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Un état incohérent et incompétent, des décisions qui provoquent l'émotion et l'inconpréhension

La note signée du ministère de l'Intérieur qui aurait justifié le non-octroi de la semi-liberté pour Pierre Alessandri, court toutes les rédactions de l'Île et permet ainsi de se faire une opinion quant à l'incohérence des services de l'État.

Un État incohérent et incompétent


La note signée du ministère de l'Intérieur qui aurait justifié le non-octroi de la semi-liberté pour Pierre Alessandri, court toutes les rédactions de l'Île et permet ainsi de se faire une opinion quant à l'incohérence des services de l'État. Elle a provoqué l'émotion, l'incompréhension, mais aussi l'inquiétude. Se peut-il que les services de renseignements soient aussi ineptes dans leur analyse de la Corse ? Mais se peut-il aussi que la justice s'aligne sur cette lecture de la situation de notre île pour prendre des décisions qui contreviennent au bon sens commun ?


Une note simpliste et pour tout dire absurde


La note datée du 17 janvier et adressée au procureur de la République a servi de prétexte au refus d'accorder une semi-liberté à Pierre Alessandri. Selon les informations trouvées par nos confrères de Corse-Matin, elle aurait été rédigée en novembre 2021 et corrigée trois jours avant l'audience du 20 janvier 2022. Elle a donc été complétée par des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur dans un but précis et incontestable : empêcher que soit accordée à Pierre Alessandri la semi-liberté qu'il demande depuis des années. On est donc en droit de se demander quel jeu trouble le ministre de l'Intérieur joue dans cette affaire. Ou bien il est coupable de perfidie ou il est incompétent. Dans les deux cas, l'affaire est grave. La sous-direction antiterroriste Sdat, qui a rédigé la note, ne pouvait ignorer les conséquences de son écrit. Et on peut espérer que cette branche du ministère de l'Intérieur rend des comptes à son ministre directement ou indirectement.

Onze feuillets sans grand intérêt


Une grande partie de ces onze feuillets reprend l'historique de la lutte armée y ajoutant pour faire bonne mesure les cinq communiqués clandestins envoyés entre le 30 septembre 2019 et le 2 septembre 2021 dont le style ronflant était à la hauteur de leur parfaite inutilité. Et les auteurs de suggérer que ça pourrait être là « la volonté de rationaliser la lutte en regroupant, voire canalisant les potentiels candidats à une lutte nationaliste ». Outre qu'une telle analyse témoigne d'une méconnaissance totale de la situation sur le terrain, on saluera l'emploi du conditionnel signifiant que ça pourrait bien être ça ou toute autre chose. D'ailleurs le jugement émis par le tribunal d'application des peines antiterroristes soulignait que « les évènements sporadiques évoqués par le procureur qui ont pu survenir récemment de manière extrêmement localisée et contextuelle sont sans aucun rapport avec la situation politique en 1998 ». Bien vu. Une façon de dire que les membres du commando Erignac ne sauraient être tenus pour responsables de ce qui a pu arriver depuis l'assassinat du préfet Erignac, mais surtout depuis leur incarcération en 1999. Un simple d'esprit l'aurait compris.

Incompréhensible logique


Dans un jargon qui rend parfois le propos ambigu, les auteurs du rapport notent les divergences entre les nationalistes modérés et les indépendantistes. Et alors se dit-on ? Qu'est-ce que ces considérations générales ont à voir avec la demande de Pierre Alessandri ? Impossible de le savoir. Et après avoir noté l'antagonisme entre les deux mouvances du mouvement nationaliste les auteurs de se contredire en écrivant qu'ils ne sont pas persuadés de la sincérité du mouvement à vouloir arrêter « la lutte armée » laquelle faut-il le souligner n'a été troublée que par des incendies sporadiques de maisons isolées. Et comment nos plumitifs policiers en arrivent-ils à une pareille conclusion : « ni arme ni explosifs n'avaient été déposés ou détruits publiquement. En outre, l'accroissement des faits visant à troubler gravement l'ordre public portait largement atteinte à la crédibilité de ces déclarations pacifiques. » Ainsi donc après avoir mis en exergue les divisions du mouvement nationaliste, les voici gommées. Toutes les tendances sont réunies dans un même panier dont le seul but serait de troubler l'ordre public. Il est grave que de supposés spécialistes puissent émettre de pareilles âneries qui vont très exactement à rebours de ce qui se passe réellement à savoir un mouvement indépendantiste qui tente par tous les moyens de mettre des bâtons dans les roues du mouvement dominant, Femu dirigé par Gilles Simeoni.

Un raisonnement vicieux qui interdit toute avancée


Le ministère de l'Intérieur et son binôme judiciaire sont ici les pires ennemis du fameux ordre public. Ils se font les alliés objectifs ou peut-être même subjectifs de boutefeux insulaires. Car à les suivre, jamais Ferrandi et Alessandri n'obtiendront la moindre concession de la part d'un état qui montre ici une face haineuse et vengeresse. La sagesse voudrait qu'il permette aux derniers conjurés de profiter d'une semi-liberté et qu'enfin on tourne la page de cette période terrible qui débuta par l'assassinat de Robert Sozzi et s'acheva par celui du préfet Erignac. Sans cela inutile de parler de discussion.

GXC
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