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Catalogne : le temps des désillusions

UNe des responsables indépendantistes catalane huée par une foule indépendantiste lors du 5 e anniversaire du référendum indépendantiste
Catalogne : le temps des désillusions

Une des responsables indépendantistes catalane huée par une foule indépendantiste lors du 5e anniversaire du référendum indépendantiste : voilà bien le signe de la désillusion que vivent actuellement les plus acharnés des indépendantistes catalans. C'était lors du discours de l’ancienne présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell. Ambiance.

Les dirigeants indépendantistes insultés par d’autres indépendantistes


L’échec coûte cher à celles et à ceux qui en sont jugés responsables par la base. Carme Forcadell, l’ancienne présidente du Parlement catalan, qui a tout de même "payé" le référendum de plusieurs années de prison pouvait espérer un autre accueil que les insultes envoyées par une très maigre foule rassemblée pour ce triste anniversaire. Deux millions de Catalans s’étaient alors déplacés pour plébisciter une indépendance que, vraisemblablement, ils ne connaîtront jamais. Pourtant l’oratrice, contre toute vraisemblance, criait victoire : « « Le 1er octobre 2017, nous avons vaincu l’État [espagnol], nous avons fait l’acte de désobéissance civile le plus important depuis la guerre civile et l’acte de souveraineté le plus important de ces trois cents dernières années »,

De moins en moins nombreux mais de plus en plus radicaux


« Selon notre dernier sondage, en novembre, il ne reste que 8 % des Catalans pour croire que le processus indépendantiste va aboutir réellement à l’indépendance, souligne Gabriel Colomé, professeur de sciences politiques de l’université autonome de Barcelone (UAB) » interrogé par le quotidien Le Monde. « Le nombre de mécontents ne cesse d’augmenter et le nombre de manifestants de diminuer : beaucoup d’indépendantistes veulent tourner la page, d’autres considèrent qu’ils ont été trompés et sont très en colère », renchérit le philosophe et analyste politique Josep Ramoneda dans le même journal. Le 1er octobre 2017 a laissé des images pour la mémoire. Mais ni à ce moment-là ni maintenant, les conditions n’ont été réunies pour mener à terme l’indépendance. Il n’y a ni majorité sociale ni capacité insurrectionnelle, et on ne peut rien attendre de l’Union européenne, qui est un club d’États. En cinq ans, la réalité s’est imposée. La pandémie et la guerre en Ukraine ont fini de réordonner les priorités. »

Le mouvement indépendantiste s’entre dévore


Une partie de la base, une minorité il est vrai, accuse désormais les partis indépendantistes d’être responsables de cet échec historique. Des mains anonymes ont tracé des slogans en face du palais de la Généralité, le siège du gouvernement catalan : « Les partis nous ont trahis », « Nous exigeons l’indépendance », « Nous ne voterons plus pour vous ». Les observateurs estiment que le gouvernement catalan indépendantiste pourrait ne plus exister si l’organisation de droite Junts décidait de le quitter. L’un des points de clivage est le soutien de ERC, le principal parti indépendantiste à la coalition de gauche au pouvoir espagnol. alors que Junts veut la chute du gouvernement ibérique. ERC veut une négociation avec le gouvernement de Pedro Sanchez sur la question de l’autodétermination et de l’amnistie.

Fin de cycle


Un cycle de sept ans vient de s’achever et personne ne sait ce qui en sortira. Les grâces accordées en 2021 aux neuf chefs indépendantistes condamnés à des peines de neuf à treize ans de prison ont contribué à l’apaisement. Mais le cœur n’y est plus. Il reste maintenant au mouvement indépendantiste à analyser sans ressentiment les raisons de son échec. Il est évident pour tout le monde qu’un référendum aujourd’hui signerait une victoire des opposants à l’indépendance. La dernière enquête auprès du CIS catalan montre que 52 % des personnes interrogées sont opposées à l'indépendance de la Catalogne, tandis que 41 % y sont favorables. Ces pourcentages représentent une augmentation de quatre points chez les opposants à l'indépendance et une baisse de trois points chez les partisans : Ils sont donc revenus au même niveau qu'en 2015.

La vie quotidienne au cœur des préoccupations


Comment remonter la pente et recréer une unité indispensable ? Les plus anciens militants sont conscients que ça sera l’affaire d’une nouvelle génération. Aujourd’hui, la montée des périls à l’échelle planétaire semble reléguer le désir d’indépendance au rang de beau rêve de jeunesse. Avec la crise économique et l’angoisse suscitée par la guerre en Ukraine, les préoccupations des citoyens ont changé. Mais les plus indépendantistes sont obligés de reconnaître que la vie est de plus en plus dure pour les moins aisés et que tout miser sur une hypothétique indépendance n’est pas une réponse adéquate.

GXC
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