• Le doyen de la presse Européenne

Russie-Occident : retour dans le futur antérieur

L'Europe , nouveau champ de guerre

Russie-Occident : retour dans le futur antérieur


1989 : l’année de tous les retournements. Le mur de Berlin s’effondre préfigurant la fin de l’URSS et la levée du rideau de fer. En 1991, alors les dinosaures communistes tentent un coup de force contre Gorbatchev, un officier fait tirer sur la foule qui manifeste pour la survie de la démocratie. Il se nomme Sergueï Sourovikine et c’est lui qui vient d’être nommé général en chef pour les opérations en Ukraine. Entre-temps, il a agi avec une cruauté sans nom au Tadjikistan, en Tchétchénie et en Syrie. Il est ainsi responsable de la destruction totale de ville d’Alep alors aux mains de l’opposition à Bachar El Assad. Son rôle est de contrer l’offensive ukrainienne pour l’instant victorieuse en martyrisant la population civile et en la condamnant à passer un hiver sans chauffage et sans électricité. Le rideau de fer est retombé entre la Russie poutinienne et un Occident otanisé. Mais il est retombé après bien des affrontements latéraux au Moyen-Orient et en Afrique. Étrange retour en arrière qui rappelle les années 1950-1960.

De la Corée à l’Éthiopie


Le 25 juin 1950, les forces communistes coréennes envahissent la partie sud du pays provoquant une riposte immédiate des forces américaines d’occupation puis de militaires de l’ONU. En contrepartie, l’URSS et la Chine prêtent assistance militaire aux communistes coréens. Le conflit s’achève en 1953 avec la partition de la Corée. Les États-Unis ont alors engagé une aide clandestine aux mouvements de décolonisation qui combattent les tutelles coloniales des pays de la vieille Europe. Ainsi ont-ils soutenu Hô Chi Minh, dirigeant communiste, qui fut un agent de l’OSS (l’ancêtre de la CIA) quand il s’était agi de combattre l’envahisseur japonais. En 1955, après le départ des Français du Vietnam l’année précédente, la guerre civile fait rage au Vietnam entre les communistes solidement implantés au nord et les forces anticommunistes du sud appuyées par l’Australie, la Corée du Sud, la Thaïlande et les Philippines aidées de « conseillers américains ». Ça n’est que dix ans plus tard que le président Kennedy ordonne l’envoi officiel de troupes dans le Sud-est asiatique entamant une guerre qui ne s’achève qu’en 1975 avec la chute de Saïgon et la victoire communiste. Entre-temps s’est déroulée la crise des missiles de Cuba qui a été analysée comme la crise la plus grave survenue entre les deux blocs. En 1979, l’armée soviétique entre en Afghanistan pour apporter un soutien militaire aux communistes locaux. Les États-Unis aident alors les moudjahidines dont la majeure partie deviendra plus tard les talibans. Les missiles sol-air américains causent la défaite soviétique et participent de l’effondrement de l’URSS. Éthiopie, Somalie, Congo, Irak… Dans tous ces cas, le conflit est-ouest a fait rage sans confrontation directe entre les deux impérialismes aujourd'hui de retour sans les idéologies de l'époque.

L’Europe, nouveau champ de guerre


Depuis des temps immémoriaux, l’Europe a connu des guerres sur son territoire. La dernière en date a été le conflit de 1939-1945. Une guerre sert à gagner des territoires, mais aussi à relancer une économie en panne grâce au nécessaire relèvement des pays atteints. Or la construction européenne et l’arme atomique ont empêché un nouveau conflit in situ depuis quatre-vingts ans. Du jamais vu. C’est en quoi la confrontation Russie-Ukraine est un féroce retour dans un futur antérieur. Poutine, en cherchant à reformer un empire tsariste et à détenir les meilleures terres à céréales du monde, a pris la place de Hitler. Les USA jouent leur partie inchangée en cherchant à vassaliser l’Europe. Il ne fait aucun doute que la Russie va perdre la partie. Mais à quel prix ? La folie des individus est un paramètre imprévisible et si Poutine n’est pas détruit par les siens, bien malin celui qui peut prédire l’avenir.

La paix, mais pas n’importe comment


Des voix s’élèvent à l’extrême-droite et à l’extrême gauche pour réclamer la paix presque « quoiqu’il en coûte ». C’était leurs aïeux qui, en 1940, prêchaient la collaboration avec l’occupant nazi. Or Poutine comme Hitler sont habités par une mentalité de voyous. Quand ils gagnent du terrain, ils veulent aussitôt aller plus loin. Arrêter Poutine aujourd’hui revient donc à assurer la paix future. Pactiser avec lui au nom d’un humanisme de façade, c’est assurément se préparer des lendemains d’horreur et d'inhumanité. Certes l'Ukraine devra, après la victoire, revoir bien des aspects de sa politique et même de sa mémoire. Est-il décent que l'avenue qui mène de Kiev à Babyar, le lieu où furent massacrés 33 000 juifs par les nazis et leurs supplétifs ukrainiens porte le nom du dirigeant de ces derniers, Bandera ? Est-il acceptable que ce pays se soit adonné durant une décennie à une corruption héritée de son passé soviétique ? Mais pour l'heure ce qui est en jeu est tout simplement le refus de l'invasion d'un pays libre par son voisin. En 1938 quand Hitler a envahi les Sudètes l'Europe n'a rien dit. Quand l'année suivante, il est entré en Pologne, l'Europe s'est tue. La Seconde Guerre mondiale venait de débuter. Nous sommes prévenus.

GXC
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