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La crise est là et bien là en Corse

Nous sommes entrés dans la crise et les zones périphériques comme la Corse vont la ressentir plus durement que les mégapoles.

La crise est là et bien là en Corse


Même si la gestion du président Macron peut paraître critiquable par bien des aspects, nous ne devrions pas oublier que pour combattre la crise, la France a été le pays le plus généreux de toute l'Europe. Ce sont 25 nouveaux milliards qui sont injectés dans l’économie pour atténuer les effets de la crise énergétique. Néanmoins nous sommes entrés dans la crise et les zones périphériques comme la Corse vont la ressentir plus durement que les mégapoles. Et pour les communes qui se trouvent en première ligne du combat contre l’austérité l’avenir n’est franchement pas rose.

Quand tous les problèmes arrivent ensemble


Le hasard n’est pour rien dans l’accumulation de problèmes qui frappent désormais tous les continents. La suractivité humaine a provoqué un changement climatique qui bouleverse à son tour les habitudes, les cultures, les agricultures et plus généralement l’économie. Pour ce qui nous concerne, l’inflation frappe de plein fouet les fragiles équilibres budgétaires communaux et, pour le coup, il ne faudra pas trop espérer sur la manne étatique qui n’en peut plus. De sérieuses questions présentes et à venir sont aujourd’hui à prendre en compte pour tenter d'y apporter des solutions sans tenter de nouveaux subterfuges : la sécheresse, la question de l’eau, mais aussi celle des transports et donc du tourisme. Or les communes sont les grands perdants de la réforme instituant la collectivité unique. Les communes et même les microrégions ont des difficultés à se faire entendre pour un pouvoir central qui ressemble fort à du jacobinisme local. Pris en tenaille entre les récriminations de leurs administrés et une collectivité qui semble trop souvent sourde aux appels de la base, ils naviguent à vue souvent sans trop connaître la destination de ce voyage périlleux.

Une île pauvre sans l’être vraiment


La crise ne va pas toucher indifféremment les Corses mais d'abord les plus démunis. La doxa locale voudrait que "nous soyons la région la plus pauvre de France" tout cela énoncé avec des sanglots dans la voix. Mais celui qui se donne la peine d’examiner le paysage de la pauvreté en Corse comprend qu’elle est un trompe-l’œil. Une minorité de la population corse n’a pas de soucis à se faire. Elle affrontera la crise sans risques. Elle est composée pour partie de riches continentaux qui ont acheté en Corse un climat et un sentiment de sécurité quand leur démarche n’est tout simplement pas spéculative. Mais cette minorité comprend également des Corses qui ont profité d’une économie dynamique et de l’apport ascendant du tourisme. Je ne voudrais pas oublier cette « élite » d’élus et dirigeants du service public grassement rémunérée.Vient ensuite la masse d’une petite et moyenne bourgeoisie souvent employée par la Fonction publique largement pénalisée par le gel des points d’indice et l’inflation. Puis au fond du trou se trouvent ces 25 % de pauvres souvent brandis en argument misérabiliste face à l’état. Or ce sont pour une majorité d'entre eux des travailleurs immigrés. On y a trouve également des familles monoparentales souvent venues du continent et enfin des veuves d’agriculteurs ou de commerçants. Ce qui signifie que la majorité des habitants de la Corse parvient à s’en tirer même si c’est de plus en plus difficile.

Comment négocier ?


Dans une France qui s’enfonce dans la crise, la « pauvreté » de la Corse va avoir tendance à se diluer dans la pauvreté générale. Dans de telles conditions, une évidence s’impose, Gilles Simeoni et son pragmatisme semblent les mieux placés pour négocier avec le gouvernement. La droite ne parvient pas à émerger. Quant à la gauche, elle a carrément disparu. Dans le camp nationaliste, les indépendantistes jouent leur rôle d’opposition en proposant des solutions qui n’ont rien de réalistes et qui les relèguent au rang de partis protestataires même si les propos de Cor'in Fronte sont souvent frappés au coin du bon sens. Quant au PNC, il fait office de roue de secours. Il ne fait aucun doute que Gilles Simeoni va tenter d’arracher le maximum dans un contexte difficile. Et ses propositions peuvent en partie être acceptées tout simplement parce qu’elles représentent une faible part de ce que l’État octroie généreusement à ses citoyens au niveau national et parce qu'il ne veut pas prendre le risque d'un embrasement local. Ceux qui font office de critiques professionnels devraient tout de même reconnaître qu’aujourd’hui la France est le pays qui affiche le taux d’inflation le plus faible d’Europe grâce à des subventions chiffrées en dizaines de milliards. Sans la France la Corse apprendrait la nage en apnée. Dans un tel contexte, les partis locaux d’opposition devraient comprendre l’intérêt pour la Corse à accepter un train de mesures qui résultera nécessairement d’un compromis.

GXC
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