Festival de littérature : Estatinate par Musanostra du 4 au 7 août
Estatimate c'est l'alliance de la littérature et du vin
Festival de littérature : Estatinate par Musanostra
Estatinate c’est l’alliance de la littérature et du vin. C’est en Balagne, à Lumio, commencée le 4 et clôturé le 7 août une fête du livre avec des auteurs étrangers prestigieux, des noms des lettres françaises, des écrivains corses.
Présidente de Musanostra, Marie France Bereni Canazzi, entend donner toutes leurs places à la géopolitique et au polar, à la poésie et à l’essai, aux romans mêlant amour et humour ainsi qu’au chant avec un groupe féminin, « Sunniendu ». Elle fait encore voisiner des personnalités aussi différentes que Frédéric Beigbeder avec sa « Bibliothèque de survie » et Patrice Franceschi avec son « Dictionnaire amoureux de la Corse » ; la passion chez un François-Henri Désérable avec « Mon maître et mon vainqueur » et le sud chez Elena Piacentini avec « Les silences d’Ogliano ».
Le festival accueille un très grand nom de la littérature ukrainienne, Andreï Kourkov, auteur des « Abeilles grises ». Pince sans rire il excelle à faire comprendre son pays et à saisir ce qui s’y trame par des fables, qui sont « pures merveilles », souligne MF. Bereni Canazzi. D’Italie est attendu Giuliano Da Empoli, remarqué pour un premier récit-roman, « Le mage du Kremlin », qui raconte comment celui qu’il nomme Sourkov dans son livre a fait de Poutine un tsar. Sourkov devenu l’éminence grise, le Raspoutine du président russe. Très impliqué en politique Da Empoli a été le conseiller personnel de Matteo Renzi, ancien chef du gouvernement italien. Essayiste il s’est beaucoup intéressé aux changements sociaux et à l’impact de la nouvelle économie.
Célébrité des lettres anglaises contemporaines, Jonathan Coe arrive aussi à Lumio pour évoquer l’ensemble de son œuvre teintée d’ironie décapante et sans complaisance de la société de son pays. A Estatinate avec « Le cœur de l’Angleterre » il doit aborder le Brexit, un stimulant sujet de discussions. Coe pour la présidente de Musanostra ce ne sont pas seulement des romans de distraction mais des livres pour donner à penser.
Marraine du festival, Lilia Hassaine est une fidèle de la manifestation. Auteure de deux romans, « L’œil du paon » et « Soleil amer », elle est réputée fine lectrice et endosse cette année un rôle de modératrice. Elle reflète une belle image du festival. Côté corse Estatinate reçoit Marie Hélène Ferrari, Michèle Pedinielli, Elena Piacentini, et Ornella Nobili.
Quand on demande à Marie France Bereni Canazzi, quel écrivain découvrir absolument ? Réponse : Maria Pourchet qui a été longtemps sur la liste des finalistes du prix Goncourt pour « Feu » !
Michèle Acquaviva-Pache
Programme
4 août. Domaine Alzipratu. 18 h : rencontre avec Marie Hélène Ferrari, Michèle Pedineilli, Elena Paiacentini et Nicolas Carreau. 21 h : Ornella Nobili, poèmes. 21 h 30 : lecture musicale de « La patience de l’immortelle » de M. Pedinielli.
5 août. Clos Culombu. 18 h : Patrice Franceschi. 21 h : Joanthan Coe.
6 août. Lumio village. 18 h Maria Pourchet. 21 h 30 : Jardin Laëtitia Casta : Frédéric Beigbeder.
7 août. Lumio village. 17 h 30 : Giuliano Da Empoli et Andreï Kourkov. 21 h 30 : Jardin Laëtitia Casta : concert « Sunniendu ».
ENTRETIEN avec Marie France Bereni Canazzi
Estatinate se décline sous la double thématique de la littérature et du vin. Est-ce un mariage heureux ?
Très heureux et ce depuis près de dix ans ! Les vignerons sont accueillants et nos lecteurs de bons vivants, qui ont là l’occasion d’enrichir leurs bibliothèques avec des livres dédicacés par nos invités et leurs caves grâce au clos Culombu et au domaine d’Alzipratu où nous organisons les rencontres avec les écrivains. Avant la Balagne le festival a fait escale à Patrimoniu chez Henri Orenga et Antoine Arena. Lumio, cette année, est remarquable par son cadre doté en outre d’un amphithéâtre qui surplombe la mer, baptisé « Les jardins de Laëtitia Casta.
