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Transport maritime : sept ans de galère

Le bilan de l' action en matière de transport
Transport maritime : sept ans de galère

Près de de sept ans après la « victoire historique » de décembre 2015 qui a permis l’accession des nationalises à la barre de la Collectivité Territoriale de Corse puis à celle de la Collectivité de Corse, il est possible de tirer un bilan de leur action en matière de transport maritime.

Dresser objectivement le bilan d’une politique exige de laisser du temps au temps et de tenir compte des situations existantes et des contraintes, indépendantes de leur volonté, qui pesaient sur les décideurs quand ils ont pris la barre. En conséquence, il aurait été prématuré et injuste de juger la politique des transports maritimes des majorités nationalistes au bout de deux ou même quatre ou cinq ans.
Aujourd’hui, près de de sept ans après la « victoire historique » de décembre 2015 qui a permis l’accession des nationalises à la barre de la Collectivité Territoriale de Corse puis à celle de la Collectivité de Corse, il est possible de tirer un bilan de leur action en matière detransport maritime. Au regard des promesses faites et non tenues, ce bilan laisse supposer qu’ils ont vécu sept ans de galère, ce qui évite de se fondre dans un rôle de censeur ou de méchant. Et, pour être juste, il peut être porté à leur crédit qu’ils ont obtenu, dans le cadre des DSP, une réduction du coût du service public en conservant un des niveaux convenable de qualité et de tarifs, et qu’en tapant sur la table Gilles Simeoni a permis que l’indemnité de plus de 86 M€ à verser à la Corsica Ferries ayant résulté d’une gestion qui n’était pas le sienne et celle de ses amis, soit payée par l’Etat.

DSP corso-sardes : un protocole d’accord puis rien...

Fin 2016 et début 2017, Jean-Félix Acquaviva qui préside alors l’Office des Transports de la Corse et son homologue sarde travaillent à définir un système de DSP (délégation de service public) avec pour objectif d’assurer et sécuriser les liaisons maritimes entre la Corse et la Sardaigne tout au long de l’année selon une tarification attractive. En février 2017, ils signent un protocole d'accord prévoyant que la DSP concernera deux lignes : Bonifacio / Santa-Teresa di Gallura pour les passagers qui sera gérée par la région autonome de Sardaigne, Propriano / Porto Torres destinée au fret qui sera gérée par la Collectivité Territoriale de Corse. En novembre 2021, dans un communiqué évoquant les transports entre la Corse et la Sardaigne, Core in Fronte constate que seule existe une DSP financée par la région Sardaigne, regrette que « depuis de trop nombreuses années, les conditions de transport entre Bunifaziu et Santa Teresa ne cessent de se dégrader » et déplore qu’en dehors de la desserte de Bonifacio, la Corse manque de trafic avec la Sardaigne.

Ou est passé le CEGT ?

Tout en travaillant à définir un système de DSP (délégation de service public) avec pour objectif d’assurer et sécuriser les liaisons maritimes entre la Corse et la Sardaigne, Jean-Félix Acquaviva qui préside alors l’Office des Transports de la Corse et son homologue sarde déposent avec leurs collègues toscans et ligures, un projet dans le cadre du programme européen Marittimo visant à la création d’un Goupement européen de coopération territoriale (GECT).
Ce groupement devra permettre de financer l’élaboration puis le fonctionnement d’un système de DSP ou d’OSP transfrontalier qui comprendra des lignes corso-sardes, une ligne Bastia-Ile d’Elbe et d’autres dessertes de continuité territoriale maritimes et aussi aériennes concernant la Corse, la Sardaigne, la Ligurie et la Toscane. En novembre 2021, Core in Fronte rappelle que, depuis 2013, durant la présidence à l'Office des Transports de la Corse de Paul-Marie Bartoli, on ne cesse d’évoquer la création d'un GECT entre la Corse et la Sardaigne et qu’en avril 2019, Le Consell exécutif exécutif de Corse a présenté à l’assemblé de Corse un rapport GECT-Îles qui a été voté.
Et Core in Fronte demande « Mais où en est ce dossier ? ».

Compagnie maritime régionale : rendez-vous en 2029 !

Vendredi 6 Septembre 2016 : l’Assemblée de Corse vote à un large majorité la création de la compagnie maritime régionale. L’emblématique revendication nationaliste de maîtrise corse des transports maritimes est en voie de devenir une réalité concrète. Jean-Félix Acquaviva, président de l’Office des transports de la Corse, assure que tout sera mis en œuvre à compter du 1er octobre 2017 selon quatre innovations : l’acquisition de deux cargos mixtes par la Collectivité Territoriale ; la constitution d’une société d’économie mixte (SEM) d’investissement qui sera en charge de programmer le renouvellement de la flotte ; la constituions de deux sociétés d’exploitation sous forme de société d’économie mixte à objet unique (SEMOP) respectivement chargées de gérer la continuité territoriale entre les ports secondaires et Marseille et entre les ports principaux et Marseille.
Jean-Félix Acquaviva précise que les SEMOP se feront selon des partenariats public/privé dont les partenaires privés seront choisis par appels d’offres, que la Collectivité Territoriale de Corse sera l’actionnaire majoritaire de la SEM d’investissement, que les siège sociaux de la SEM et des SEMOP seront implantés en Corse. 29 avril 2022 : vote de la DSP maritime 2023/2029 à l'Assemblée de Corse par la seule majorité territoriale (32 voix de Femu a Corsica). A la trappe la compagnie maritime régionale ? Non, rendez-vous en 2029 ! Dormons tranquilles car Flora Mattei, la présidente de l'Office des Transports de Corse, a assuré : « La compagnie maritime territoriale n'est pas une idée du passé.»



Il était une fois un nouveau port à Bastia…



Juillet 2020 : annonce de la fin des études des fonds marins devant permettre de choisir ce que sera le nouveau port de commerce de Bastia et de mettre fin à plus de vingt ans de suspense. Trois projets sont en lice : port de la Carbonite présenté au milieu des années 2010 par Émile Zuccarelli et Paul Giacobbi ; expansion du port existant avec des digues flottantes ; projet Portu Novu, décrit comme raisonnablement dimensionné, propre et écologique, dévoilé en 2019 par le président du Conseil exécutif Gilles Simeoni. Présent lors de la clôture des études, ce dernier affirme : « Je me suis engagé à soumettre à débat et à décision trois scenarii et trois hypothèses. Et à donner tous les éléments, par rapport à ces trois hypothèses, qui permettront aux Bastiais et aux Corses de faire le meilleur choix, qu’il s’agisse des citoyens ou des décideurs. C’est la procédure qui est en cours. » L’étude, qui a nécessité un investissement de près de 2,2 millions d’euros financé par la Collectivité de Corse, la Chambre de Commerce et d’Industrie 2B et l'État, n’écarteaucune hypothèse. Seule certitude selon les experts : le port existant est jugé obsolète. Un élu de la Chambre de Commerce et d’Industrie 2B ne cache pas son enthousiasme : « Le projet du port n’est pas enterré, il continue. Et, aujourd’hui, on va pouvoir commencer à quantifier les aménagements futurs. » A ce jour, rien n’ayant été décidé et bien sûr aucun financement n’étant acté, notre homme a encore du temps devant lui pour quantifier…



Pierre Corsi




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