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Hamas et Fatah : vers une réconciliation durable ?

Par son refus de renoncer à l'annexion de territoires en Cisjordanie, Israël donne du grain à moudre à tous les acteurs qui .........
Hamas et Fatah : vers une réconciliation durable ?

Par son refus de renoncer à l’annexion de territoires en Cisjordanie, Israël donne du grain à moudre à tous les acteurs qui, en Palestine et ailleurs, exhortent les dirigeants du Hamas et du Fatah à faire front commun.



Le 13 octobre dernier, à Alger, un accord visant à organiser d’ici un an des élections pour désigner le Président de l’Autorité nationale palestinienne et les 132 députés du Conseil législatif palestinien a été signé par quatorze organisations palestiniennes dont le Hamas et le Fatah. L’accord dénommé Déclaration d’Alger a été conclu après des mois de discussion entre les parties palestiniennes et de médiation algérienne. La cérémonie de signature s'est déroulée dans les murs du Palais des Nations où, le 15 novembre 1988, au nom de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), Yasser Arafat avait proclamé la création de l’État palestinien.
Le Président de la République algérienne Abdelmadjid Tebboune et son pays sont les premiers bénéficiaires de l’événement. Abdelmadjid Tebboune peut désormais se prévaloir d’un succès diplomatique d’une grande valeur affective et symbolique car la cause palestinienne reste très populaire au sein des masses arabes et musulmanes. Quant à l’Algérie, avant le sommet de la Ligue arabe qui aura lieu sur son sol les 1er et 2 novembre prochains, elle a pu un peu plus asseoir sa position de puissance régionale. Mais il convient cependant de se montrer circonspect quant à l’application effective de l’accord car, depuis plus de quinze ans, plusieurs organisations signataires, et plus particulièrement le Hamas et le Fatah, sont à couteaux tirés.
En effet, depuis 2007, et ce, après que l’année précédente le Fatah ait, avec l’appui des USA, refusé de reconnaître la victoire du Hamas aux élections législatives et que des affrontements sanglants aient eu lieu entre les forces armées des deux camps, l'Autorité palestinienne dominée par le Fatah administre une partie de la Cisjordanie (2,8 millions d’habitants) alors que le Hamas contrôle la bande de Gaza (2,3 millions d’habitants).

Peut-être un avenir pour la Déclaration d’Alger


La circonspection s’impose d’autant plus que, même dans le contexte de la signature de la Déclaration d’Alger, des tensions ont été palpables : le paragraphe relatif à la formation d'un gouvernement d'unité nationale a été retiré en dernière minute du texte final car, alors que le Fatah acceptait de voit mentionné que ce gouvernement se conformerait « à la légitimité internationale », le Hamas s’y est opposé du fait de son inscription, par les USA et l’Union Européenne, sur la liste des « organisations terroristes » ; l'absence du président Abbas lors de la signature n’est pas passée inaperçue.
D’autres éléments encore incitent à la circonspection : le Fatah et le Hamas ont déjà conclu des accords de réconciliation, d’organisation d’élections et de gouvernement d’union mais ceux-ci sont restés lettre morte ; l’Iran qui arme et finance l’Axe de la Résistance à Israël dont le Hamas est une des composantes, voit sans doute d’un mauvais œil un accord qui pourrait à terme nuire à son influence et qui redonne du souffle à l’Autorité nationale palestinienne qui compose avec Israël ; les pouvoirs parallèles, les intérêts économiques particuliers et les gangs qui prospèrent à Gaza et en Cisjordanie peuvent se sentir menacés par une réunification et un renforcement des instances de l’Autorité palestinienne ; Israël pourrait juger une réconciliation durable entre le Fatah et le Hamas, dangereuse pour sa sécurité et préjudiciable à sa politique d’annexion de territoires occupés.
Il est cependant un élément faisant penser que la Déclaration d’Alger a un avenir. En effet, depuis quelques mois, pressée par le Fatah d’aller en ce sens, le Président de l’Autorité nationale palestinienne affirme désormais qu’Israël, par son refus de renoncer à l’annexion de territoires en Cisjordanie, ne peut plus être considéré comme un partenaire. Ce qu’il a d’ailleurs répété et souligné, il y a quelques jours, lors de l'Assemblée générale des Nations Unies : « Par ses politiques préméditées et délibérées, Israël détruit la solution à deux États.
Cela prouve incontestablement qu'Israël ne croit pas au principe de la paix. Par conséquent, nous n'avons plus de partenaire israélien avec qui dialoguer. »
Incontestablement, ce constat de Mahmoud Abbas réputé être un modéré disposé à rechercher des compromis avec Israël, est de nature à renforcer l’argumentation et l’action des acteurs qui, en Palestine et ailleurs, exhortent les dirigeants du Hamas et du Fatah à faire front commun.



Alexandra Sereni












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