En quelques dix ans quels sont les évolution d’Estatinate ?
Au début nous avions de très petits moyens. Nos invités écrivains venaient par amitié et on s’arrangeait pour les loger chez nous. Petit à petit se sont dégagées des possibilités afin que nous célébrions le mariage de la Corse et de l’ailleurs. Progressivement nous nous sommes constitué un réseau pour aller vers un tricotage de la littérature et de l’île dans ce qu’elle a de beau au plan du patrimoine, du travail des insulaires, de ses auteurs.
Misez-vous sur la variété des styles, des genres, des auteurs émergents ?
Absolument ! Nous invitons des auteurs confirmés et des jeunes. On se veut un rôle de découvreur de talents. Cette année, Ornella Nobili, vient présenter son premier recueil de poèmes. Elle a un peu plus de vingt ans. Il y a trois ans nous avons révélé Lilia Hassaine publiée dans la Collection Blanche de Gallimard. Nicolas Carreau, producteur de « La voix est livre » sur Europe I va évoquer sa dernière publication, « Un homme sans histoire ». En clôture on pourra écouter « Sunniendu » pour des chants corses et du lyrique.
Privilégiez-vous les parutions récentes ?
On mêle les anciennes et les nouveautés. Notre culture est éclectique. Ainsi nous consacrons le premier jour du festival à trois écrivaines corses – Marie Hélène Ferrari, Michèle Pedinielli, Elena Piacentini – qui ont commencé par le polar et qui cherchent à s’en évader. Elles vont évoquer leur parcours littéraire sous le regard de Nicolas Carreau.
Pourquoi programmer Frédéric Beigbeder ?
Il a ses fans et ses détracteurs. Il est aussi brillant que clivant. C’est une personnalité à part qui sait être d’une extrême courtoisie. Il a les défauts de ses qualités… et inversement. A Lumio il traitera de sa « Bibliothèque de survie ». Il sera interrogé par Lilia Hassaine. Le contraste entre les deux auteurs est énorme et c’est pourquoi il est intéressant. Chacun d’eux a le courage de ses opinions. Ce sont deux égo(s) singuliers…
Observez-vous une parité homme / femme ?
On essaie. Ce n’est pas toujours facile. Pour notre édition nous avons six auteurs hommes et six femmes. Nous avons également la participation d’une modératrice et d’un modérateur.
Accordez-vous de l’importance à l’origine géographique de vos invités ?
Nous souhaitons des échanges internationaux et méditerranéens. L’an dernier nous avons mis l’accent sur la Sardaigne. A Lumio, cet été nous ferons la part belle à des thématiques traitant de l’Ukraine et de la Russie avec Giuliano Da Empoli et Andreï Kourkov.
Prêtez-vous une attention spéciale aux premiers romans et aux jeunes écrivains ?
On lit très volontiers des premiers romans et personnellement je susi avec beaucoup d’attention ce qui parait en la matière chez Actes sud et Liana Levi.
Lors d’Estatinate allez-vous remettre des prix ?
Le prix Musanotra 2022 en français doit aller à Giuliano Da Empoli et le prix en langue corse à un ouvrage pour enfants (7 – 13 ans) : « Pirru è Ricuccata » de Paul Turchini-Duriani pour le texte et Fabien Mariani pour l’illustration. Il s’agit du 3 è tome de la série, intitulé celui-ci, « D’oriu di Lestrigoni ».
Quelles sont les activités au programme de Musanostra pour le quatrième trimestre 2022 ?
Nous organisons trois rencontres au Musée de la Corse à Corte sur l’intelligence artificielle et le transhumanisme. Une fois par mois nous proposons à Bastia des rencontres littéraires. Début octobre un très fameux écrivain nous rendra visite dans cette même ville. Par ailleurs nous poursuivons nos ateliers peinture, écriture, lecture. Début décembre ce sera « Cinemusa », soit cinq jours au Studio Cinéma pour des projections de films adaptés de grands livres et restaurer le lien entre littérature et 7 è art auprès des jeunes. A la mi-décembre on frappera les trois coups de notre festival bastiais consacré, en centre-ville, à littérature et musique.
