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Nationalisme : les humbles se rebiffent !

Aprés avoir été ignorés beaucoup d ' anciens prisonniers osent sortir du silence.....

Nationalisme : les humbles se rebiffent !



Après avoir été ignorés voire relégués par des « interlocuteurs valables » portant beau, beaucoup d’anciens prisonniers osent sortir du silence pour réaffirmer « l'esprit et le souffle d'années de luttes ».


Le 12 novembre dernier, à Sorbu-Ocagnanu, des dizaines d’anciens prisonniers politiques auxquels s’étaient joints des militants nationalistes et le fils aîné d’Yvan Colonna, ont répondu à l’appel de Patriotti (collectif d'anciens prisonniers politiques corses). Tous ont ainsi rendu hommage à Ghjuvan-Battista Acquaviva devant le bâtiment (anciennement cave Roussel) où, il y a 35 ans (15 novembre 1987), ce militant du FLNC avait trouvé la mort lors d’une opération commando. Les intervenants ont déclaré ne pas se satisfaire de la version officielle concernant les circonstances de ce tragique événement. « Ni la justice, ni l’État français n’ont jamais souhaité résoudre cette affaire, s’appuyant sur la version romanesque dite « officielle », celle de M. Roussel, étayée par la gendarmerie. Une version qui met en exergue le méchant terroriste abattu par la gentille victime » a souligné Ghjuvan-Filippu Antolini, le porte-parole du collectif.
Des intervenants ont par ailleurs mis en exergue l’existence de liens étroits entre le combat et la mort de Ghjuvan-Battista Acquaviva et le combat et la mort d’Yvan Colonna, ainsi qu’entre les traitements judiciaires des dossiers inhérents. « Ils étaient tous deux amoureux de notre terre et prêts à la défendre. Ils ont été assassinés et la Corse attend et réclame toujours la justice. Nous voulions aujourd’hui et par notre présence à proximité des lieux de l’assassinat de Ghjuvan Battista Acquaviva, rappeler notre soutien indéfectible à ce militant et à sa famille. Nous exigeons qu’Yvan Colonna et les siens ne subissent pas le même sort juridique. »
Manifestement, pour Patriotti, la proposition de l’Etat de verser environ 200 000 € d’indemnisation aux membres de la famille d’Yvan Colonna pour « réparer le préjudice » et surtout pour que soit mis un terme aux poursuites engagées contre l’administration, ne représente pas la bonne réponse aux questions et aux zones d’ombre relatives à la tragédie d’Arles.


La justice ne fonctionne que pour les valets du système


Également le 12 novembre dernier, à Portivechju, devant la mairie, étaient présents plusieurs dizaines de membres des collectifs Aiutu Paisanu et Aiutu Patriotticu (associations de soutien aux prisonniers politiques), auxquels s’étaient joints des militants nationalistes, notamment Jean-Christophe Angelini, maire de la commune et leader du Partitu di a Nazione Corsa, et Paul-Félix Benedetti, leader de Core in Fronte. Les intervenants ont mis en cause le traitement judiciaire, durant les trente dernières années, des dossiers concernant les assassinats (dont ceux de Ghjuvan'Battista Acquaviva et d'Yvan Colonna) ou tentatives d'assassinat de militants nationalistes. Ils ont illustré leurs propos dénonciateurs en évoquant l’enquête ayant suivi la tentative d’assassinat ayant visé à Portivechju, le 14 novembre 2014, Olivier Sauli, en soulignant que, huit ans après les faits, le ou les agresseurs de l’intéressé n'avaient pas été identifiés, et en dénonçant des investigations menées de façon pour le moins curieuse. Ce qui les a conduits - après avoir évoqué les moyens importants ayant été déployés pour identifier « les auteurs de la mort d'un haut fonctionnaire » et ceux dérisoires mis en œuvre « lorsqu'un militant nationaliste est victime d'une tentative d'assassinat ou d'un assassinat » - à faire le constat que « La justice française ne fonctionne en Corse que pour les tenants et autres valets du système. »
Les intervenant ont par ailleurs aussi souligné que le déroulement spécifique des enquêtes judiciaires visant des militants nationalistes révélait que « la Corse a ainsi été, et reste, un incroyable laboratoire expérimental de mesures d'exception »


Un autre discours


Les trois collectifs ont été dans leur rôle premier : le soutien aux prisonniers et anciens prisonniers politiques avec notamment l’exigence que la libération de tous les prisonniers soit une priorité voire LA priorité dans le déroulement du processus Darmanin ; la dénonciation de toutes les formes de répression, y compris insidieuses, à l’encontre des militants nationalistes. Mais ils ont aussi tenu un autre discours. Plus large.
Tous trois ont avancé des exigences concernant le contenu et la finalité du processus Darmanin. Patriotti a affirmé qu’il veillerait à ce que l’éventuelle évolution institutionnelle ne soit pas une réformette : « Notre collectif ne se contentera pas d’un pseudo statut ressemblant vaguement à une autonomie et n’acceptera pas une énième décentralisation administrative et réglementaire. Patriotti ne laissera pas brader l'esprit et le souffle d'années de luttes sur un coin de table, fusse-t-elle ministérielle. Les anciens prisonniers politiques que nous sommes, réunis en collectif représentatif de la diversité du mouvement nationale, entendent être associés à toutes les discussions sur l’avenir de la Corse. » Aiutu Paisanu et Aiutu Patriotticu ont eux aussi affirmé qu’ils ne se contenteraient pas de petits aménagements : « Nous ne cesserons pas d'agir tant que la Corse n'aura pas retrouvé ses prérogatives de souveraineté ».
Ces deux collectifs ont par ailleurs fait connaître leur volonté que « les combattants de la résistance et de la liberté » soient officiellement reconnus et honorés par l’instauration d'une journée commémorative : « Nous demandons que le 15 novembre soit inscrit à tout jamais dans notre calendrier national comme la journée des combattants de la résistance et de la liberté ». Au fil du temps, des événements et des déclarations, avec le soutien de militants anciens ou nouveaux, et ce, après avoir été ignorés voire relégués par quelques « interlocuteurs valables » portant beau, beaucoup d’anciens prisonniers osent sortir du silence pour réaffirmer « l'esprit et le souffle d'années de luttes ». Les humbles se rebiffent ! Les différents leaders et élus nationalistes, et plus particulièrement ceux qui font la pluie et le beau temps à l’Assemblée de Corse, seraient bien avisés d’en tenir compte.


Pierre Corsi
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