• Le doyen de la presse Européenne

Union Eurupéenne et Algérie : le gaz avant tout !

La production gazière de l'Algérie..... Le respect des doits de l' homme attendra
Union Européenne et Algérie : le gaz avant tout !

L’Union Européenne a pour priorité de sécuriser l'approvisionnement énergétique des Etats membres et la production gazière de l’Algérie représente une des clés de cette sécurisation. Le respect des droits de l’homme attendra.



En Algérie, le Hirak (soulèvement populaire) a débuté en février 2019. Quelques semaines plus tard, la pression de millions de manifestants et de l’Armée ont conduit à la démission du président de la République Abdelaziz Bouteflika et à l’arrestation de plusieurs ministres et dignitaires accusés de corruption. Les manifestations n’ont cependant pas cessé. Les participants exigeaient notamment une véritable évolution démocratique.
Les militaires - les véritables détenteurs du pouvoir en Algérie - se sont opposés à la convocation d’une assemblée constituante et à des élections législatives anticipées. Durant l'été 2019, la mobilisation a marqué le pas. D’importantes manifestations ont cependant éclaté avant l’élection présidentielle anticipée qui a eu lieu en décembre 2019.
Cette résurgence du Hirak qui dénonçait notamment une accointance des cinq candidats avec l’ancien « système Bouteflika » ou avec les militaires, a été sévèrement réprimée (arrestations de manifestants, d’opposants et de journalistes, blocage des accès à Alger pour empêcher les habitants du reste du pays de venir manifester, censure de médias...) Toutefois, après l’élection du président de la République Abdelmadjid Tebboune, avec la libération de prisonniers politiques et la promesse d’une réforme constitutionnelle, le nombre de manifestants a fortement baissé. Puis la pandémie Covid-19 a conduit à la suspension des manifestations. Le pouvoir a exploité la situation. Il a fait arrêter et condamner à de lourdes peines les opposants considérés comme les plus radicaux. A ce jour, des centaines de personnes sont encore détenues pour avoir participé au Hirak ou apporté leur soutien.


Realpolitik et droits de l’homme vont rarement de pair


Au début de cette année, Amnesty International et la Ligue Algérienne des Droits De l'Homme ont adressé aux autorités algériennes, une lettre leur demandant de « libérer immédiatement et sans condition au moins 266 militants ». Amnesty International a expliqué : « Il est honteux que les autorités algériennes continuent d'utiliser des lois répressives pour poursuivre des personnes uniquement pour l'exercice pacifique de leur droit à la liberté d'expression et de réunion. »
La Ligue Algérienne des Droits de l'Homme a de son côté souligné que des « mesures administratives punitives contre ceux qui s'opposent, contestent ou simplement s'engagent pacifiquement » sont des actes qui « éloignent le pays de la construction de l'Etat de droit ».
Le pouvoir algérien a fait la sourde oreille. Ces derniers jours, treize députés européens ont emboîté le pas aux défenseurs des droits de l’homme. Invoquant l'accord qui régit les relations entre l'Union Européenne et l'Algérie dans lequel il est stipulé : « Le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l'homme, tels qu'énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme, inspire les politiques internes et internationales des parties », ils ont demandé par écrit au Haut représentant de l'Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de prendre « les mesures diplomatiques nécessaires pour tenir l'Algérie responsable » des violations des droits de l'homme.
Si l’on considère que l’Union Européenne, du fait de la forte diminution des livraisons de gaz russe, a pour priorité de sécuriser l'approvisionnement énergétique des Etats membres, que la production gazière de l’Algérie représente une des clés de cette sécurisation et que le pouvoir algérien n’apprécie guère l’ingérence, il est très improbable que la démarche des treize députés soit couronnée de succès.
Au mieux, le distingué Haut représentant de l'Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité s’alignera sur le Président Emmanuel Macron qui, en août dernier, lors de sa visite officielle en Algérien, a selon ses dires abordé « avec beaucoup de liberté » la question des droits de l’Homme à l’occasion de ses échanges avec son homologue algérien. Realpolitik et droits de l’homme vont rarement de pair.



Alexandra Sereni
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