Propos recueillis par M.A-P
Estatinate c’est l’alliance de la littérature et du vin. C’est en Balagne, à Lumio, commencée le 4 et clôturé le 7 août une fête du livre avec des auteurs étrangers prestigieux, des noms des lettres françaises, des écrivains corses.
Présidente de Musanostra, Marie France Bereni Canazzi, entend donner toutes leurs places à la géopolitique et au polar, à la poésie et à l’essai, aux romans mêlant amour et humour ainsi qu’au chant avec un groupe féminin, « Sunniendu ». Elle fait encore voisiner des personnalités aussi différentes que Frédéric Beigbeder avec sa « Bibliothèque de survie » et Patrice Franceschi avec son « Dictionnaire amoureux de la Corse » ; la passion chez un François-Henri Désérable avec « Mon maître et mon vainqueur » et le sud chez Elena Piacentini avec « Les silences d’Ogliano ».
Le festival accueille un très grand nom de la littérature ukrainienne, Andreï Kourkov, auteur des « Abeilles grises ». Pince sans rire il excelle à faire comprendre son pays et à saisir ce qui s’y trame par des fables, qui sont « pures merveilles », souligne MF. Bereni Canazzi. D’Italie est attendu Giuliano Da Empoli, remarqué pour un premier récit-roman, « Le mage du Kremlin », qui raconte comment celui qu’il nomme Sourkov dans son livre a fait de Poutine un tsar. Sourkov devenu l’éminence grise, le Raspoutine du président russe. Très impliqué en politique Da Empoli a été le conseiller personnel de Matteo Renzi, ancien chef du gouvernement italien. Essayiste il s’est beaucoup intéressé aux changements sociaux et à l’impact de la nouvelle économie.
Célébrité des lettres anglaises contemporaines, Jonathan Coe arrive aussi à Lumio pour évoquer l’ensemble de son œuvre teintée d’ironie décapante et sans complaisance de la société de son pays. A Estatinate avec « Le cœur de l’Angleterre » il doit aborder le Brexit, un stimulant sujet de discussions. Coe pour la présidente de Musanostra ce ne sont pas seulement des romans de distraction mais des livres pour donner à penser.
Marraine du festival, Lilia Hassaine est une fidèle de la manifestation. Auteure de deux romans, « L’œil du paon » et « Soleil amer », elle est réputée fine lectrice et endosse cette année un rôle de modératrice. Elle reflète une belle image du festival. Côté corse Estatinate reçoit Marie Hélène Ferrari, Michèle Pedinielli, Elena Piacentini, et Ornella Nobili.
Quand on demande à Marie France Bereni Canazzi, quel écrivain découvrir absolument ? Réponse : Maria Pourchet qui a été longtemps sur la liste des finalistes du prix Goncourt pour « Feu » !
Michèle Acquaviva-Pache
Programme
4 août. Domaine Alzipratu. 18 h : rencontre avec Marie Hélène Ferrari, Michèle Pedineilli, Elena Paiacentini et Nicolas Carreau. 21 h : Ornella Nobili, poèmes. 21 h 30 : lecture musicale de « La patience de l’immortelle » de M. Pedinielli.
5 août. Clos Culombu. 18 h : Patrice Franceschi. 21 h : Joanthan Coe.
6 août. Lumio village. 18 h Maria Pourchet. 21 h 30 : Jardin Laëtitia Casta : Frédéric Beigbeder.
7 août. Lumio village. 17 h 30 : Giuliano Da Empoli et Andreï Kourkov. 21 h 30 : Jardin Laëtitia Casta : concert « Sunniendu ».
ENTRETIEN avec Marie France Bereni Canazzi
Estatinate se décline sous la double thématique de la littérature et du vin. Est-ce un mariage heureux ?
Très heureux et ce depuis près de dix ans ! Les vignerons sont accueillants et nos lecteurs de bons vivants, qui ont là l’occasion d’enrichir leurs bibliothèques avec des livres dédicacés par nos invités et leurs caves grâce au clos Culombu et au domaine d’Alzipratu où nous organisons les rencontres avec les écrivains. Avant la Balagne le festival a fait escale à Patrimoniu chez Henri Orenga et Antoine Arena. Lumio, cette année, est remarquable par son cadre doté en outre d’un amphithéâtre qui surplombe la mer, baptisé « Les jardins de Laëtitia Casta.
