temps" versus corse. Eh bien, désormais il va falloir choisir, décider et agir pour garder la confiance des plus démunis. Rude exercice pour un mouvement qui n’aime rien tant que la procrastination et qui ce faisant favorise la montée en puissance des indépendantistes.

GXC



Ah la mafia! On fait semblant de s'y intéresser au détour d'un fait divers ou lors de la création de comité qui pourraient éventuellement apporter une clientèle. On prend des mines sombres pour stigmatiser " l'état qui ne fait rien". Et puis plus rien. Aucun des candidats en lice pour les législatives n'a simplement prononcé ce terme de "mafia". Alors plutôt que de toujours diriger ses flèches vers un état dont on attend tout peut-être faudrait-il balayer devant sa porte.
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