• Le doyen de la presse Européenne

Avancer à tout prix.......

C'est l' histoire de partis qui ont un jour cru trouver le mot magique qui règlerait tous les problèmes de la Corse.

Avancer à tout prix…

C’est l’histoire de partis qui ont un jour cru trouver le mot magique qui régleraient tous les problèmes de la Corse : autonomie, un peu comme le « supercalifragilisticexpialidocious » de Mary Poppins. Pas besoin de contenu, pas plus de réels talents. Il se suffit à lui-même. À l’heure où cet article est écrit, on ignore tout de ce qui s’est dit entre le ministre de l’intérieur et les élus corses. On espère évidemment le meilleur tout en étant incapable de définir ce « meilleur ». Est-ce une autonomie confiée à des femmes et à des hommes qui, pour l’heure, n’ont pas donné l’impression de savoir gérer le simple quotidien ? Est-ce un nième statut sans véritable contenu ? Pour l’heure, c’est la bouteille à l’encre.

Une partie de poker menteur


La planète flambe sans que l’homme donne le sentiment de simplement imaginer des remèdes. Le président de République, accompagné de son ministre de l’intérieur, s’est rendu sur les lieux du désastre girondin, pour le lendemain rencontrer la délégation corse. De l’avis quasi unanime, la première réunion serait prometteuse . Le ministre de l’Intérieur a tracé une feuille de route qui, sur le papier, semble bien construite. L'expérience va être renouvelée, dit-il, toutes les six semaines pour aborder tous les problèmes ce qui devrait prendre une année. Espérons mais avec circonspection. Pourquoi la majorité parlementaire n'a-t-elle jamais accordé à la Corse le moindre aménagement de lois quand elle en avait le pouvoir? Pourquoi le ferait-il alors qu’il se trouve en position de faiblesse ? Gérard Darmanin a cerné dans l’interview de Corse-Matin toutes les faiblesses de l’actuelle majorité dont le bilan est en vérité bien mince. Les nationalistes seraient en droit de répondre que les services de surveillance de l’état ont bien souvent fait preuve d’une carence dont on se demande si elle était par complicité, par peur de la violence ou simplement par lassitude. Attendons de voir si la France a vraiment changé de logiciel et reconnaît aujourd'hui les vertus de la décentralisation.

Le paradoxe corse


Le Journal de la Corse décrivait dans un article récent de Pierre Corsi, notre île comme une sorte d’oxymore politique juxtaposant un centralisme jacobin et une balkanisation des territoires. Le fait est qu’aujourd’hui on peut vraiment s’interroger sur la validité de la réforme supprimant les départements. Au moins existait-il alors une représentation réelle des communes alors qu’aujourd’hui on a le sentiment que Gilles Simeoni a au mieux créé une pâle copie du généralat paoliste, une sorte de tyrannie éclairée, au pire un nouveau clan sans réels contre-pouvoirs. En fait, notre peuple n’aime pas les centres de décision. Dès lors qu’il en naît un nouveau, aussitôt il devient une cible jusqu’à ce qu’il ne soit plus qu’une enveloppe vide. Les émeutes juvéniles de Bastia et d’Ajaccio ont certes eu pour origine l’assassinat d’Yvan Colonna — tout comme la réelle émotion populaire qui s’est exprimée pacifiquement dans la rue — mais elles exprimaient aussi le malaise vécu par la frange indépendantiste non représentée à l’Assemblée.
La réalité est qu’en pointillé la découpe des organisations nationalistes traduit aussi des fractures sociales. Le personnel réduit qui retrouve derrière des hommes comme Charles Pieri, représente une frange de petits entrepreneurs, de petits boutiquiers qui ne se retrouvent plus dans la gestion simeoniste. Et parce qu’ils voulaient se rappeler au bon souvenir du « babbuneddu di a nazioni », ils ont radicalisé la situation ce qui n’est pas très difficile avec quelques dizaines de militants décidés. Les ignorer serait une faute car inévitablement ils reviendront à la charge et discréditeront la supposée puissance autonomiste.

Agir seul mais efficacement


Les années voire les décennies à venir vont être difficiles. Sur tous les plans. Bien malin qui peut prévoir notre futur même proche. Ce que dit Gérard Darmanin aujourd’hui peut être remis en cause par une dissolution de l’Assemblée, une crise sociale. Plutôt que de se focaliser sur la recherche de l’inaccessible étoile — cette pierre angulaire que serait la reconnaissance des droits historiques du peuple corse — de perdre du crédit à chaque petite défaite, la majorité aurait tout intérêt à placer les Corses devant des défis qu’ils sont capables de relever. Que vont faire les nationalistes si, une fois encore (et à raison), ils reviennent en partie bredouilles ? La violence ? Elle sera de plus en plus contre-productive. Les lamentations ? Elles ne servent à rien. Alors ? Eh bien : retrousser ses manches et agir seul, mais efficacement.
C’est possible. Encore faut-il le vouloir.



GXC
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