En quelques dix ans quels sont les évolution d’Estatinate ?
Au début nous avions de très petits moyens. Nos invités écrivains venaient par amitié et on s’arrangeait pour les loger chez nous. Petit à petit se sont dégagées des possibilités afin que nous célébrions le mariage de la Corse et de l’ailleurs. Progressivement nous nous sommes constitué un réseau pour aller vers un tricotage de la littérature et de l’île dans ce qu’elle a de beau au plan du patrimoine, du travail des insulaires, de ses auteurs.
Misez-vous sur la variété des styles, des genres, des auteurs émergents ?
Absolument ! Nous invitons des auteurs confirmés et des jeunes. On se veut un rôle de découvreur de talents. Cette année, Ornella Nobili, vient présenter son premier recueil de poèmes. Elle a un peu plus de vingt ans. Il y a trois ans nous avons révélé Lilia Hassaine publiée dans la Collection Blanche de Gallimard. Nicolas Carreau, producteur de « La voix est livre » sur Europe I va évoquer sa dernière publication, « Un homme sans histoire ». En clôture on pourra écouter « Sunniendu » pour des chants corses et du lyrique.
Privilégiez-vous les parutions récentes ?
On mêle les anciennes et les nouveautés. Notre culture est éclectique. Ainsi nous consacrons le premier jour du festival à trois écrivaines corses – Marie Hélène Ferrari, Michèle Pedinielli, Elena Piacentini – qui ont commencé par le polar et qui cherchent à s’en évader. Elles vont évoquer leur parcours littéraire sous le regard de Nicolas Carreau.
Pourquoi programmer Frédéric Beigbeder ?
Il a ses fans et ses détracteurs. Il est aussi brillant que clivant. C’est une personnalité à part qui sait être d’une extrême courtoisie. Il a les défauts de ses qualités… et inversement. A Lumio il traitera de sa « Bibliothèque de survie ». Il sera interrogé par Lilia Hassaine. Le contraste entre les deux auteurs est énorme et c’est pourquoi il est intéressant. Chacun d’eux a le courage de ses opinions. Ce sont deux égo(s) singuliers…
Observez-vous une parité homme / femme ?
On essaie. Ce n’est pas toujours facile. Pour notre édition nous avons six auteurs hommes et six femmes. Nous avons également la participation d’une modératrice et d’un modérateur.
Accordez-vous de l’importance à l’origine géographique de vos invités ?
Nous souhaitons des échanges internationaux et méditerranéens. L’an dernier nous avons mis l’accent sur la Sardaigne. A Lumio, cet été nous ferons la part belle à des thématiques traitant de l’Ukraine et de la Russie avec Giuliano Da Empoli et Andreï Kourkov.
Prêtez-vous une attention spéciale aux premiers romans et aux jeunes écrivains ?
On lit très volontiers des premiers romans et personnellement je susi avec beaucoup d’attention ce qui parait en la matière chez Actes sud et Liana Levi.
Lors d’Estatinate allez-vous remettre des prix ?
Le prix Musanotra 2022 en français doit aller à Giuliano Da Empoli et le prix en langue corse à un ouvrage pour enfants (7 – 13 ans) : « Pirru è Ricuccata » de Paul Turchini-Duriani pour le texte et Fabien Mariani pour l’illustration. Il s’agit du 3 è tome de la série, intitulé celui-ci, « D’oriu di Lestrigoni ».
Quelles sont les activités au programme de Musanostra pour le quatrième trimestre 2022 ?
Nous organisons trois rencontres au Musée de la Corse à Corte sur l’intelligence artificielle et le transhumanisme. Une fois par mois nous proposons à Bastia des rencontres littéraires. Début octobre un très fameux écrivain nous rendra visite dans cette même ville. Par ailleurs nous poursuivons nos ateliers peinture, écriture, lecture. Début décembre ce sera « Cinemusa », soit cinq jours au Studio Cinéma pour des projections de films adaptés de grands livres et restaurer le lien entre littérature et 7 è art auprès des jeunes. A la mi-décembre on frappera les trois coups de notre festival bastiais consacré, en centre-ville, à littérature et musique.
Propos recueillis par M.A-P